jeudi 3 novembre 2011
En parlant de Wul Yengé
Wul Yengé – je préfère cette transcription – est un petit bourg perdu au bord de Lemciila, entre le plateau de l’Assaba et les escarpements du Guidimakha. A mi-chemin entre les capitales des deux régions (Kiffa et Sélibaby), Wul Yengé ressemble à n’importe quel chef-lieu de département de son âge (et de ses conditions). C’est en discutant avec mon confrère du Rénovateur, Cheikh Tijane Dia, que j’ai appris ce que je vais vous raconter.
Thierno Dia, c’est comme ça qu’on appelait, le père de Cheikh Tijane, fut le premier fonctionnaire affecté dans le hameau qu’on appelait alors «Lekçar» (Ksar) et qui avait été fondé par une branche des Kane. Quand le hameau devint subdivision, c’est le même Thierno Dia qui va l’administrer. C’est comme ça que certains de ses enfants sont nés là-bas (dont d’ailleurs Cheikh Tijane).
Vinrent s’installer des boutiquiers, pour la plupart venant de Tijigja (Tagant). Il y avait aussi un Cadi de la région qui appartenait à la prestigieuse famille Hamma Khattar. Ce Cadi incarnait bien son rôle d’autorité judiciaire et de modérateur social. Arrive aussi un enseignant du nom de Mohamedou Wul Yengé qui finit par épouser l’une des filles du chef de village. Il s’installe et devient un notable de «Lekçar».
Vers la fin des années soixante, les autorités décident d’en faire un département. Pour rendre hommage à son beau-fils et sceller définitivement l’alliance entre les deux communautés (en termes de tribus), le chef du village demande aux autorités d’appeler le nouveau département «Wul Yengé». Ce fut fait.
Les années de sécheresse vont pousser les populations nomades à se sédentariser. Wul Yengé devient un village, un gros village. Très enclavé, les habitants y vivent en autarcie, ou presque. L’éloignement des grands centres urbains où se trouvent hôpitaux et services publics plus ou moins développés, fait de Wul Yengé un ksar qui refuse de mûrir. Pour le visiteur, ce qui frappe, c’est surtout l’intégration entre les cultures, la symbiose des populations et le respect que voue chacun pour l’autre.
C’est ce que mon ami Dia Cheikh Tijane me répétait l’autre jour. C’est ce que j’ai vu quand je suis venu là-bas il y a trois ans. Un village dont la notoriété est disproportionnelle à sa taille. Comme la plupart des villages mauritaniens.
Mohamed Fall Oumeir
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