samedi 7 février 2015

URGENT: un accord entre la SNIM et les travailleurs met fin au régne de Ould Oudaa

URGENT: un accord entre la SNIM et les travailleurs met fin au régne de  Ould Oudaa   L’agence taqadoum.mr a appris de sources proches des négociations entre les travailleurs miniers et la Commission de médiation entre la société et ses employés grévistes, qu’un accord mettant fin à la crise sociale au niveau de la cité minière Zouerate, sera annoncée dans les prochaines heures.

Les sources précitées indiquent que l’accord conclu avec la commission de médiation satisfait la plupart des revendications des travailleurs et met terme à la grève observée par les employés depuis deux semaines, affectant considérablement la production de la société.

L'accord met trait selon les mêmes sources, au règne absolu de Ould Oudaa sur la société, qui est une doléance principale de la majorité des délégués des employés de la SNIM, selon lesquels, il représente un obstacle dans la voie de la recherche d’une issue, l’accusant d’avoir trahi la plupart des engagements et accords signés avec les fédérations des syndicats.
Taqadoum

Kaédi, ma ville: pourquoi les gens ont changé.

Kaédi, ma ville: pourquoi les gens ont changé*.

Nous sommes arrivés a Kaédi en ce mois d'octobre 1965, j'étais entré dés notre arrivée à l'école dont le Directeur Mr Kane Amadou Moctar, instituteur de son Etat, était un ami de mon père et était de la même promotion à l'entrée en 6ème au cours normal de Boutilimit.

J'ai eu à avoir des amis de la première heure: Ely O El Haj, Aboubecrine o Khourou, Babya et son jeune frère Zeini. Mais il y avait aussi Abdallahi O Mone, celui qui devait nous apprendre tout ce qui pouvait être répréhensible pour des mômes de notre âge.

Très vite le cercle des amis va s'agrandir tous azimuts: Ba Alhousseinou, le neveu du directeur, les enfants de Mr Mbaye Abdoul Karim l'autre directeur de l'école des filles, Diagana Tidjane Django….

Il devait y avoir deux ou trois années plus tard Nagi O kehel, sa sœur Yaye puis qui devaient entrer dans le cercle immédiat de la famille. Quelque part, dans ce qui allait, au départ, être pour nous difficilement accessible, il y avait Gataga et les éternels nuits blanches de Tiali Diaka.

Les rumeurs, il y en avait. Quelques fois, on nous faisait croire à un certain cheval blanc… certes imaginaire..Il aurait 3 pattes et une très très très longue crinière et d’aucun lui auraient imaginé une corne sur le front.

Un peu plus loin, au delà de la zone inondable, il y avait, ce qui nous paraissait nous, petits maures, fils de fonctionnaires, craintifs de je ne sais quoi, Touldé. Il fallait passer par Gataga, Synthiane Samba Thillo, contourner les flaques d’eau quelques fois crasseuses...

Des bords de cette rive droite du fleuve, de grands arbres, que mon père garde forestier à ses débuts, me convainc d'appeler fromagers. Je resterai hésitant sur le nom jusqu'a ce que je découvre, plus tard, dans une dictée de Mr Sanghott Ousmane Racine, qu'il s'agit d'un arbre et que ces homonymes n'avaient rien de commun.

Tout semblait absolument paisible. Les boutiques des Chaitou, le cinéma Bataclan des Bousfia, le marché de Kaédi, la commune de feu Youssouf Koita. Les Koita fils et filles allaient être pour moi des amis, des frères et des soeurs: Tidjane, Jeyllani, Binta... Je ne m'attarderai pas sur les uns plus que les autres, puisque ils ont été plus que des frères.

Ils sont nombreux, ceux qui dés les premiers jours de notre séjour allaient compter parmi les plus chers. Leurs images défilent toutes dans ma tête sans priorité, sans que je puisse accorder plus d'intérêts aux uns plus qu'aux autres.

Il y a eu Sow Samba dit Abdoulaye, Djiby et la famille Doro Sow. Il y aura les Youssouf Diagana fils: mon ami Salatou et mes grands frères Moussa et Djime ainsi que les plus jeunes dont Toka.

La ville était en état d'alerte quand les sons des sirènes du Bou El Mogdad retentissaient. C'était la joie. Il fallait passer à coté du jardin administratif. Ce grand jardin, situé le long du fleuve et non loin du débarcadère.

Le bateau était, à mes yeux, un très grand bâtiment. Tout ce qu'il y avait de grandiose. De superbe. De fascinant. Le brouhaha. Les allées et venues des femmes, des hommes, des sacs de riz et de légumes; quelque homme en tenue blanche et des galons jaunes dorés sur les épaules portait une pile de documents, des journaux.

Les arrivées du "Bouel" étaient des moments d'euphorie. Il n y avait guère de contrôles aux frontières; il y avait pourtant deux Etats, des polices, deux frontières et pourtant des populations imbriquées et peu soucieuses des tractations de quelques intellectuels véreux à Nouakchott et Dakar.

A Kaédi, il n y avait de place que pour la joie et les rares moments d'inquiétude étaient que tous les soirs on devait, immanquablement voir les maisons blanches recouvertes, d'une épaisse couche noire. Noire de moustiques. Eh! Oui!

Que de moustiques! Nous devions manger tôt et nous coucher tôt. Et pourtant, insouciants et rebelles, nous osions quitter nos moustiquaires, ces petites prisons pour aller je ne sais où. Il fallait rester à coté du "canon" , cette espèce de vestige de monument colonial, toujours en place, au dessus de notre maison, sur le site de la maison "coloniale" du Commandant de Cercle.

En tout cas, les gamins que nous étions, étaient peu soucieux des moustiques et de leurs conséquences. Nous devions, tous dans la famille, être des paludéens. Même mon frère aîné qui disait ne pas en sentir les piqures, allait en subir les graves conséquences. Un neuro-paludisme devait, plus tard, être à l'origine d'un prématuré départ.

Nos soirées étaient chargées, blanches; nous n'observions pas que nous avions des différences de couleurs de peau, de langues ou quoi que cela soit d’autre. Je ne sais même pas si nous n’avions pas une langue à nous spécifique dans laquelle on se retrouvait bien.

Loin, quelque part au sud-est du Canon, dans le silence de la nuit, on entendait les eternels tam-tams de Thialy Diaka. Ces bruits cadencés et bien agencés faisaient danser.

Pourtant tout à côté des amis pouvaient dormir, semblent-ils : les amis tels que Sow Amadou Moctar l'espiègle, Abdoulaye Wagué le petit bout d'homme qui voulait être le grand frère de tout le monde, malgré sa taille, son gabarit et son poids. Les frères jumeaux Diagana Ousmane et Aliou et Diagana Tijdane Django et Wague Django et le Kaou Diakité qui lui avait toujours un prefet dans sa tête, étaient eux aussi des amis de classe.

Plus tard, d'autres groupes d'amis venant de l'intérieur du Cercle du Gorgol devaient nous rejoindre au collège. Ils venaient de M’Bout, de Mounguel de Maghama et de Lexeiba et de Civé. Nous les sabotions de tous les sobriquets. Un certain Athié Abdoul Wahab, venant de Lexeiba, devait subir les joutes sarcastiques du petit Abdoulaye Wagué.

Son oncle Kane Mohamed Abdallahi, plus serein et beaucoup moins turbulent, venait du même gros village et nous lui reconnaissions cependant une petite aisance car on connaissait bien les camions de « Aliou Yero Baba Kane Transporteur Lexeiba » . Il y a vait aussi mon ami et « promo » Toumany Diakité, le fils de « Madame Nianankoro née Fanta, transporteur à Kaédi ».

Ablaye Wagué disait que le tout jeune Athié, venant tout frais de Lexeiba, voyant le Coca Cola, la première fois, s'intriguait de l'existence du café frais et glacé. Quoique cette histoire ait été révélatrice de nos entremêlements, elle continue d'être un gage de notre singulière familiarité et de notre solide amitié.

Je devais apprendre beaucoup plus tard que certain d'entre nous devaient verser dans un extrémisme qui n'était pas de leur nature. Ce que je n'ai jamais accepté et mes amis aussi.

Mes amis, n'ont jamais éprouvé le moindre sentiment de défiance ou de méfiance vis a vis de moi. Il faut dire que j'éprouvais les mêmes sentiments vis a vis d’eux.

C'était ça la ville de Kaédi; il n y avait de place que pour le bonheur; le bonheur cru et sincère. Souvent pendant ces terribles chaudes journées, on devait jouer au "zero-li"; ce jeu consistait a mettre un bout de bois dans une petite échancrure dans le sol, qu'il fallait lancer le plus loin possible par un autre bout de bois et l'adversaire se devant de le capter avant qu'il ne tombe à terre.

En fait tout nous occupait. Les moments de joie étaient les plus fréquents. Notre insouciance de la chaleur, des moustiques et de tout était de rigueur. Nos instants de bonheur étaient dominants. Il y avait toujours une ambiance de kermesse.

Seul le jour de la fête de l'indépendance apportait plus que les autres jours. Nous étions, par école, habillés de la même manière. Il n y avait pas de plus riche ni de plus aisé.

Nous étions, tous et sans exception, comme des pupilles de la nation. Et il y avait l'ordre et la discipline. Les maîtres des écoles étaient sereins et pleins d'enthousiasme, convaincus de ce qu'ils faisaient et solennels.

En ce 28 novembre 1966, Mr Kane Amadou Moctar directeur de l'école 1, Abdoul Touré, le majestueux et un certain Alioun Traore (actuellement fonctionnaire international à l'UNESCO) enseignant à l'école 2, étaient fiers de montrer leurs cohortes d'enfants, habillés de chemises blanches à barrettes, ouvertes sur les côtés et de pantalons "laisse-tomber" noirs.

Tout le monde chantait et chantait juste. Les enseignants aussi. Sauf Mr Kane, qui affichait toute son autorité dans un silence d'Alfred de Vigny: "seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse".

En ce jour, c'est une ambiance festive de tout premier ordre. Les jeux étaient multiples et l'après midi il y avait la course des pirogues qui intriguait par sa dangerosité et par l'engouement et l'engagement des protagonistes: les véritables "gens de l'eau" (thiouballow) acceptaient difficilement les défaites dans ces moments et ils devaient faire usage de toutes leurs forces « occultes ».

Il y avait aussi la course des chevaux. C'était fantastique.

Sow Colly était maître. Un certain Ndongo aussi. Il y avait des matchs de Basket avec Grand Lo et les autres: Samba Gambi, et d'autres illustres basketteurs .... Tout cela était merveilleux. Nous étions subjugués par tant de joie, tant de hilarité ambiante. C'était comme si tout le monde était contraint d'être content, de l'afficher, de l'arborer... Le merveilleux dans tout ce qui nous entourait c'est que tout semblait comme un eternel et paradisiaque moment, infiniment agréable...

A suivre…..

Cheikhna Ould Gaouad
Kaedien de coeur