
La
SNIM a toujours joué un rôle central dans l’économie nationale, tant du
point de vue des rentrées en devises du pays qu’au plan de l’emploi
(1 ,127 milliard de dollars en 2012 et plus de 5.000 salariés). A
partir de cette position dominante, la société a toujours exercé une
grande fascination sur les esprits des citoyens. Mais c’est surtout
grâce à l’aura de ses premiers directeurs (ISMAIL OULD AMAR, MOHAMED
SALECK OULD HEYINE), que le nom de la SNIM a vite été associé aux
valeurs de probité dans la gestion et de recherche de l’excellence dans
les résultats.
Cette image presque
mythique a amené les différents pouvoirs politiques qui se sont succédés
à la tête du pays à réserver à la société un statut spécial qui la
soustrait au contrôle d’Etat (Cour des Comptes ou IGE), pensant que ses
dirigeants sont ‘au-dessus de tout soupçon’ et n’ont nullement besoin
de quelque rappel à l’ordre que ce soit. D’ailleurs, disait-on, ce
contrôle, n’allait-il pas discréditer aux yeux des partenaires
extérieurs ‘la plus fine fleur ‘de notre élite que constituent les
dirigeants de la SNIM, nos meilleurs ambassadeurs auprès des cercles les
plus fermés de la décision économique mondiale ? L’on décida alors de
mettre la bride sur le cou à la société ou si l’on préfère une image
plus moderne on laissa la société en ‘pilotage automatique’…
Ce raisonnement naïf permet certainement de donner une marge de
manœuvre et une souplesse dans la gestion indispensable aux grandes
entreprises engagées dans la concurrence internationale et devant
prendre des décisions quelquefois rapides et risquées. Mais il est
construit sur une hypothèse fondamentale, à savoir que le dirigeant de
la SNIM est ‘au-dessus de tout soupçon’, qu’il est toujours sur la voie
des ‘pères fondateurs’ que sont ISMAIL OULD AMAR et MOHAMED SALECK OULD
HEYINE. Et pour être abrupt et tout à fait à jour, posons alors
carrément la question : est ce que MOHAMED ABDALLAHI OULD OUDAA, puisque
c’est lui qui tient les manettes actuellement, est de ces
calibres-là ? Appartient-il à cette race-là?
Jugeons-en, à travers des exemples concrets :
1. Il y a d’abord son arrivée à la tête de la société qui n’a
pas soulevé un grand enthousiasme, les cadres et employés de la société
ayant plutôt de mauvais souvenirs de cet ancien responsable de la
centrale électrique qui avait dû quitter la société dans des conditions
plutôt embarrassantes. Première différence avec les ‘Pères Fondateurs’…
2. Le marché du montage de l’usine des Guelbs a constitué l’un
des tests révélateurs de la conduite du nouvel ADG et de sa forte
propension à tordre le cou aux procédures.
Le projet était dirigé par un cadre dont la compétence et la probité
étaient reconnues de tous. Pour faire ‘main basse’ là-dessus et avoir
les mains libres sur le grand magot qu’il représente, la première des
choses à faire était de dégager ce responsable pour le faire remplacer
par quelqu’un de plus docile, ce qui fut fait rapidement.
Puis après le lancement de l’appel d’offres et l’ouverture des plis
de ce marché, l’on déclara le marché infructueux, des ‘salauds‘
d’indiens ayant eu la prétention d’être les moins-disants…
Après manipulation du cahier de charges, l’appel d’offres fut lancé
une seconde fois pour permettre à des ‘amis espagnols’ de le remporter,
en abaissant de seulement 60 millions d’Euros leur première offre. Le
contrat qui fut signé avec eux stipulait clairement qu’il ne saurait
donner lieu à des avenants. Malgré cette clause on ne peut plus
explicite, un avenant fut bel et bien signé, qui permit aux ‘amis’ de
compenser la baisse inexplicable de prix qu’ils ont dû faire pour
obtenir le marché, sur lequel des retards considérables d’exécution ont
été accusés par ailleurs. Deuxième sortie de la voie tracée par les
‘Pères fondateurs’….
3. Le nitrate d’ammonium utilisé comme explosif à caractère
minier a carrément explosé avec le nouvel ADG, mais dans un autre sens.
En effet, celui-ci a fait introduire dans ce segment aussi pointu et
dangereux des approvisionnements et pour la première fois dans
l’histoire de la SNIM, des Marocains, en lieu et place de fournisseurs
connus dans l’industrie mondiale, passant outre les rapports techniques
des services de la SNIM qui n’ont cessé de l’alerter sur la mauvaise
qualité du nitrate marocain.
Bien plus, l’ADG promit à ces Marocains de construire avec eux en
Mauritanie une usine de nitrate qui aura le monopole à vie des explosifs
de la SNIM, mettant ainsi fin à la concurrence génératrice d’économies
et de qualité. Des terrains sont d’ores et déjà attribués à ces
marocains à Zouérate et Nouadhibou, pour réaliser leur projet. Troisième
sortie du chemin des ‘Pères Fondateurs’…
4. Le Port Pétrolier est un autre exemple où l’ADG a dû
recourir à la technique de la tricherie en deux temps, consistant
d’abord à déclarer ‘infructueux’ l’appel d’offres, lorsque les ‘amis’
auxquels le marché est destiné ne viendraient pas en tête des
évaluations et inciter ces amis à baisser anormalement les prix lors de
la deuxième relance pour les compenser ensuite par des avenants..
Ainsi, une société espagnole possédant toutes les références
nécessaires et ayant soumissionné pour 9 millions d’Euros, s’est vue
refusé l’adjudication. L’appel d’offres fut lancé une seconde fois pour
être remporté par une société chinoise avec 12 millions de dollars et…un
avenant de 9 millions de dollars. Il est vrai que ces chinois avaient
comme partenaire EHL WEDDADY, mais il est vrai aussi que les ‘Pères
Fondateurs’ n’avaient pas laissé de recommandation particulière pour
cette famille. Quatrième sortie de la piste…
5. Chami Steel est une société fantôme créée par l’ADG pour
faire main basse sur la ferraille de la SNIM qui s’élève à plusieurs
centaines de milliers de tonnes d’acier de très bonne qualité et donc
plusieurs dizaines de millions d’Euros. Théoriquement, cette société est
constituée entre la SAFA (filiale de la SNIM), la famille WEDDADY
(encore elle) et un individu syrien (qui est-il, au fait)? Mais
justement où est ce projet ? S’il existe, même à l’état embryonnaire,
même au stade de la première pierre, pourquoi n’a pas est-il été
présenté au Président Malien, IBK, lors de sa visite à Chami justement ?
Où sont les fonds récoltés de la vente de la ferraille ? Où sont les
apports de la famille WEDDADY et du Syrien dans la
Société ? Pourquoi la SAFA, filiale de la SNIM et sidérurgiste,
vend-elle sa matière première (la ferraille) à un concurrent (Chami
Steel) ? Autant de questions qui glaceraient le sang des ‘Pères
Fondateurs’
6. Alors que la distribution des carnets de carburant était le
cadeau que les gabegistes distribuaient à leurs amis et clientèles
politiques, sous l’ancien régime, avec Monsieur OUDAA c’est le forage
minier qui devient le cadeau banal que l’ADG donne aux hommes de salon
et filles de joie présentées en femmes d’affaires. Ainsi, les marchés de
forage miniers à 1 million de dollar l’unité sont-ils distribués de gré
à gré, à tort et à travers. Cela rappelle bizarrement les fameux SE4 de
la BCM il y a quelque temps. Voilà une dangereuse
sortie de piste que les ‘Pères Fondateurs’ ne pardonneront pas à ce jeune loup, décidément bien affamé…
7. S’il existe une preuve que M. OUDAA s’est senti
véritablement libéré de quelque contrainte que ce soit dans la gestion
de la société et qu’il n’a absolument aucun compte à rendre sur sa
gestion, c’est lorsque l’intéressé a cru devoir prêter 15 milliards d’UM
à la société privée en charge de la construction du nouvel aéroport
international de Nouakchott. C’est là un cas d’irresponsabilité
caractérisée qui se passe de tout commentaire, impossible à imaginer
sous la gestion des ‘Pères Fondateurs’.
8. Au plan de la gestion des ressources humaines et des
nominations aux postes de responsabilité de la société, l’attitude de M.
OUDAA a été exactement celle d’un caporal bombardé au grade de général
et promu à la tête d’une armée. En effet, le nouvel ADG a immédiatement
commencé par écarter les vrais cadres sur lesquels la SNIM a longtemps
reposé (KHALIFA, MOCTAR OULD TALEB, MOHAMED VALL OULD TLEIMIDI, DIDI
OULD BIHA) pour les remplacer par des hommes de paille à sa dévotion.
Aujourd’hui, la SNIM n’a plus aucune crédibilité. Seul un prix encore
élevé du minerai de fer permet de cacher l’énorme chaos dans lequel
l’actuel ADG a durablement plongé la société. Mais l’arbre des prix
peut-il continuer à cacher la forêt que constitue ce chaos ? Pour
combien de temps encore ? Ne pourrait-on pas dire finalement qu’au
niveau de la gestion des ressources humaines, M. OUDAA se démarque, là
aussi nettement, de la ligne des ‘Pères Fondateurs’ ?
9. On ne saurait terminer cette longue énumération de frasques
sans citer, à titre anecdotique, le petit cadeau de 50 millions d’UM
offert par l’ADG ou plutôt le Roi OUDAA aux MOURABITOUNES. Cela rappelle
les petits jetons que les flambeurs des grands casinos donnent comme
pourboire au croupier lorsqu’ils font de gros gain. Là aussi, rien dans
la voie des ‘Pères Fondateurs’ ne pouvait inspirer l’actuel ADG pour
faire un tel geste, au moment où d’autres priorités l’interpellent dont
la moindre n’est pas la nécessité de normaliser la situation des
travailleurs dits ‘journaliers’. En fait et au terme de cette revue
forcément incomplète car la transparence et la disponibilité de
l’information ne sont pas la marque dominante de la société, une
constatation simple s’impose : nous sommes bel et bien en présence d’un
royaume s’étendant de Chami jusqu’à Bir Mogrein sur lequel règne en
maitre absolu le Roi OUDAA, sans Cour des Comptes, sans IGE, sans
morale, sans esprit des Pères Fondateurs de la SNIM dont le civisme, le
patriotisme, la sobriété et le mépris pour l’argent constituaient à eux
seuls des gages de bonne gestion.
Puisque le Roi OUDAA ne possède pas ces qualités, alors agissons vite pour arrêter ses frasques, il y a péril en la demeure .
Ely Salem Ould Bakar
Source : Mauriweb.info