
Au moment où les travailleurs de la
SNIM à
Nouadhibou s’apprêtent à rallier le mouvement de grève, les autorités de
Nouakchott Ouest ont interdit une marche de soutien que la
CGTM devrait
organiser dans la capitale. C’est la première fois, depuis le
déclenchement du mouvement de grève des mineurs du nord, qu’une
administration publique affiche carrément son hostilité à l’une de leur
activité.
Est-ce le début d’une ingérence plus prononcée du gouvernement en faveur des thèses défendues par la direction société minière?
Zouerate. Lundi, 23 février. Des milliers de travailleurs de la
SNIM, en majorité grévistes, ont accompagné, jusqu’au cimetière en dehors de la ville, la dépouille de
Mohamed Ould Nagi Ould Rachid. Un travailleur de l’entreprise qui vient d’être emporté par une grave maladie au cœur qui n’a pu être soignée ni en
Mauritanie ni à l’étranger.
Aux cris de
‘’Point d’autre seigneur que lui’’, les travailleurs ont sillonné les principaux artères de
Zouerate.
Les travailleurs de chaque département de l’entreprise marchaient
ensemble vêtus de leurs combinaisons de travail. Un rite devenu une
coutume chez les grévistes depuis le déclenchement de leur mouvement, il
y a presque un mois.
Ceux-ci ont en effet profité de l’occasion pour marcher à côté des non
grévistes et de l’administration, tout en évitant soigneusement
d’utiliser les moyens de transport de la
SNIM qui leur ont été proposés tout au long du trajet menant jusqu’au cimetière. Et surtout de faire passer leur message :
‘’la grève jusqu’à la satisfaction des doléances’’.
En dépit des mesures de rétorsion annoncées par l’administration de la société contre des dizaines de grévistes à
Zouerate, et qui vont des mises à pieds jusqu’aux licenciements pur et simple, l’engagement des travailleurs est demeuré entier.
Encouragés par les habitants de la ville et par le niveau très important de suivi du mouvement de grève au sein de la
SNIM,
les mineurs jurent de continuer leur action jusqu’à faire plier la
direction de leur entreprise qui, selon eux, demeure sourde à leurs
appels et cherche plutôt à saper la grève à travers les mesures
‘’abusives’’ qu’elle a prononcées contre certains travailleurs.
Qu’elles soient abusives ou non, l’entreprise entend se servir de
l’administration et de la justice afin de les exécuter. Déjà, certains
travailleurs ont reçu la visite de huissiers qui leur ont transmis
l’ordre de libérer leurs logements dans cinq jours. Les services de
l’économat et de l’infirmerie ont été également fermés devant les
grévistes.
Interrogé par
Biladi, le secrétaire général de la
CGTM, cette centrale syndicale qui a entériné la grève au sein de la
SNIM et continue d’épauler les travailleurs en grève, a déclare
‘’qu’aux yeux de la loi qui régit le travail dans notre pays, les mesures annoncées par la SNIM contre des dizaines de ses travailleurs sont tout simplement nulles et non avenues’’.
Une position presque évidente de la part d’un syndicat à l’égard de
l’action de ses adhérents. Mais celui-ci et sa centrale entendent
allaient pus loin que cela en décrétant d’autres actions pour le soutien
de ce qu’ils estiment être
‘’le droit légitime des travailleurs de la SNIM : l’application d’un accord signé avec les travailleurs’’.
Autre soutien de la grève à la
SNIM : la députée
Mint Hassena qui a publié une déclaration dans laquelle elle appelle le président
Aziz à intervenir, personnellement, pour amener la direction de la
SNIM à négocier avec ses employés.
Pourtant, l’
ADG de la
SNIM est descendu la semaine dernière à
Nouakchott pour répondre à une convocation de son chef : le président de la République. Il est reparti directement à
Nouadhibou presque juste après la sortie de l’audience avec le président. Qu’est-ce qu’on lui aurait dit ? On ne sait pas.
Toujours est-il qu’il parait encore bénéficier du soutien et de la
bénédiction du boss. Pour combien de temps encore ? Difficile à dire.
Même si l’entrée imminente des travailleurs de la
SNIM à
Nouadhibou, prévue mercredi à OH, risque bien de faire évoluer la situation ? Et surtout la position du gouvernement.
Mohamed Mahmoud Ould Targui
RMI Biladi