
Rentrée dans sa troisième semaine, la grève des employés de la
SNIM ne
connait pas de répit, aucune solution ne pointe à l’horizon, les deux
parties campent sur leurs positions. Pourtant, les ouvriers tiennent
toujours.
"La résistence" des ouvriers tient à la solidarité de toutes les populations de
Zouérate, rassemblées pour la même cause. Les femmes sont en première ligne de ce combat pour les droits économiques des travailleurs.
Un tour dans les différents sites de regroupements donne une impression
de la détermination de ces grévistes à recouvrer leurs droits. Au Q.G
des mineurs, la sérénité règne, les travailleurs gardent espoir de
trouver une solution à leurs revendications et restent soudés.
Z.N., gréviste, campe le décor:
"ici nous vivons
en famille, rien ne nous manque, mais nous n’avons pas cru que
l’entreprise allait laisser le mouvement perdurer. Nous sommes ici des
gens ouverts, instruits, pacifiques, nous ne réclamons que nos droits.
L’entreprise est pour tous les mauritaniens, pas pour des individus.
Si elle marche, elle marche pour nous tous, si elle se dégrade tout le
monde le sentira". L'alerte est donnée sur la situation économique de la société. Les implications pernicieuses relevées:
«
Nous demandons aux autorités suprêmes de trouver des solutions à ce
problème car les impacts de cette grève toucheront toute la Mauritanie, pas seulement Zouerate.
Le plus facile à faire c’était de convoquer les délégués des
travailleurs pour des négociations, nous sommes prêts à rembourser de
nos poches si réellement la société est en crise mais ce que nous
n’acceptons pas c’est le bras de fer qu’on veut faire avec nous. Nous
lançons un appel au président de la République d’œuvrer pour sauver
cette grande société, poumon économique du pays.
Au nom des
travailleurs et des femmes, je lance un appel solennel au Chef de l’Etat
d’intervenir pour mettre fin à cette crise qui perdure et qui menace la
situation économique du pays, à son adresse le dicton qui dit: écoute
ceux qui te font pleurer et n’écoute pas ceux qui te font rire ».
Le message est lancé pour rappeler que les grévistes attendent
l'intervention des plus hautes autorités de l'Etat afin de mettre fin à
leur calvaire.
Et les grévistes d'attirer l'attention des décideurs sur la malgouvernance de l'entreprise :
"s’il y a gaspillage de biens publics c'est bien visible maintenant à la SNIM,
avec l’absence de maintenance des engins dans les sites. On exploite
des engins de dernière génération en disant aux employés, allez-y, si
l’engin tombe en panne, mettez-le à la casse". Preuve pour ces employés que la gestion de l'entreprise est des plus catastrophiques ces dernières années.
Différents témoignages indiquent que ce secteur névralgique de la
société minière fonctionne au ralenti. Ces témoignages laissent entendre
que la mine compte 858 travailleurs dont 38 Responsable. Sur 820
opérateurs d’engins miniers, seuls 35 vont réellement au travail.
« Soit un pourcentage de 94, 88% contre 5,12% non grévistes », déclarent des représentants des travailleurs.
« Nous avons même réussi à faire entrer dans nos rangs 5 opérateurs miniers jusque là réticents», ajoutent-ils.
Du côté de l’entreprise, on fait savoir que la grève n’est que partielle
et n’entame en rien les activités de la société, la production minière
et le trafic ferroviaire. Mais le subterfige, fait de l'appel à des
retraités, est coûteux. Curieusement d'ailleurs, si les rotations des
trains est maintenue, c'est bien parce que le nombre des wagons a été
revu à la baisse. Tout semble être confiné dans l'apparence d'une
"normalité"
de l'activité de l'entreprise qui ne peut en être une étant donné que
les centaines de travailleurs ne peuvent être tous remplacés.
Ces derniers ont aussi d'ailleurs dénoncé les méthodes de la
SNIM qui,
disent-ils, fait recours à des prestataires alors que le mois passé,
elle avait indiqué qu’elles mettraient fin aux contrats de prestations.
Ils regrettent les menaces de la
Snim à travers les Contrats à Durée Déterminée .
«Le
5 février passé, l’entreprise adressait une mise en demeure de
licenciement aux détenteurs de ces contrats et trois jours après, elle
leur ouvre des lignes de crédit de 100 à 900 mille Um », soutient une femme gréviste. AVANT d’ajouter
« pendant Cinq ans, les délégués des travailleurs ont réclamé des prêts bancaires pour les CDD alors qu’ils n’ont eu que les indemnités d’ameublement ».
Visiblement l'entreprise qui a menacé de bouter dehors ses employés de
leurs maisons et de leur couper les vivres tablent sur le découragement
des grévistes. Ces derniers semblent avisés et disent ne pas craindre
les mesures d'intimdation et de menaces de tout genre.
"Nous réclamons nos droits et nous les obtiendrons" assurent-ils.
L'atmosphère plutôt détendu et bon enfant laisse présager que
l'employeur gagnerait à discuter avec les représentants des employés
plutôt qu'à chercher à les faire plier par la contrainte. En tout état
de cause, l'éclosion de cette tension sociale risque de ne pas
s'éterniser de la sorte.
Mauriweb