Encore une nouvelle édition du festival des villes anciennes. Cette fois, c’est au tour de la ville d’
Oualata à plus de 1300 kilomètres à l’Est du pays (1317 exactement) d’accueillir cette manifestation qui visiblement draine toute la
Mauritanie. Des Oulémas. Des ministres.
Des hommes d’affaires. Des hauts fonctionnaires. Des femmes de tous les
horizons. Des troupes artistiques kaléidoscopiques. Des rescapés de
tous les régimes depuis 1960 à nos jours en quête de promotion.
La preuve, l’ancien premier ministre,
Mohamed Lemine Ould Be Ould Guig, un oualatois
BCBG
était bien placé devant le Président entouré de quelques notables de sa
vieille ville qui devraient normalement intervenir en sa faveur pour
revenir dans les bonnes grâces du pouvoir.
Quasiment, tous les responsables étaient là : ADG de la
SNIM, Président de la
zone franche de Nouadhibou,
nouveaux et anciens élus et bien d’autres encore pour se faire voir par
un Président bizarrement enturbanné et flanqué d’une ministre qui fait
son baptême de feu avec des
« manif » de ce genre. Seuls les morts que Dieu ait leurs âmes étaient absents.
Rien à envier aux scènes populaires que suscitaient les déplacements carnavalesques du Président renversé en 2005,
Maouiya Ould Sid’ Ahmed Taya.
Les mêmes soirées culturelles. Les mêmes poèmes. Les mêmes poètes. Les
mêmes thèmes. Un véritable cinéma de mauvais goût pour lequel l’Etat
dépense des montants très importants dont la gestion est
incontestablement douteuse.
Un véritable gâchis au pays de la
lutte contre la gabegie. De l’argent systématiquement mobilisé pour une
affaire dont l’inutilité est évidente. L’avenir très proche démontrera
quels étaient les vrais mobiles de ce gaspillage organisé. Ces millions
claqués si banalement et si insidieusement pouvaient bien servir à
développer ces cités anciennes au nom duquel ils sont dépensés.
Oualata, Ouadane,
Tichitt et
Chinguetti
sont encore enclavés, sans eau, sans écoles. Avec ces milliards
bêtement mobilisés, ces villes pouvaient aujourd’hui disposer des
universités islamiques les plus modernes, des bibliothèques sous
régionales les plus riches, des sites touristiques les plus attirants au
lieu de devenir l’espace de quarante huit heures un espace de
villégiature pour une poignée de
« touristes nationaux » qui y
pratiquent toutes sortes de débauche à travers étalage de luxueuses
voitures, dames exagérément maquillées, boubous aux dessins arabesques
les plus fantaisistes.
Les festivals des villes anciennes sont
véritablement une bonne trouvaille. Mais ils doivent constituer une
opportunité de sanctuariser le savoir et de le promouvoir, à travers les
conférences d’érudits ou de spécialistes dans tous les domaines, une
opportunité de revisiter la vie de nos Grands Oulémas qui ont toute leur
vie durant servi la cause de l’Islam et sa propagation dans la sous
région.
Ces festivals ne doivent pas être des kermesses frivoles
ou des foires d’exposition de mondanités que les troubadours de tout
acabit utilisent à des objectifs totalement inutiles. A voir l’ambiance
de ces festivals, l'impression est que le pays marche très bien,
économiquement, socialement et politiquement.
Or, au risque de
choquer les thuriféraires du système, la réalité montre que la situation
économique n’est pas si bonne que ça. Les conditions des populations,
la cherté des prix, la faiblesse du pouvoir d’achat sont des indicateurs
éloquents dans ce cadre. Socialement, les choses ne sont pas si
apaisées qu’on le pense.
Harratines par ci, passif humanitaire
par là, forgeron et fier de l’être là bas, et autres exacerbations
communautaires sur fond de tensions qui s’exacerbent de jour en jour.
Politiquement, comme le dit l’adage :
« Notre situation se substitue à notre questionnement ». Une majorité en éclats. Une opposition aux abois. Des élections qui ne finissent pas après deux ans de retard.
Six mois au plus d’élections présidentielles que seul Allah sait
comment elles se passeront. Entre la raclée du parti au pouvoir à
Néma aux dernières élections et le déplacement du Président vers
Oualata, il ya peut être un lien à retrouver. En tout cas, de tout temps, la vaste région du
Hodh Chargui a
toujours constitué un réservoir électoral important qui permettait
toujours au pouvoir en place d’assurer ses arrières. Les gens de l’Est
sont ils entrain de retrouver le Nord ? Peut être.
Sneiba.