mercredi 15 janvier 2014

Festival d’Oualata : L’Est retrouve le Nord

Festival d’Oualata : L’Est retrouve le Nord Encore une nouvelle édition du festival des villes anciennes. Cette fois, c’est au tour de la ville d’Oualata à plus de 1300 kilomètres à l’Est du pays (1317 exactement) d’accueillir cette manifestation qui visiblement draine toute la Mauritanie. Des Oulémas. Des ministres.

Des hommes d’affaires. Des hauts fonctionnaires. Des femmes de tous les horizons. Des troupes artistiques kaléidoscopiques. Des rescapés de tous les régimes depuis 1960 à nos jours en quête de promotion.

La preuve, l’ancien premier ministre, Mohamed Lemine Ould Be Ould Guig, un oualatois BCBG était bien placé devant le Président entouré de quelques notables de sa vieille ville qui devraient normalement intervenir en sa faveur pour revenir dans les bonnes grâces du pouvoir.

Quasiment, tous les responsables étaient là : ADG de la SNIM, Président de la zone franche de Nouadhibou, nouveaux et anciens élus et bien d’autres encore pour se faire voir par un Président bizarrement enturbanné et flanqué d’une ministre qui fait son baptême de feu avec des « manif » de ce genre. Seuls les morts que Dieu ait leurs âmes étaient absents.

Rien à envier aux scènes populaires que suscitaient les déplacements carnavalesques du Président renversé en 2005, Maouiya Ould Sid’ Ahmed Taya. Les mêmes soirées culturelles. Les mêmes poèmes. Les mêmes poètes. Les mêmes thèmes. Un véritable cinéma de mauvais goût pour lequel l’Etat dépense des montants très importants dont la gestion est incontestablement douteuse.

Un véritable gâchis au pays de la lutte contre la gabegie. De l’argent systématiquement mobilisé pour une affaire dont l’inutilité est évidente. L’avenir très proche démontrera quels étaient les vrais mobiles de ce gaspillage organisé. Ces millions claqués si banalement et si insidieusement pouvaient bien servir à développer ces cités anciennes au nom duquel ils sont dépensés.

Oualata, Ouadane, Tichitt et Chinguetti sont encore enclavés, sans eau, sans écoles. Avec ces milliards bêtement mobilisés, ces villes pouvaient aujourd’hui disposer des universités islamiques les plus modernes, des bibliothèques sous régionales les plus riches, des sites touristiques les plus attirants au lieu de devenir l’espace de quarante huit heures un espace de villégiature pour une poignée de « touristes nationaux » qui y pratiquent toutes sortes de débauche à travers étalage de luxueuses voitures, dames exagérément maquillées, boubous aux dessins arabesques les plus fantaisistes.

Les festivals des villes anciennes sont véritablement une bonne trouvaille. Mais ils doivent constituer une opportunité de sanctuariser le savoir et de le promouvoir, à travers les conférences d’érudits ou de spécialistes dans tous les domaines, une opportunité de revisiter la vie de nos Grands Oulémas qui ont toute leur vie durant servi la cause de l’Islam et sa propagation dans la sous région.

Ces festivals ne doivent pas être des kermesses frivoles ou des foires d’exposition de mondanités que les troubadours de tout acabit utilisent à des objectifs totalement inutiles. A voir l’ambiance de ces festivals, l'impression est que le pays marche très bien, économiquement, socialement et politiquement.

Or, au risque de choquer les thuriféraires du système, la réalité montre que la situation économique n’est pas si bonne que ça. Les conditions des populations, la cherté des prix, la faiblesse du pouvoir d’achat sont des indicateurs éloquents dans ce cadre. Socialement, les choses ne sont pas si apaisées qu’on le pense.

Harratines par ci, passif humanitaire par là, forgeron et fier de l’être là bas, et autres exacerbations communautaires sur fond de tensions qui s’exacerbent de jour en jour. Politiquement, comme le dit l’adage : « Notre situation se substitue à notre questionnement ». Une majorité en éclats. Une opposition aux abois. Des élections qui ne finissent pas après deux ans de retard.

Six mois au plus d’élections présidentielles que seul Allah sait comment elles se passeront. Entre la raclée du parti au pouvoir à Néma aux dernières élections et le déplacement du Président vers Oualata, il ya peut être un lien à retrouver. En tout cas, de tout temps, la vaste région du Hodh Chargui a toujours constitué un réservoir électoral important qui permettait toujours au pouvoir en place d’assurer ses arrières. Les gens de l’Est sont ils entrain de retrouver le Nord ? Peut être.

Sneiba.

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