
M.
Abdoul Boubou Sow est
natif de Boghé et vit actuellement en Espagne, il fait partie
intégrante des anciens politiciens et ici, il donne son point de vue, à
travers l’entretien qu’il nous a accordé avec plaisir.
Hebdomadaire – Mauritanoix : qui est vraiment Abdoul Boubou Sow ?
Abdoul Boubou Sow : Je suis citoyen mauritanien et fier de l’être. Je suis du village de
Dioullome, au nord-ouest de
Lobboudou Mboon,
juché sur une dune de sable qui surplombe les plaines d’Afnilla
mboonnaabe, koloyla e thiakatté. Je suis de la première promotion de
l’école de
Sarandogou Djibéri, de la première promotion du Collège d’enseignement général de
Boghé ; j’ai fait les lycées de
Rosso et
de Nouakchott avant d’aller en URSS faire ma formation d’ingénieur
industriel en électromécanique. J’ai travaillé sept ans à la SNIM-sem de
Zouerate au PG11comme chef de service de maintenance
des engins miniers et ce, jusqu’aux années de braise abattues sur le
pays 1989-1991. Je suis aussi militant de première heure du mouvement
national démocratique. Depuis 1997 je vis en Espagne mais reste lié au
pays de cœur et d’esprit.
Hebdomadaire – Mauritanoix : Quelle lecture faites- vous de la situation politique et économique du pays?
Abdoul Boubou Sow : Loin de toute vision politicienne,
comme citoyen mauritanien lambda, je vois son présent et son avenir
pleins d’embûches. Le pays est très riche mais c’est une infime minorité
qui en profite. La grande majorité vit dans la plus profonde misère.
Nous avons le fer, le poisson (nos côtes restent encore parmi les plus
poissonneuses du monde), nous avons le pétrole, l’or, le cuivre, des
potentialités agricoles et d’élevage énormes ; notre population
n’atteint pas les quatre millions d’habitants.
La plus grosse et la plus grave misère qui nous ruine est l’ignorance ;
nous nous résignons à la fatalité, à cela s’ajoute l’hypocrisie de nos
dirigeants politiques au pouvoir ; ils ont le pays comme leur besace de
miel sous l’aisselle et s’arroge l’exclusivité d’y mettre le doigt si
non la main toute entière pour en savourer le contenu ; gare à celui qui
s’approche ou qui ose demander sa part : il sera taxer de tous les maux
: intrus, étranger, mercenaire etc etc. aussi les rangs des mécontents,
des exclus, des frustrés ne font que s’élargir de jour en jour et le
régime actuel continue à faire la sourde oreille et réprime sans relâche
tout ce qui bouge ou ose lever le petit doigt pour protester.
Aussi le pays est sur une poudrière et ça peut exploser d’un moment à
l’autre. Si le malheur arrive, il n’arrivera jamais seul et c’est la
Mauritanie entière
qui perdra, à moins que le bon Dieu nous fasse revenir à de bons
sentiments : l’égalité, la paix, la solidarité et le partage dans une
unité nationale retrouvée. Cette année, la famine nous guette : pas de
pluies et le fleuve n’a pas débordé ; le mouvement citoyen est en plein
essor dans tout le pays, pouvoir et opposition se regardent en chien de
faïence.
Hebdomadaire – Mauritanoix :
En tant que Boghéens, Ressortissant, avez-vous d’autres projets ou
initiatives pour aider la commune de Boghé?
Abdoul Boubou Sow : Je suis et reste le fils de ce
terroir qui m’a vu naitre et grandir ; aussi où que je me trouve je le
garde en mémoire. Je sais par chœur les besoins du coin : la santé,
l’éducation, le développement durable et social. Les populations doivent
se lever ensemble pour elle-même et par elle-même pour prendre leur
destin en main pour sortir de la misère et du sous-développement ;
l’apport des gouvernants et des bonnes volontés est indispensable. Avec
mes relations ici en Espagne j’ai pu avoir deux ambulances pour le
dispensaire central de
Boghé. J’ai pu faire construire
une école primaire et un dispensaire au village ; j’avais décroché un
financement pour une coopérative agricole de maraîchage afin d’aider à
la lutte contre la malnutrition et pour l’autosuffisance alimentaire.
La commune a de grandes potentialités agro-pastorales qu’il faut exploiter.
Boghé peut
être un grenier pour le pays en général et la Ve région en particulier ;
l’élevage y a longtemps prospéré. Il est bon que les services d’antan
d’élevage, d’agriculture et des eaux et forêts reviennent à
Boghé afin
d’y jouer pleinement les rôles qui leurs sont dus. Je salue ici la
construction de l’hôpital et du Centre de traitement laitier dans la
commune de
Boghé, les travaux d’extension du casier
pilote rizicole. Ceci sera à l’actif du gouvernement actuel ; je les en
félicite personnellement et les encourage à en faire davantage. La
Mauritanie et le Sénégal sont deux pays frères et amis.
Boghé pourra
jouer un grand rôle de rapprochement et d’échange sur tous les plans :
social, culturel et économique entre nos deux pays.
Pour la commune, toute la diaspora est entrain de se mobiliser pour
créer une organisation qui apportera un appui et soutien à tous les
projets de développement de la Commune. Nous souhaitons que les menaces
d’expropriation des terres de culture et de pâturage qui pèsent sur nos
populations cessent ; pour la concorde, la paix, l’unité et la
solidarité. Nous souhaitons que le gouvernement pense à la création
d’une université, d’un centre culturel doté de la nouvelle technologie.
La mairie de
Boghé a l’hygiène et la salubrité parmi
ses priorités. Les infrastructures sportives pour les jeunes. Parmi nos
rêves légitimes je peux citer le développement de la sylviculture dans
le marigot de
Djinthiou, la création de centres de
transformation et conservation des produits locaux en vue d’une saine
consommation et commercialisation.
Hebdomadaire -Mauritanoix :
Le pouvoir appelle l'opposition au dialogue est ce pour vous la
meilleure solution pour travailler ce pays?
Abdoul Boubou Sow : En démocratie le pouvoir et
l’opposition sont des forces politiques en lutte permanente pour la
sauvegarde et la prise du pouvoir. C’est une lutte normale. Tout pays,
pour son développement a besoin de paix et de tranquillité et la
Mauritanie ne
dérogera pas à cette règle. La crispation politique n’a que trop duré.
Le dialogue entre pouvoir et opposition n’est plus qu’indispensable. Le
temps des dictatures et des coups d’état militaires doit être à jamais
révolu.
Aussi toutes les forces politiques dans le pays doivent participer sans
exclusive, à ce dialogue pour sortir le pays de l’impasse et le sauver
des dangers et malheurs qui le guettent. Un dialogue franc et sincère.
L’histoire nous enseigne que quelque soit le niveau de la confrontation
ou du conflit, on finira par s’asseoir au tour d’une table de
négociation. Il faut revenir à de bons sentiments sien plus nous sommes
musulmans, donc frères et sœurs.
« Veut pour ton frère ce que tu veux pour toi-même » ; ici, une haine viscérale entre le pouvoir et l’opposition n’a pas de place si on place l’intérêt du pays au dessus de tous.
Hebdomadaire – Mauritanoix : Vous venez de perdre un ami, parent et collègue grand journaliste Mr Moussa Diop?
Abdoul Boubou Sow : Le décès de
Moussa Diop est une grande perte pour
Boghé et pour la presse indépendante nationale. De son premier journal
« Éveil-hebdo » à
« Nouakchott-Info »,
il a su nous tenir informés par sa superbe plume de tout ce qui se
passe dans le pays ; avec modestie et simplicité il est resté en
constant contact avec les réalités de nos masses populaires. Qu’il
repose en paix en terre boghéenne et que le bon Dieu l’accueille en son
paradis.
Hebdomadaire – Mauritanoix : Votre dernier mot à l'endroit des populations ou ressortissants?
Abdoul Boubou Sow : Hamady, je te remercie de tout cœur
de cette opportunité que tu m’as donnée. J’appelle toutes nos
populations à se lever, unies dans leur diversité pour lutter contre la
misère et le sous-développement. Soyons de vrais musulmans, soyons des
frères et des sœurs soucieux de l’avenir de la Mauritanie, notre pays,
le pays de tous. A nos ressortissants de la Commune de
Boghé qui
sont dans la diaspora, je les invite à s’organiser, d’être à l’écoute
des préoccupations de nos populations et, ensemble chercher les voies et
moyens pour aider ces dernières à sortir de leur misère par le travail.
Ils peuvent mobiliser beaucoup de ressources pour venir en aide à la
Commune dans la réalisation de plusieurs projets de développement
durable.
Propos recueillis par
Diop Mohamedou Abou dit
H.Bodiel
Hebdomadaire Mauritanoix -