
Créée en 2007, la
Madrassa de Boully (Guidimakha en Mauritanie), Mahadra à l’origine, est née d’une ingénieuse idée de
N’Diaye Diadié Bidia. La Madrassa, en arabe, signifie
«école» et n'implique pas une affiliation politique ou religieuse.
Soutenu dans son engagement pour l’éducation et l’accompagnement des
enfants et même des adultes, il fut joint dans ses efforts par un groupe
de volontaire. C’est dans cette dynamique qu’est née l’association de
soutien à l’enseignement originel notamment à la Madrassa, en 2012.
La création de cette association
« Jamiiyetel Kheire »
a donné un nouveau souffle à cet enseignement, le travail devient plus
consistant et régulier, même si l’établissement ne jouit pas pour
l’heure d’une reconnaissance officielle au niveau de l’Etat.
La
Madrassa de Boully, dispose aujourd’hui d'un
effectif de 256 enfants et constitue un véritable refuge pour les
enfants non scolarisés ou victimes de la déperdition des écoles
publiques.
La création de cet établissement répond à une demande récurrente des populations de la localité de
Boully
relative à la mise en place d’une entité organisée adaptée au contexte
et aux réalités du moment. Son but, est essentiellement, la
conservation, la préservation des valeurs éthiques et morales de la
religion musulmane, également la promotion de l’éducation religieuse.
Le français est également enseigné.
Bien que les premières Madrassas aient été fondées principalement pour
"la connaissance de Dieu»,
ils apprennent aussi d'autres sujets, y compris les mathématiques et la
poésie.
Ceci est similaire aux institutions de l'Eglise catholique en Occident.
Aujourd’hui, la situation de faillite de l’enseignement classique
(l’école publique fondamentale) ouvre les portes d’une déshérence des
enfants devenue de plus en plus préoccupantes.
La Madrassa, est
alors, devenue incontournable dans notre société pour transmettre une
éducation de base aux enfants.
Cette école fait face aujourd’hui à des difficultés financières d’une
ampleur exceptionnelle pour sa gestion au quotidien. En effet, elle ne
subsiste que grâce aux cotisations mensuelles des membres de
l’Association en raison de 200 UM et du soutien des quelques bonnes
volontés.
Pour pallier au manque de financement de
l’établissement, pour chaque enfant inscrit, une participation
financière à hauteur de 500 UM est exigée aux familles. Cette
contribution est devenue impérative pour la survie de la Madrassa,
considérée comme une réelle nécessité pour les enfants de
Boully.
A sa création, des enseignants
« volontaires » donnaient
bénévolement des cours sans aucune rémunération. Mais aujourd’hui, à
défaut des salaires fixes, la prise en charge de la
« motivation » s’impose avant qu’une solution ne soit trouvée.
Les fonds dont dispose la Madrassa ne permettent pas de faire face à ses
frais de fonctionnement. Comme autre fois, la prise en charge technique
des cours est assurée de façon hebdomadaire et à temps complet par les
volontaires. Ces derniers ne disposent pas de salaire mensuel
contractuel mais d’une rémunération appelée
« indemnité de motivation » comprise entre 20.000 UM et 24.000 UM.
L’Etat et l’effectif de la Madrassa
Il s’agit d’une école de 6 classes au lieu de sept prévues initialement,
construites en banco délabrées. Elle est composée d’un effectif de six
enseignants dont deux maliens. Depuis la rentrée scolaire, trois classes
ont été réfectionnées mais l’état d’une manière générale de l’Ecole est
dégradant.
La Madrassa compte aujourd’hui 256 enfants. Pour certains il s’agit
d’un choix ou une option, et pour d’autres, c’est par manque
d’infrastructures d’accueil à l’école publique car
Boully
dispose d’une seule école et manque cruellement des moyens pour
accueillir tous les enfants en âge d’être scolarisés.
La Madrassa compte 124 garçons, 132 Filles. Contrairement à l’école
publique, le nombre de filles est relativement plus élevé à la Madrassa.
Répartition par classes:
•
1èreannée : 72 élèves dont 36 garçons, 36 filles
•
2èmeannée : 69 élèves dont 46 filles, 13 garçons
•
3èmeannée : 59 élèves dont 29 garçons, 30 filles
•
4èmeannée : 25 enfants dont 11 filles, 13 garçons
•
5èmeannée : 19 enfants dont 7 filles, 12 garçons
•
6èmeannée : 12 enfants dont 2 filles, 10 garçons
Quelques besoins essentiels
Dans le cadre du renforcement des capacités d’accueil de l’école et la
prise en charge des besoins élémentaires indispensables, quelques
actions sont nécessaires à entreprendre immédiatement :
• La construction de plusieurs autres salles de classes et la réfection de l’école d’une manière générale,
• La reconnaissance officielle de l’école par l’Etat,
• L’amélioration de la qualité de l’enseignement par la mise en place
d’un système de formation pour le renforcement des capacités
pédagogiques des enseignants,
• La mise en œuvre et l’enseignement de programmes adaptés au contexte national et international,
• La disponibilisation des outils et documents pédagogiques,
• La construction d’une bibliothèque,
• L’accès à l’eau (mise en place d’un robinet)
• L’installation d’un système d’électrification de l’établissement,
• La mise en place d’une rémunération contractuelle des enseignants et
la sécurisation de la prise en charge financière des frais de
fonctionnement de l’établissement.
Le cadre d’intervention
Le 04 janvier 2014, une réunion des soutiens de l’école, a eu lieu dans la ville d’
Aubervilliers en
France.
Les difficultés de financements de la Madrassa ont été les points de
focalisation de cette rencontre. Un bureau a été créé composé d’un
Président, d’un Secrétaire Général et d’un Trésorier pour coordonner les
actions entreprises par des membres bénévoles engagés dans le
financement par une contribution individuelle à hauteur de 20 € par
mois.
Parallèlement aux actions de financement et d’organisation entreprises en
France, un dossier a été constitué en
Mauritanie pour
obtenir la reconnaissance officielle de la Madrassa par l’Etat. Cette
reconnaissance aura pour conséquence, la prise en charge définitive du
budget de fonctionnement par le Ministère des Affaires Islamiques, de
l’Enseignement Originel et de l’alphabétisation en charge de l'exécution
de la politique nationale en matière des affaires islamiques, de
l’enseignement originel et de l’alphabétisation.
Les acteurs en charge de ce dossier lancent un véritable cri d’alarme pour sauver la Madrassa de
Boully avec des actions d’appui et d’assistance pour sa survie.
Auteurs:
F.Samba Doulo &
D. Waly Boubou