
Bravo, Monsieur le Wali du
Guidimakha, après avoir sélectionné les intervenants dans la réunion des cadres que présidait le Président
Mohamed Ould Abdel Aziz.
Monsieur le Wali, vous ignorez que le Président n’a pas besoin de flatterie ; il veut entendre la vérité pour mieux faire.
Face à ce refus, voici ce que je voulais dire à Monsieur le Président :
Monsieur le Président de tous les mauritaniens, la population du
Guidimakha vous dit « bissimilla » en terre des paysans !
Monsieur le Président, les préoccupations du guidimakhanké lambda sont :
• la santé
• l’éducation
• l’adduction d’eau potable
• la sécurité alimentaire
• le découpage administratif
• l’enrôlement, …
1/ La santé : les postes de santé, souvent construits
par les ressortissants eux-mêmes, manquent de personnels et
d’équipements, si bien qu’ils restent la plupart du temps fermés. Il y a
30 ans, on trouvait dans de rares postes de santé au moins de
l’aspirine, de l’alcool et des antibiotiques ; aujourd’hui, rien.
2/L’éducation : les écoles de la wilaya manquent
d’enseignants et d’équipements et souffrent d’un absentéisme
inqualifiable, si bien que les enfants se posent la question « pourquoi
aller à l’école ?» Les concours et tests sont sélectionnés d’avance pour
une catégorie de mauritaniens.
3/ L’adduction d’eau : plusieurs châteaux d’eau
existent dont le fonctionnement ne dépasse pas trois mois après la mise
en marche. Le reste du temps, la machine est en panne, ou manque de gaz
oïl ou bien le gestionnaire disparaît pour longtemps.
4/ Pendant l’hivernage de 2014, de nombreuses maisons de
Sélibabi ont été inondées, abandonnées, mais, la population n’a pas bénéficié d’un programme spécial comme
Tintane.
5/ La rive mauritanienne se trouve encore dans l’obscurité pendant que les villages voisins du
Sénégal, de
Yérouma à
Yaféra sont éclairés par
Manantali.
6/ En matière de sécurité alimentaire, la wilaya est à vocation agro-sylvo-pastorale qui assure la survie des populations.
a)L’agriculture pluviale est toujours rudimentaire ; elle n’est ni
attelée, ni mécanisée ; pas d’engrais, pas de semences sélectionnées et
les agriculteurs ne bénéficient pas de crédits.
b) L’agriculture de décrue, pratiquée en bordure du
Karakoro, dans les oueds de
Garfa et de
Niordé, n’est pas protégée par les autorités. La production en niébé, courge et patate appartient à leurs animaux : exemple de
Bouly en février 2015 où le hakem de
Ould Yengé oblige les paysans à abandonner leurs champs pour son troupeau ; face au refus, il les traite de maliens.
c) L’agriculture irriguée : la wilaya n’est pas bien servie en
périmètres aménagés. On compte au total environs 900 ha entre les trois
arrondissements (
Khabou, Gouraye et
Wompou).
- Les périmètres de 160 ha de
Diaguily, 90 ha de
Wompou, 65 ha de
Solou et 90 ha de
Gouraye ont été exploités pendant la campagne de 2014-2015, sans problème avec un rendement de 6 à 7 tonnes à l’hectare.
- Les 120 ha de
Sanghé Diéri viennent d’être achevés.
- Les 190 ha de
Khabou n’ont jamais été exploités après leur réhabilitation en 2013.
- Les 83 ha de
Diogountouro présentent quelques problèmes d’aménagement.
Les 50ha de
Moulizino sont en cours d’exécution.
Pour le haut fleuve, il est nécessaire d’entreprendre des aménagements appropriés, compte tenu de sa hauteur manométrique.
Monsieur le Président, pour votre information, il y a de grandes mares comme
Definé, Gouraye, Wofou et
Wompou Kharé qui doivent être aménagées pour la filière maraîchère.
Monsieur le Président des pauvres, au
Guidimakha il n’y
a pas de village qui n’a pas payé un chameau entre 600 000 et 700 000
ouguiyas, parce que l’animal est mort à côté d’un champ ou du village.
7/ Monsieur le Président, la situation de l’écosystème du
Guidimakha est alarmante à cause de l’exploitation abusive du charbon de bois et l’intensification de l’agriculture irriguée.
Cependant, le paysan lambda ne peut défricher son petit champ de
l’hivernage sans être traqué par le forestier alors que de l’autre côté,
le charbonnier gère tranquillement son four sans être inquiété.
Monsieur le Président, la solution rapide à entreprendre, c’est rendre
obligatoire le reboisement des périmètres agricoles avec Anacardium
occidentalé.
8/ Le système traditionnel de l’élevage se trouve
confronté à l’insuffisance des pâturages naturels et les points d’eau,
ce qui entraîne le déplacement vers les pays voisins, le
Mali et le
Sénégal, pour 9 mois de l’année.
L’introduction de tout programme d’amélioration doit passer par la
maîtrise de l’hydraulique pastorale, l’alimentation et la santé animale.
Certaines zones de bons pâturages comme
M’balou et
Coroc n’ont pas d’infrastructures appropriées pour recevoir le cheptel pendant la période de soudure.
On a constaté que l’Etat a abandonné la vaccination annuelle aux
auxiliaires, les vaccins utilisés pour plusieurs maladies animales
nécessitent une chaîne continuelle de glace jusqu’à l’introduction à
l’animal.
9/ L’enrôlement est toujours un grand problème : depuis
2012, il est temps qu’il soit simplifié pour tous les mauritaniens afin
qu’ils puissent s’enrôler avec zéro difficulté. Cette simplification
est longtemps souhaitée par les immigrés qui ont perdu leur travail
après être resté 2 à 3 mois au pays, sans parvenir à satisfaction.
10/ Le découpage administratif et la décentralisation : le
Guidimakha compte
18 communes rurales et plus de 300 conseillers pour élire deux
sénateurs, contrairement à d’autres moughataas qui comptent 1 à 2
communes pour un sénateur.
Depuis bien avant l’indépendance, la capitale de l’
Afrique occidentale française est reliée au territoire de la Mauritanie par le poste administratif de
Rosso pour le nord du pays en passant par la route impériale, pour atteindre le
Maroc et l’
Algérie. Gouraye est le second poste administratif pour rejoindre les
Hodhs et le
Soudan, actuel
Mali. Après 55ans, il est toujours un arrondissement ; la population sollicite qu’il soit une moughataa face au département de
Bakel, au
Sénégal.
11/ La Mauritanie doit préserver son caractère de trait d’union entre le monde arabe et l’
Afrique noire.
Le renforcement de l’unité nationale nous exige un comportement de
partage équitable de toutes les richesses du pays entre toutes les
composantes nationales.
- Accepter l’inscription des langues nationales poular, soninké et ouolof dans la Constitution, comme l’arabe
- Acquisition des licences de pêche pour tous
- Autorisation des sociétés d’assurance pour tous
- Autorisation des chaînes de TV et radio pour tous
- Agréments des banques pour tous
Monsieur le Président, pour le dernier point de mon intervention,
permettez-moi de vous demander la situation pétrolière et minière du
pays.
Quel est l’impact de la manne pétrolière dans la phase actuelle ?
Qu’apportent les 2000 barils/jour à la
Mauritanie ?
Quelle est la suite du malentendu entre la Mauritanie et la société indonésienne pour l’exploitation des mines de fer d’
Akjoujt en
Inchiri, après la plainte des indonésiens contre la
Mauritanie?
Je vous remercie Monsieur le Président.
Timera Boubou
Sélibabi, le 09 juin 2015