Un historien mauritanien a effectué un précieux travail de recherche sur les archives familiales de Oualata.
Ces documents racontent l’histoire des caravanes transsahariennes qui
faisaient escale dans cette cité carrefour, revenue au premier plan à
l’occasion du dernier festival des villes anciennes (13-16 janvier).
Les documents recueillis par l’historien Ahmed Maouloud Ould Eida révèlent de précieux enseignements sur les usages passés des habitants de Oualata, dans le sud de la Mauritanie.
La ville, inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1996, est restée longtemps une étape renommée sur la route des caravanes transsahariennes. Une véritable cité carrefour où les marchands s’échangeaient le sel du Sahara contre l’or du Soudan mais aussi les esclaves.
- Monsieur Ould Eida, quel genre de documents avez-vous trouvé à Oualata ?
- J’ai trouvé des documents que l’on appelle les kanânîch, ce sont des recueils pour toutes sortes de pièces documentaires. On y trouve des actes d’achat, de vente, de don, de mariage ou de divorce, des correspondances, des décisions de justice ou des témoignages de répartition d’héritage et d’autres documents comme les pièces comptables des caravanes «Zimam» qui sont très détaillées. Ces pièces servaient à faire l’inventaire des achats et des ventes.
On trouve également des détails sur les lieux de chargement et de déchargement. Certains de ces documents datent de la fin du 18ème siècle. Ce sont des pièces très précieuses. Elles nous rappellent que le commerce transsaharien était très bien organisé. J’ai également pu mettre la main sur un manuscrit très rare dans une bibliothèque. Son auteur se nomme Al-Akhdari. Il a écrit ce texte en pulaar mais il l'a calligraphié en arabe. C’était destiné aux peuls qui ne parlaient pas bien l’arabe.
- Depuis quand la ville de Oualata existe-t-elle ?
- On ne le sait pas exactement. Avant Oualata, il y avait un village soudanais nommé Birou et peuplé de populations noires. Ce village a subsisté jusqu’à l’occupation berbère. La ville de Oualata telle que nous la connaissons aujourd'hui a été fondée suite à la chute de l’empire du Ghana par des commerçants soninkés et arabo-bérbères qui fuyaient Koumbi-Saleh pour se réfugier à Birou.
Il y a une relation entre la chute de la capitale de l’empire du Ghana et la fondation de Oualata. Ce sont des agglomérations situées dans la région du Hodh, à la frontière entre deux mondes, le monde arabo-berbère et le Soudan. Deux mondes qui dépendaient de cette économie du sel et de l’or.
- Comment la ville a-t-elle évolué au fil du temps ?
- Le Ksar de Oualata tient une place prépondérante dans l’histoire de l’ouest saharien. Ses premiers habitants étaient des noirs du Sahel soudanais. Ils ont été chassés par les nouveaux arrivants berbères. Des tribus Sanhaja de la fraction Massoufa se sont ensuite installées dans la ville. Il s’agissait de guerriers mais fait étonnant, ce sont des hommes qui se sont instruits par la suite et qui sont devenus des érudits.
Le savoir islamique a été diffusé depuis Oualata vers Ouadane, Tichit, Chinguetti et les autres villes de la région. L’évolution de la culture arabo-musulmane dans les villes de Mauritanie au 18ème et 19ème n’est pas venue directement du Maroc.
- Y avait-il un mode de vie particulier à Oualata ?
- Les habitants de Oualata se sont bien acculturés avec les soudanais. Ils sont imprégnés d’influences soudanaises. Prenez les habitudes alimentaires. Les habitants de Oualata mangent très pimenté. Ils ont une variété de plats qu’on ne trouve pas ailleurs. Et cela est lié à l’acculturation avec les populations venues du Soudan. Ils ont également pris beaucoup des habitudes de vie de Tombouctou. Il y a une proximité géographique entre les deux cités.
- Les habitants des deux cités communiquaient beaucoup entre eux ?
- Plusieurs historiens évoquent les liens séculaires entre les deux villes. Les érudits de Tombouctou et de Ouadane échangeaient beaucoup. Les marocains établis à Tombouctou au début du 16ème siècle allaient parfois jusqu’à Oualata pour chercher les gens qui les fuyaient. Et les caravanes couvraient toute cette zone là. Au 17ème siècle, Mahmoud Saadi a écrit un ouvrage sur l’histoire du Soudan. Il affirme que la cité de Oualata a été fondée avant Tombouctou. Et selon lui, c’est après la fondation de Tombouctou que Oualata a commencé à perdre de son attrait dans la région.
- Oualata se caractérise aussi par son architecture très particulière avec notamment des façades richement décorées.
- Oui et c’est différent de Tichit, Chinguetti et Ouadane, des villes où la pierre sèche est utilisée dans la construction. A Oualata, on couvre la pierre sèche avec de l’argile, une caractéristique de l’architecture soudanaise. Il y a bien sur l’influence saharienne avec la pierre comme structure de base mais à Ouadane, on utilise une variété d’argile particulière afin de produire ces belles décorations murales.
En visitant la ville, on peut découvrir de très beaux monuments influencés à la fois par l’architecture soudanaise de Djenné et Tombouctou mais aussi par l’architecture saharienne telle qu’on la connaît à Chinguetti et Ouadane.
Les documents recueillis par l’historien Ahmed Maouloud Ould Eida révèlent de précieux enseignements sur les usages passés des habitants de Oualata, dans le sud de la Mauritanie.
La ville, inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1996, est restée longtemps une étape renommée sur la route des caravanes transsahariennes. Une véritable cité carrefour où les marchands s’échangeaient le sel du Sahara contre l’or du Soudan mais aussi les esclaves.
- Monsieur Ould Eida, quel genre de documents avez-vous trouvé à Oualata ?
- J’ai trouvé des documents que l’on appelle les kanânîch, ce sont des recueils pour toutes sortes de pièces documentaires. On y trouve des actes d’achat, de vente, de don, de mariage ou de divorce, des correspondances, des décisions de justice ou des témoignages de répartition d’héritage et d’autres documents comme les pièces comptables des caravanes «Zimam» qui sont très détaillées. Ces pièces servaient à faire l’inventaire des achats et des ventes.
«Le commerce transsaharien était très bien organisé»
On trouve également des détails sur les lieux de chargement et de déchargement. Certains de ces documents datent de la fin du 18ème siècle. Ce sont des pièces très précieuses. Elles nous rappellent que le commerce transsaharien était très bien organisé. J’ai également pu mettre la main sur un manuscrit très rare dans une bibliothèque. Son auteur se nomme Al-Akhdari. Il a écrit ce texte en pulaar mais il l'a calligraphié en arabe. C’était destiné aux peuls qui ne parlaient pas bien l’arabe.
- Depuis quand la ville de Oualata existe-t-elle ?
- On ne le sait pas exactement. Avant Oualata, il y avait un village soudanais nommé Birou et peuplé de populations noires. Ce village a subsisté jusqu’à l’occupation berbère. La ville de Oualata telle que nous la connaissons aujourd'hui a été fondée suite à la chute de l’empire du Ghana par des commerçants soninkés et arabo-bérbères qui fuyaient Koumbi-Saleh pour se réfugier à Birou.
Il y a une relation entre la chute de la capitale de l’empire du Ghana et la fondation de Oualata. Ce sont des agglomérations situées dans la région du Hodh, à la frontière entre deux mondes, le monde arabo-berbère et le Soudan. Deux mondes qui dépendaient de cette économie du sel et de l’or.
- Comment la ville a-t-elle évolué au fil du temps ?
- Le Ksar de Oualata tient une place prépondérante dans l’histoire de l’ouest saharien. Ses premiers habitants étaient des noirs du Sahel soudanais. Ils ont été chassés par les nouveaux arrivants berbères. Des tribus Sanhaja de la fraction Massoufa se sont ensuite installées dans la ville. Il s’agissait de guerriers mais fait étonnant, ce sont des hommes qui se sont instruits par la suite et qui sont devenus des érudits.
«Oualata tient une place prépondérante dans l’histoire de l’ouest saharien»
Le savoir islamique a été diffusé depuis Oualata vers Ouadane, Tichit, Chinguetti et les autres villes de la région. L’évolution de la culture arabo-musulmane dans les villes de Mauritanie au 18ème et 19ème n’est pas venue directement du Maroc.
- Y avait-il un mode de vie particulier à Oualata ?
- Les habitants de Oualata se sont bien acculturés avec les soudanais. Ils sont imprégnés d’influences soudanaises. Prenez les habitudes alimentaires. Les habitants de Oualata mangent très pimenté. Ils ont une variété de plats qu’on ne trouve pas ailleurs. Et cela est lié à l’acculturation avec les populations venues du Soudan. Ils ont également pris beaucoup des habitudes de vie de Tombouctou. Il y a une proximité géographique entre les deux cités.
- Les habitants des deux cités communiquaient beaucoup entre eux ?
- Plusieurs historiens évoquent les liens séculaires entre les deux villes. Les érudits de Tombouctou et de Ouadane échangeaient beaucoup. Les marocains établis à Tombouctou au début du 16ème siècle allaient parfois jusqu’à Oualata pour chercher les gens qui les fuyaient. Et les caravanes couvraient toute cette zone là. Au 17ème siècle, Mahmoud Saadi a écrit un ouvrage sur l’histoire du Soudan. Il affirme que la cité de Oualata a été fondée avant Tombouctou. Et selon lui, c’est après la fondation de Tombouctou que Oualata a commencé à perdre de son attrait dans la région.
- Oualata se caractérise aussi par son architecture très particulière avec notamment des façades richement décorées.
- Oui et c’est différent de Tichit, Chinguetti et Ouadane, des villes où la pierre sèche est utilisée dans la construction. A Oualata, on couvre la pierre sèche avec de l’argile, une caractéristique de l’architecture soudanaise. Il y a bien sur l’influence saharienne avec la pierre comme structure de base mais à Ouadane, on utilise une variété d’argile particulière afin de produire ces belles décorations murales.
En visitant la ville, on peut découvrir de très beaux monuments influencés à la fois par l’architecture soudanaise de Djenné et Tombouctou mais aussi par l’architecture saharienne telle qu’on la connaît à Chinguetti et Ouadane.
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