Ce raisonnement naïf permet certainement de donner une marge de manœuvre et une souplesse dans la gestion indispensable aux grandes entreprises engagées dans la concurrence internationale et devant prendre des décisions quelquefois rapides et risquées. Mais il est construit sur une hypothèse fondamentale, à savoir que le dirigeant de la SNIM est ‘au-dessus de tout soupçon’, qu’il est toujours sur la voie des ‘pères fondateurs’ que sont ISMAIL OULD AMAR et MOHAMED SALECK OULD HEYINE. Et pour être abrupt et tout à fait à jour, posons alors carrément la question : est ce que MOHAMED ABDALLAHI OULD OUDAA, puisque c’est lui qui tient les manettes actuellement, est de ces calibres-là ? Appartient-il à cette race-là?
Jugeons-en, à travers des exemples concrets :
1. Il y a d’abord son arrivée à la tête de la société qui n’a pas soulevé un grand enthousiasme, les cadres et employés de la société ayant plutôt de mauvais souvenirs de cet ancien responsable de la centrale électrique qui avait dû quitter la société dans des conditions plutôt embarrassantes. Première différence avec les ‘Pères Fondateurs’…
2. Le marché du montage de l’usine des Guelbs a constitué l’un des tests révélateurs de la conduite du nouvel ADG et de sa forte propension à tordre le cou aux procédures.
Le projet était dirigé par un cadre dont la compétence et la probité étaient reconnues de tous. Pour faire ‘main basse’ là-dessus et avoir les mains libres sur le grand magot qu’il représente, la première des choses à faire était de dégager ce responsable pour le faire remplacer par quelqu’un de plus docile, ce qui fut fait rapidement.
Puis après le lancement de l’appel d’offres et l’ouverture des plis de ce marché, l’on déclara le marché infructueux, des ‘salauds‘ d’indiens ayant eu la prétention d’être les moins-disants…
Après manipulation du cahier de charges, l’appel d’offres fut lancé une seconde fois pour permettre à des ‘amis espagnols’ de le remporter, en abaissant de seulement 60 millions d’Euros leur première offre. Le contrat qui fut signé avec eux stipulait clairement qu’il ne saurait donner lieu à des avenants. Malgré cette clause on ne peut plus explicite, un avenant fut bel et bien signé, qui permit aux ‘amis’ de compenser la baisse inexplicable de prix qu’ils ont dû faire pour obtenir le marché, sur lequel des retards considérables d’exécution ont été accusés par ailleurs. Deuxième sortie de la voie tracée par les ‘Pères fondateurs’….
3. Le nitrate d’ammonium utilisé comme explosif à caractère minier a carrément explosé avec le nouvel ADG, mais dans un autre sens. En effet, celui-ci a fait introduire dans ce segment aussi pointu et dangereux des approvisionnements et pour la première fois dans l’histoire de la SNIM, des Marocains, en lieu et place de fournisseurs connus dans l’industrie mondiale, passant outre les rapports techniques des services de la SNIM qui n’ont cessé de l’alerter sur la mauvaise qualité du nitrate marocain.
Bien plus, l’ADG promit à ces Marocains de construire avec eux en Mauritanie une usine de nitrate qui aura le monopole à vie des explosifs de la SNIM, mettant ainsi fin à la concurrence génératrice d’économies et de qualité. Des terrains sont d’ores et déjà attribués à ces marocains à Zouérate et Nouadhibou, pour réaliser leur projet. Troisième sortie du chemin des ‘Pères Fondateurs’…
4. Le Port Pétrolier est un autre exemple où l’ADG a dû recourir à la technique de la tricherie en deux temps, consistant d’abord à déclarer ‘infructueux’ l’appel d’offres, lorsque les ‘amis’ auxquels le marché est destiné ne viendraient pas en tête des évaluations et inciter ces amis à baisser anormalement les prix lors de la deuxième relance pour les compenser ensuite par des avenants..
Ainsi, une société espagnole possédant toutes les références nécessaires et ayant soumissionné pour 9 millions d’Euros, s’est vue refusé l’adjudication. L’appel d’offres fut lancé une seconde fois pour être remporté par une société chinoise avec 12 millions de dollars et…un avenant de 9 millions de dollars. Il est vrai que ces chinois avaient comme partenaire EHL WEDDADY, mais il est vrai aussi que les ‘Pères Fondateurs’ n’avaient pas laissé de recommandation particulière pour cette famille. Quatrième sortie de la piste…
5. Chami Steel est une société fantôme créée par l’ADG pour faire main basse sur la ferraille de la SNIM qui s’élève à plusieurs centaines de milliers de tonnes d’acier de très bonne qualité et donc plusieurs dizaines de millions d’Euros. Théoriquement, cette société est constituée entre la SAFA (filiale de la SNIM), la famille WEDDADY (encore elle) et un individu syrien (qui est-il, au fait)? Mais justement où est ce projet ? S’il existe, même à l’état embryonnaire, même au stade de la première pierre, pourquoi n’a pas est-il été présenté au Président Malien, IBK, lors de sa visite à Chami justement ? Où sont les fonds récoltés de la vente de la ferraille ? Où sont les apports de la famille WEDDADY et du Syrien dans la
Société ? Pourquoi la SAFA, filiale de la SNIM et sidérurgiste, vend-elle sa matière première (la ferraille) à un concurrent (Chami Steel) ? Autant de questions qui glaceraient le sang des ‘Pères Fondateurs’
6. Alors que la distribution des carnets de carburant était le cadeau que les gabegistes distribuaient à leurs amis et clientèles politiques, sous l’ancien régime, avec Monsieur OUDAA c’est le forage minier qui devient le cadeau banal que l’ADG donne aux hommes de salon et filles de joie présentées en femmes d’affaires. Ainsi, les marchés de forage miniers à 1 million de dollar l’unité sont-ils distribués de gré à gré, à tort et à travers. Cela rappelle bizarrement les fameux SE4 de la BCM il y a quelque temps. Voilà une dangereuse
sortie de piste que les ‘Pères Fondateurs’ ne pardonneront pas à ce jeune loup, décidément bien affamé…
7. S’il existe une preuve que M. OUDAA s’est senti véritablement libéré de quelque contrainte que ce soit dans la gestion de la société et qu’il n’a absolument aucun compte à rendre sur sa gestion, c’est lorsque l’intéressé a cru devoir prêter 15 milliards d’UM à la société privée en charge de la construction du nouvel aéroport international de Nouakchott. C’est là un cas d’irresponsabilité caractérisée qui se passe de tout commentaire, impossible à imaginer sous la gestion des ‘Pères Fondateurs’.
8. Au plan de la gestion des ressources humaines et des nominations aux postes de responsabilité de la société, l’attitude de M. OUDAA a été exactement celle d’un caporal bombardé au grade de général et promu à la tête d’une armée. En effet, le nouvel ADG a immédiatement commencé par écarter les vrais cadres sur lesquels la SNIM a longtemps reposé (KHALIFA, MOCTAR OULD TALEB, MOHAMED VALL OULD TLEIMIDI, DIDI OULD BIHA) pour les remplacer par des hommes de paille à sa dévotion.
Aujourd’hui, la SNIM n’a plus aucune crédibilité. Seul un prix encore élevé du minerai de fer permet de cacher l’énorme chaos dans lequel l’actuel ADG a durablement plongé la société. Mais l’arbre des prix peut-il continuer à cacher la forêt que constitue ce chaos ? Pour combien de temps encore ? Ne pourrait-on pas dire finalement qu’au niveau de la gestion des ressources humaines, M. OUDAA se démarque, là aussi nettement, de la ligne des ‘Pères Fondateurs’ ?
9. On ne saurait terminer cette longue énumération de frasques sans citer, à titre anecdotique, le petit cadeau de 50 millions d’UM offert par l’ADG ou plutôt le Roi OUDAA aux MOURABITOUNES. Cela rappelle les petits jetons que les flambeurs des grands casinos donnent comme pourboire au croupier lorsqu’ils font de gros gain. Là aussi, rien dans la voie des ‘Pères Fondateurs’ ne pouvait inspirer l’actuel ADG pour faire un tel geste, au moment où d’autres priorités l’interpellent dont la moindre n’est pas la nécessité de normaliser la situation des travailleurs dits ‘journaliers’. En fait et au terme de cette revue forcément incomplète car la transparence et la disponibilité de l’information ne sont pas la marque dominante de la société, une constatation simple s’impose : nous sommes bel et bien en présence d’un royaume s’étendant de Chami jusqu’à Bir Mogrein sur lequel règne en maitre absolu le Roi OUDAA, sans Cour des Comptes, sans IGE, sans morale, sans esprit des Pères Fondateurs de la SNIM dont le civisme, le patriotisme, la sobriété et le mépris pour l’argent constituaient à eux seuls des gages de bonne gestion.
Puisque le Roi OUDAA ne possède pas ces qualités, alors agissons vite pour arrêter ses frasques, il y a péril en la demeure .
Ely Salem Ould Bakar
Source : Mauriweb.info
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