dimanche 31 octobre 2010

Perte du patrimoine familial, changement d’activites, éducation L’équation de la réinsertion des rapatriés mauritaniens.




Une fois la frontière franchie, c’est une nouvelle vie qui commence, un nouveau départ pour les rapatriés mauritaniens. Si ces derniers se posent beaucoup de questions sur leur réinsertion, du côté mauritanien, on cherche à rassurer.

Comme la plupart de ceux qui ont décidé volontairement de rentrer dans leur pays, Amadou Bâ reste dans le flou en ce qui concerne son avenir. Comme tous les réfugiés, il avait laissé l’ensemble de ses biens (un troupeau d’une centaine de têtes, sans compter les dix hectares qu’il cultivait) en Mauritanie.

Vingt-et-un ans après les événements, il ne se fait guère d’illusion. Il sait qu’il ne retrouvera jamais son cheptel. Tout au mieux récupérera-t-il un lopin de terre et lui donnera-t-on une vache pour sa famille, en plus d’une petite aide financière.

Mais on ne peut douter de son désir de retrouver sa patrie. A Mery, un des sites de réfugiés situé dans le département de Dagana (à environ 130 km de Saint-Louis) où nous l’avons rencontré le samedi 16 octobre, comme les autres candidats, Amadou Bâ prépare activement ce grand départ.

Les camions de l’Unhcr (Haut commissariat des réfugiés des Nations unies) qui viennent embarquer les bagages et l’équipe de journalistes qui les accompagne, suscitent la curiosité de tous les habitants de ce petit village. Une dame, habillée en couleurs vives, où prédomine le bleu, semblant ne point être concernée par tout ce qui se passe, supervise attentivement le chargement de ses bagages.

Son frais maquillage traditionnel et ses boucles d’oreilles jaunes et rouges semblent avoir déposé une couronne de beauté sur sa grande figure. Quand nous l’avons retrouvée, le lendemain, dimanche, au site de transit de Richard-Toll, la mine toujours en berne, le maquillage défait, telle une fleur fanée, sa remarquable beauté ayant perdu beaucoup de son éclat, elle nous a semblé avoir nettement vieilli en une nuit.

Le souvenir du cheptel et des biens perdus.


A l’ombre d’un arbre, Minel et sa bande de copains (de jeunes adolescents), qu’on peut qualifier de sceptiques, pour ne pas dire de révoltés, sont en conversation. « Je ne vois pas pourquoi, après avoir tué nos parents (il fait allusion au conflit de 1989), on nous demande de rentrer. Je pense que nous ne devons pas retourner là-bas », s’indigne Minel. Lui n’envisage nullement de rejoindre un jour le pays de ses ancêtres.

« Après mes études coraniques, je compte aller à Saint-Louis faire du commerce et m’y installer définitivement. L’expérience a montré que ceux qui sont rentrés souffrent là-bas. L’année dernière ils nous ont sollicité pour des vivres. Là-bas il n’y a que du sel. Et puis, c’est quoi un Peulh sans troupeau ? », ironise le jeune homme, pourtant sans avoir jamais mis les pieds en Mauritanie.

Evidemment, les candidats au retour n’ont pas la même opinion. Du reste, le rapatriement est volontaire. Mais, sans doute, beaucoup partagent son inquiétude. Tel un baume, un sentiment étrange de joie, teinté d’angoisse, s’était emparé des rapatriés au moment où ils s’apprêtaient à franchir la frontière. Les regards furtifs et les soupirs étaient autant de muettes questions. Cependant, tous, ou presque, étaient en tenues de fête.

Une fois la frontière franchie par les rapatriés, les représentants du Hcr peuvent pousser un ouf de soulagement ; mais Tamsir - un rapatrié que nous avons suivi depuis le début - et ses camarades sont loin d’avoir les réponses à toutes les questions qu’ils se posaient.

La pluie, qui les a accompagné jusqu’à l’arrivée fut-elle perçue, tout au plus, comme un « bon signe ». Mais, plus fondamental que ce symbole, pour Tamsir et les autres : c’est de trouver du boulot, une fois en Mauritanie. Pour certains, c’est un changement total de perspectives.

« Nous étions de grands éleveurs, par la force des choses, nous sommes devenus de petits agriculteurs, n’ayant plus de cheptel », explique Amadou Bâ. Tamsir, lui, avait réussi à se refaire une petite santé matérielle : il avait construit une maison et acheté un cheval. Tout cela, il l’a laissé à son frère ayant choisi de rester au Sénégal.

Où trouver du boulot de l’autre coté ?


Certains esprits sceptiques ne manquent pas d’interpréter ce « subterfuge » des familles comme une volonté de garder un pied sur chaque rive du fleuve. Officiellement, des retours d’ex-réfugiés n’ont pas été constatés, indique Rufin Gilbert Lubaki, représentant général adjoint pour l’Afrique de l’Ouest du Hcr.

« La réintégration (des rapatriés) prend du temps, mais les conditions de ceux qui sont déjà rentrés se passent normalement. L’indicateur, c’est que les gens continuent de s’enregistrer pour rentrer volontairement », dit-il. Et selon Souleymane Ould Brehim, directeur régional de l’Agence d’accueil et d’insertion des rapatriés (Anair) pour le Trarza, zone d’accueil de l’essentiel des ex-réfugiés, l’insertion de ces derniers « se passe dans des conditions acceptables ».

« Après la première phase d’urgence, nous sommes mieux préparés pour que l’actuelle phase se passe dans de meilleures conditions. Il y a déjà 600 hectares cultivables qui sont préparés pour ceux qui sont en train de revenir. Ils auront les mêmes droits que tous les autres citoyens mauritaniens », informe-t-il, soulignant que le retour des ex-réfugiés entraîne « très rarement » de conflits, compte tenu qu’« ils sont réinstallés dans leurs villages d’origine ».

Pour les fonctionnaires, Souleymane Ould Brehim soutient que la majorité de ceux qui sont revenus ont été réintégrés, les autres ont reçu « des compensations ». Mais d’autres interrogations subsistent encore, notamment en matière d’éducation et de santé. Là aussi, le fonctionnaire mauritanien cherche à dissiper les inquiétudes : « les systèmes éducatifs sénégalais et mauritanien se valent.Les enfants qui avaient commencé leur scolarité au Sénégal pourront la continuer sans problème, nous avons même mis en place un programme de remise à niveau (en langue) pour eux, avec l’appui de l’Unesco », explique ce fonctionnaire mauritanien.

Nous n’avons pu vérifier tout cela sur le terrain. Ce qui est sûr, dans l’option aussi bien des autorités mauritaniennes que du Hcr, c’est que l’assistanat ne peut pas durer éternellement. Les rapatriés doivent donc s’intégrer progressivement : construire leurs maisons eux-mêmes, etc.

Seneweb

www.cridem.org


Source :
GPS (Mauritanie

L’Etat mauritanien tolère l’esclavage : Le cas du PK13 / 14 Rosso. Note d’alerte, octobre 2010.



Depuis le dimanche 3 octobre 2010, un seul sujet occupe toutes les discussions à Rosso, au sud du pays, sur la frontière fluviale avec le Sénégal : un cas d’esclavage a été découvert, au quartier PK 13, dans la collectivité des Oulad Begnoug, dits Trarza Noirs.

Les faits sont imputés au sieur Yedaly Ould Veyjeh et sa famille. Leur victime est une jeune femme du nom d’Aichetou Mint M’ Bareck, avec ses 8 enfants dont 3 repartis entre certains membres de la famille des maîtres ; ainsi, les Ehel Veyjeh et les Ehl Elhadj se partagent la propriété et l’usufruit - au même titre que les têtes de bétail - de 6 personnes, sur un total de 11, les 5 autres en bas âge, donc improductifs.

La découverte du cas résulte d’un incident domestique ; ainsi, Mabrouka l’une des filles d’Aichetou, esclave depuis toujours, a refusé d’obéir à sa maîtresse malade pour les soins de qui elle était spécialement affectée ; la jeune servante, excédé du régime de brimades et de l’excès de travail, s’est permis d’injurier la dame.

Alors cette dernière fait appel au chef de famille, Yedaly Ould Veyjeh, afin qu’il appliquât la correction requise par la gravité de la faute.

1. Le déclenchement.


Après avoir subi le châtiment physique, l’esclave, malmenée et humiliée, prit la fuite, à la recherche de refuge; dans sa quête éperdue et panique, elle croise le chemin des militants anti-esclavagistes qui alertent les ONG de droits humains. Le Président de l’Initiative pour la Résurgence Abolitionniste (IRA) s’est déplacé pour alerter les autorités administratives ; le président de SOS- Esclaves a dépêché un avocat aux fins d’assister les victimes, surtout les enfants, sur le point de leur déposition à la police.

SOS-Esclaves a mobilisé son seul véhicule dédié à l’assistance urgente aux victimes, assurant ainsi les différents déplacements des esclaves et le transport de leurs effets, toutes démarches accomplies en présence de la police. Depuis lors, Aichetou et ses 8 enfants, retirées de leurs maîtres par les autorités, sont hébergés chez un militant de SOS-Esclaves en attendant l’épilogue judiciaire.

Ils vivent dans un dénuement total, à l’image de centaines d’autres victimes « libérées », l‘Etat n’ayant consenti aucun geste, même pas de compassion, à leur endroit. Et comme d’usage jurisprudentiel dans le pays, les médias publics ignorent l’évènement, l’administration s’empresse de l’étouffer et le juge reste, aux abonnés, absent.

Aujourd’hui, les victimes survivent grâce à l’inventivité du mouvement anti esclavagiste, en plus de quelques contributions volontaires.

2. L’épilogue.

Si, aujourd’hui, Mr Mohamed Ould Yedaly, dit Gourgui, soutient que «la question de l’esclavage appartient au passé», c’est pour disculper sa famille. Son droit de réponse, sur le site « Cridem », n’est en fait qu’un moyen d’essayer de camoufler la vérité en jetant la poudre aux yeux du public.

L’allégation d’un contentieux de voisinage ne tient pas ; Mabrouka, enfant mineur, s’est brulée, au domicile de tiers, alors qu’elle travaillait à leur service, sans rémunération, comme l’atteste l’absence de contrat. Comment justifier, aussi, que Yedaly Ould Veyjeh, âgé de plus de 65 ans, se déplace, à deux reprise, pour venir infliger, à Moyna Mint Bilal ,des châtiments corporels quand elle désobéissait à sa sœur Maghlaha Mint Veyjeuh dite Foyliha et lui rendait ses insultes ?!!

Pourquoi les enfants d’Aïchetou n’ont pas été scolarisés, comme ceux de ses prétendus employeurs- voisins !!!!Pourquoi en a-t-on arraché quelques uns pour les placer chez les différents membres de cette famille ?

3. Le problème.

Interrogé par nos soins, Boubacar Messaoud, Président de SOS-Esclaves se prononce, à l’abri de toute ambiguïté: « Dans la tribu Oulad Begnioug dont je suis membre, il existe encore des familles dont notamment les Ehl Veyjeh, propriétaires d’esclaves par ascendance qui continuent à les servir, d’une ligne à la suivante. Oulad Begnioug, fuit du métissage culturel, se composent essentiellement de Hratine, Peuls et Wolof, tous devenus maures par assimilation.

Dans cette tribu nous connaissons tous, parmi nous, ceux qui possèdent encore des esclaves, ceux qui n’ont jamais eu, comme ceux qui acceptent encore de servir leurs propriétaires sans se plaindre. Face au déni de l’esclavage, organisé et encouragé par les autorités à tous les niveaux, nous ne pouvons intervenir que lorsqu’une victime sollicite notre aide, comme dans le cas d’espèce.

Conclusion.

Il est à noter qu’une délégation de la Commission Nationale des Droits de l’Homme a séjourné à Rosso où elle a rencontré les autorités administratives, les esclaves, les maîtres et les représentants locaux des O.N .G de droit de l’Homme. Hélas, il y a peu à en espérer, compte-tenu des précédents d’occultation systématique des pratiques d’esclavage, politique quasi officielle de l’Administration et du sommet de l’Etat que dirigent des descendants d’anciens maitres dont la solidarité compacte entretient le silence autour du crime.

Annexe : Liste des victimes, après enquête et recoupements

1. Aïchetou Mint M’Bareck, environ 34 ans
2. Moyna Mint Bilal 20 ans environ
3. Mabrouka Mint Bilal, 16 ans
4. Tayfour Ould Bilal, 14 ans

5. Salma Mint Bilal, 10 ans
6. Mamme Mint Bilal, 9 ans
7. Minetou Mint Bilal,7 ans

8. Limam Ould Bilal 14 mois
9. Moyna Mint M’Bareck, 40 ans
10. Mohamed Ould Cheybany, 2ans
11. Mohamed Ould Taleb, 16 ans

SOS Esclaves Mauritanie
Rosso, le 28 Octobre 2010


www.cridem.org


Source :
S.O.S - Esclaves (Mauritanie)

Cabotage des hydrocarbures à partir de Nouadhibou : L’intrusion de Fal-Oil.




Le marché de cabotage des hydrocarbures de Nouadhibou vers Nouakchott continue de faire des vagues. Après les blocages érigés après l’adjudication du marché d’approvisionnement hydrocarbure (3 février 2010) au trader Fal Oil pour la période 2010-2012, les deux entreprises nationales de transport hydrocarbures (SMNC et MTM) ont été «sacrifiées» de fait par dérogations accordées dans des circonstances contestables pour un monopole au profit de Fal Oil.

Depuis plusieurs semaines, c’est l’entreprise adjudicateur du marché d’approvisionnement hydrocarbure de notre pays, Fal Oil, qui s’occupe encore du transport des hydrocarbures à partir de Nouadhibou vers Nouakchott.

Cet état de fait est révélateur des conditions dans lesquelles se débat ce juteux marché pourtant «exclusivement » destinés, selon la loi, à des transporteurs nationaux;

L’opacité semble avoir été telle que l’on s’achemine depuis jeudi dernier vers un retour case-départ avec l’appel d’Offres lancé par la Commission nationale des hydrocarbures (voir fac-similé). Il y a assurément trop d’argent à brasser pour qu’on s’en tienne à une concurrence loyale des transporteurs nationaux et préserver ainsi les intérêts de l’Etat.

Nouvelle date butoire.

«Les offres doivent être déposées au plus tard le 30 novembre 2010 0 11 heures à la Commission Nationale des Hydrocarbures à Nouakchott » conclut le dernier appel d’offres concocté par la Commission nationale des hydrocarbures. La couleur est donc annoncée. Mais de fait beaucoup d’interrogations subsistent sur le secret de fal-Oil qui outre le marché d’approvisionnement en produits pétroliers parvient aujourd’hui à encore, par des dérogations successives de trois mois, à s’accaparer du cabotage pétrolier.

Fal-Oil, pourtant société éminemment étrangère, affrète pour ce faire un tanker. Elle y trouve d’ailleurs goût puisqu’elle monopolise (contre les dispositions de la loi) un transport qui n’est pas de son ressort.

Deux départements, le ministère des pêches et celui de l’énergie et du pétrole, sont au creux de cette vague alors que malgré leurs concurrences les sociétés mauritaniennes de transport hydrocarbures (MTM et SMNC) avaient trouvé, après leur bras de fer, un compromis de collaboration afin de s’acquitter collégialement du marché de cabotage.

Qui veut tuer son chien l’accuse de rage.

Depuis l’adjudication du marché d’approvisionnement en hydrocarbures donné à Fal Oil et l’attribution du marché de cabotage à deux sociétés mauritaniennes, l’on est noyé dans un tumulte de désinformations qui ont suscité bien, avec le temps, bien des blocages préjudiciables aux intérêts des sociétés mauritaniennes. Rien que des alibis.

Il faut bien reconnaitre, malheureusement, que les entreprises mauritaniennes, qui se tiraient à couteau tiré, ont inconsciemment donné de l’eau au moulin de Fal Oil. En effet, depuis le début Fal Oil avait assis sa campagne de refus sur ses désidératas personnels pour exclure du marché un transporteur mauritanien qui faisait gagner, sur deux ans, une enveloppe de 5 millions Usd à l’Etat.

La stratégie était donc outre de corrompre, dans l’ombre, les relations entre les deux transporteurs mauritaniens, d’exiger du nouvel opérateur SMNC, une assurance IACS alors que ce dernier était déjà muni d’une certification IMB et une assurance Lloyds. Des rumeurs ont également été distillées sur le couloir de transport des hydrocarbures (Banc d’Arguin) alors qu’il n’en était rien avant de faire valoir que les navires étaient monocoques.

Bien au parfum des normes de transports, Fal Oil n’a rien ménagé pour discréditer le nouveau transporteur au regard de «précautions» qui ne servaient que son propre dessein. Et elle y arrivé en excluant finalement les deux entreprises nationales en convainquant (et comment!) les administrations mauritaniennes de lui accorder les «dérogations» sur mesure pour assurer le cabotage hydrocarbure de Noaudhibou vers le Sud.

Pendant ce temps, les entreprises nationales constatent les dégâts avec deux bateaux chacune cloués dans la rade de Nouadhibou. Dans le précédent DAO, il était stipulé qu’«après avoir communiqué dans son offre un coût de fret NDB/NKT, il sera imposé au vendeur tout prix de transport plus intéressant obtenu au plan national».

Et c’est ce qui arrivé avec l’immixtion «inattendue» d’un nouvel opérateur notamment la SMNC qui se proposait à appliquer un taux de cabotage de 17.5 dollars la tonne, soit une différence de 3.5 dollars par rapport à l’offre initiale du trader faite sur la base d’une proposition de la MTM.

C’est à ces tractations mercantiles qu’on pourrait expliquer l’intrusion de Fal Oil dans le cabotage à l’échelle nationale des hydrocarbures violant allègrement avec certainement la complicité des administrations concernées le principe de la loi sur «l’exclusivité accordée aux navires battant pavillon mauritanien des opérations de cabotage hydrocarbure».

www.cridem.org


Source :
Le Quotidien de Nouakchott