mercredi 4 juin 2014

Nouadhibou : urgent : Occupation des locaux de l’ALPD

Nouadhibou : urgent : Occupation des locaux de l’ALPD Une soixante de refugiés en Mauritanie résidant à Nouadhibou occupent depuis le Dimanche 01 Mai 2014 le bureau régional de l’ONG ALPD. Cette dernière représente dans la capitale économique l’organisme onusien chargé des refugiés le HCR.

Faute de permis de travail, certains d’entre eux se sont retrouvés du jour au lendemain dans la rue pour loyer impayé. Ils ont élu domicile dans le hall du siège de l’association avec leur maigre bagage.

Une commission composée de deux employés du HCR et de leur avocat avait effectué le déplacement pour rencontrer les occupants du siège de l’ALPD. 2 jours de négociations, au final le résultat reste vain.

Les refugiés campent sur leur position à savoir vouloir rencontrer le représentant du HCR en Mauritanie. Les négociateurs sous la houlette de Betina laissent entendre que leur boss ne pourrait effectuer le déplacement, sa sécurité ne serait pas garantie.
Abou Oumar Ba

Petit tour à Néma en cette période de canicule: Cinquante degrés à l’ombre

Petit tour à Néma en cette période de canicule: Cinquante degrés à l’ombre

  En cette fin de mai 2014, la vieille ville de Néma est intouchable. Une chaleur maximale s’abat, implacable, sur tous ses environs. Mais, c’est tout à fait normal : ne dit-on pas que ce qui vient en son temps n’est pas condamnable ?

Les quelques dizaines de millimètres de pluie ont, en plus d’avoir rafraîchi, quelques heures, l’atmosphère, ont aussi fait pousser quelques herbes que les chèvres et moutons d’Oum Lahbal, Oum Lawam et autre Aoueïnat Zbil s’arrachent à « corne-joie ».

Les clients des auberges et simulacres d’hôtel, comme N’Gadi, racontent que la climatisation n’a pas pu résister à la forte vague de chaleur dont souffrent les quatre coins du Hodh Chargui. Déjà, un climat de campagne électorale commence à s’installer.

Pour preuve, la frénésie qui s’est emparée des sièges des partis, comme l’UPR ou El Wiam, dont les directions nationales ont décidé de participer à la présidentielle de juin prochain.

Comme un marché de Bamako, le grand souk de Néma s’étale, avec ses sons et ses couleurs. Un véritable melting-pot de boutiques achalandées de marchandises de toutes provenances. Des tissus d’Arabie aux ingrédients de Tombouctou ou de Mopti. Comme à Nouakchott, les vendeurs de carte de recharge, les « envoyez-crédit » déploient forte gorge, pour s’attirer le maximum d’une aléatoire clientèle venue de toute la wilaya.

Bassiknou: citadelle de l’esclavage

Située à plus de deux cents kilomètres de Néma, la moughataa de Bassiknou n’est qu’à quelque soixante kilomètres de la frontière avec le Mali (soixante-sept, exactement). C’est à ce titre que son célèbre camp d’Agour accueillit, au début des années 90, des milliers de touaregs fuyant les hostilités entre les séparatistes du Nord et l’armée malienne.

Cette fois encore, le camp de M’Berra, à sept kilomètres de la ville, refait l’histoire, en accueillant plusieurs autres milliers d’Arabes du Mali, suite aux revendications sécessionnistes des groupes armés du Nord. Selon les rapports de SOS Esclaves, la ville de Bassiknou est parmi les plus affectées des localités nationales par le phénomène de l’esclavage.

Plus de quatre cents victimes de ces pratiques y vivent, depuis quelques années, après avoir fui leurs anciens maîtres qui transhument entre Azamad, Mzeïrig et autres Mbeïket Lahwach et qui échappent ainsi, selon les responsables judiciaires du Hodh Chargui, aux poursuites de la justice.

C’est pourquoi les dizaines de plaintes, déposées au Parquet de Néma, restent lettres mortes et que les rares esclavagistes qui se présentent,devant les juridictions, sont complaisamment relaxés, via liberté provisoire et mise sous contrôle judiciaire, synonymes, selon Maaloum Ould Mahmoud, représentant local de SOS Esclaves, les auteurs de pratiques esclavagistes bénéficient de liberté tout court.

Et ce n’est pas la dernière affaire de l’esclave M’Beïrika, quinze ans et déjà fille-mère, qui défraie la chronique, depuis quelques jours, à Néma, qui va démentir cette triste réalité de la compromission de certaines autorités judiciaires avec l’esclavage.

Dans cette affaire, Toutou Mint Nani a reconnu, devant les magistrats, qu’elle employait, depuis sa tendre enfance, M’Beïrka, sans contrepartie, ce qui est considéré, en vertu des dispositions de l’article 6 de la loi 0048/2007, comme une pratique esclavagiste. Pourtant, Toutou Mint Nani a été, tout simplement, remise sous contrôle judiciaire.

Et la victime, malade, remise, difficilement, à son frère El Kheïr que SOS Esclaves a aidé, après une fuite de trois jours du campement de ses maîtres où il a laissé sa mère et son petit frère souffrir des monstruosités de l’esclavage.

Les 3x70 : un calvaire

Kiffa/ Fam Lekhdheïratt : 70 kilomètres. Fam Lekhdheïratt/Tintane : 70 kilomètres. et Tintane/Aïoun : 70 kilomètres. Voici les trois tronçons de soixante-dix kilomètres chacun qui faisaient la terreur des usagers de l’axe Kiffa/Néma. Rien à faire. Un véritable « Siratt ».

Impossible à contourner, sauf en avion, comme fait le président des pauvres, quand il décide d’aller à Néma. Pourtant, depuis au moins six ans, des engins et des bennes de l’ATTM, une filiale de la puissante société minière, sont censés construire cette route. C’est à croire qu’elle ne peut accomplir que cinq à dix kilomètres par an.

Si les deux soixante-dix (Kiffa/Fam Lekhdheïratt et Tintane/Aïoun) sont à peu près praticables, le troisième, entre Tintane et Fam Lekhdheïratt, reste un véritable bourbier où il faut au moins deux à trois heures, pour le parcourir, dans un terrible cahin-caha de vrombissements et de poussière.

Degnou, senguetti, chroutt et lahm d’el-wahch

Boissons (senguetti et degnou), condiments (chroutt) et viande séchée (lahm el-wahch), des choses que tout visiteur de Néma ne doit pas rater. Des boissons et des condiments dont le goût, la saveur et, surtout, les effets témoignent du profond brassage culturel, entre les habitants de ce vaste Est et les populations du Mali voisin dont ils ont dépendu jusqu’aux années 1945.

Manger du riz blanc, sans une ou plusieurs poignées de chroutt est, tout simplement, impensable. Couper sa soif, sans ingurgiter fortes calebasses ou pleines coupes d’un degnou ou senguetti rafraîchissants est quasiment une hérésie, à Néma. Et passer, sans savourer quelques grosses coupures d’une prétendue tendre viande de très rares biches ou gazelles que quelques aventuriers « derass » (chasseurs, en hassaniya), traquent, parfois, jusqu’aux confins les plus reclus des frontières entre la Mauritanie et l’Algérie.

C’est certainement pour ce dur labeur que le kilogramme de cette viande coûte les yeux de la tête, à 13 000 UM le kilo, sur le comptoir de ses rares vendeurs tapis dans un des coins les plus enfouis du vieux marché de la ville. Paradoxalement, les plus grands braconniers sont les autorités administratives et sécuritaires.

Les services chargés de la protection environnementale doivent, alors, faire contre mauvaise fortune bon cœur et se rabattre, pour calmer leur ardeur et justifier, un tant soit peu, leur maigre salaire, sur les pauvres bûcherons qui prennent le risque de convoyer quelques dizaines de sacs de charbon, rudement « cueillis » des rares arbres d’un austère Kouch ou des environs lointains de Nara, vers le Mali

Sneiba El Kory

Envoyé spécial