vendredi 24 septembre 2010

La BAD évalue l’impact de la route bitumée M’Bégnick- Boghé sur les populations bénéficiaires





Une mission de la Banque Africaine de Développement (BAD) séjourne dans la Moughata’a de Boghé et de R’Kiz depuis le 19 septembre 2010 pour procéder à l’évaluation de l’impact de la réalisation de la route goudronnée qui relie Rosso à Boghé sur la vie des populations bénéficiaires.

Dans ce cas précis, la BAD s’intéresse au lot II du projet de cette route goudronnée, c'est-à-dire le tronçon M’Bégnick-Boghé, long de 111 kilomètres et financé par l’institution financière africaine et dont les travaux avaient été réalisée par la Société Nationale Chinoise des Travaux de Ponts et Chaussées (SNCTPC) entre 2003 et 2007.

Cette mission de la BAD est composée de M.Bendjebbour Abdelkrim expert en infrastructures, de M.Bah O Sid’Ahmed, de M. Léké Marin du côté BAD et du côté Mauritanien on notait la présence de M. Sidaty Gaye, coordinateur du projet DIT au MET ainsi que de monsieur Bâ, spécialiste de l’environnement.



De gauche à droite: SONG HAIBO (interprète SNCTPC), Bendjebbour Abdelkrim (Expert BAD), Léké Marin (Bad), Bah O Sid'Ahmed (Bad), Sidaty Gaye (coordinateur projet DIT au MET).


Face aux missionnaires de la BAD, le Hakem de la Moughata’a de Boghé, M. Ahmedna O Mohamed Lemine confortablement assis sur son bureau. A la réunion étaient conviés également plusieurs ONGs (New Vision, ADRI, AMAD et la Wold Vision) ainsi que la presse.


Après le mot introductif du chef de l’exécutif départemental qui a salué les effets positifs de ce projets sur le vécu quotidien des populations locales en affirmant : « le citoyen ressent beaucoup plus les investissements sur les projets structurants que les dépenses sur le consommable» car ajoute t-il « les premières réalisations demeurent ce qui n’est pas le cas pour les consommables».

Le maire absent à cette réunion était représenté par son adjoint M. Samba Lô. Ce dernier a dit toute sa joie et celle des populations de sa commune pour la réalisation de cet ouvrage qui dit-il contribuera à la construction de l’avenir de nos enfants.

Répondant à la question : « quelle perception de l’impact de la voie sur les gens ?» posée par M. Bendjebbour, le maire adjoint a fait un bref rappel historique du calvaire éprouvé naguère (avant la construction de la route) par les populations de l’Ouest du département pour se déplacer. Il cité son cas à l’époque où il enseignait dans cette zone. « je faisais deux jours à l'ouverture des classes pour accéder à Dar El Barka ». Et en période d’hivernage, il fallait obligatoirement emprunter une pirogue pour accéder dans les localités riveraines et il n y’avait pas d’autres choix.

Dans la foulée, il rappelé que l'ancien chef de canton, Kane Mame, père de l'actuel maire se déplaçait à bord d'une pirogue jusqu'à arriver sur le dièri (zone non inondable) et attendre des heures durant pour trouver un véhicule qui part sur Boghé ou ailleurs. Aujourd’hui la situation a radicalement changé avec l’avènement de la route a-t-il fait remarquer.

A sa suite, le chef du projet, Bendjebbour n’a pas manqué de faire part du sentiment de fierté, de la satisfaction (pour reprendre ses propres expressions) de la BAD après la réalisation de ce projet. « Nous sommes là pour mesurer l’impact de cette route sur la vie des populations en vue de la préparation du rapport de parachèvement de l’ouvrage» a indiqué l’expert de la BAD. Il a évoqué également les retombées du projet sur les populations. Il a cité les deux complexes scolaires construits à Lougatt (commune de Lixeîba) et à Dar El Barka ainsi que les forages.

Il a aussi souligné la souplesse des interventions du projet en affirmant à cet effet que plusieurs modifications ont été apportées dans la mise en œuvre du projet après beaucoup d’acrobaties à l’en croire. C’est dans ce cadre que s’inscrit l’aménagement d’un rond point au carrefour de la route reliant Rosso à Boghé. Des efforts ont été fait pour diminuer l’impact de la route sur l’environnement ont fait savoir les missionnaires de la banque.

Le représentant de New Vision, monsieur Samba Fall ainsi que M. Lom Djibril Amadou (délégué général de l’ONG ADRI) ont adressé de vifs remerciements à la BAD et à l’Etat Mauritanien pour avoir pensé à la réalisation de ce projet qui a désenclavé une bonne partie de la Moughata’a.

Quant à Abdoulaye Touré, chef du projet AMAD à Boghé, il a fait dit que son Ong intervient depuis 12 ans dans la région mais seulement dans sa partie Est et jamais à l’Ouest à cause de l’enclavement de cette zone. La construction de cette route a poussé l’Ong AMAD à s’intéresser désormais à la zone Ouest et de corriger ce déséquilibre.

Lô Djibril Malick membre de l’Ong ADRI a quant à lui déploré l’exiguïté de la largeur (6 mètres) de la route en souhaitant désormais que les largeurs de nos routes soient augmentées d’un mètre. Reprenant la parole, M. Bendjebbour a apporté une précision de taille en indiquant que ce projet de route est d’abord un projet du gouvernement Mauritanien proposé à la BAD qui a accepté de l’accompagner. Un projet qui a permis le recrutement d’une main d’œuvre locale et la construction de plusieurs autres infrastructures sociales.

Sur ce, l’un des participants a contredit l’Expert de la BAD en affirmant que le projet n’a pas offert des emplois à la main d’œuvre locale (aux jeunes du département de Boghé précisément) mais plutôt à d’autres citoyens Mauritaniens venus pour l’essentiel de Barkéol.

Toujours dans le même ordre d'idées l’intervenant en question a aussi rappelé les dégâts humains causés par les excavations de l’entreprise chinoise qui sur ces drames se rejetait la responsabilité avec le MET. Un discussion vive s’est prolongée sur ces deux points.

Et les missionnaires de la BAD n'ont pas manqué de prêter une oreille attentive à ces points soulevés contrairement aux cadres du MET qui ont tenté vainement de prendre la défense de leur ministère et celle de l’entreprise pour laisser entendre que les populations de Sayé avaient formulé une requête écrite auprès de l’entreprise pour que les zones d’emprunts soient conservées telles quelles afin de leur permettre d’y abreuver leurs animaux.

Là, monsieur Lom a averti que s’il n’existe pas d’écrit des populations de Sayé et de Miftah El Kheîr à cet effet, cela signifie que l’argent du contribuable Mauritanien doit être remboursé par l’entreprise qui a été payé pour la remise en état des excavations.

Sur ce point précis, Bendjebbour est catégorique : « la remise état des zones d’emprunts par l’entreprise à la fin des travaux est clairement stipulée dans le cahier des charges et une fois la période de garantie achevée, un procès verbal contradictoire impliquant les populations doit être établi ». Et pourtant, rien de tout ça n’a pas été fait. Si bien que le procès verbal de réception provisoire de la route a paraphé en catimini en fin 2007, à l’insu des maires des quatre communes du département de Boghé traversées par le tronçon M’Bégnick-Boghé. Dès lors, que dire des populations bénéficiaires elles?

En conclusion, les participants à cette réunion consacrée à l'évaluation de l'impact du projet s'accordent tous sur les avantages qu'offrent cette route pour les populations et son impact positif socioéconomique sur la vie des bénéficiaires. Elle a généré de nombreux emplois permanents en dehors des emplois non permanents, favorisé la sédentarisation des habitants de la zone, facilité le transport des produits agricoles et le développement du transport automobile et l'attraction des partenaires au développement vers le Brakna Ouest.

Les bénéficiaires ayant participé à cette rencontre se sont félicités de cette initiative de la BAD de faire le déplacement sur le terrain pour évaluer l'impact du projet sur les bénéficiaires et avec aussi les bénéficiaires en présence des différents acteurs du projet. Les ONGs conviées à cette réunion ont également adressé leurs remerciements au Hakem de les avoir associé à ce conclave. La mission a poursuivi sa tournée le lendemain dans la commune de Dar El Barka.

Il faut rappeler en fin que la mairie de Boghé que nous avons contacté après la réunion a nié l'existence d'un écrit émanant des populations de Sayé et demandant la transformation de l'excavation en une marre comme le laisse croire les cadres du MET. Celle-ci soutient plutôt avoir exigé la remise en état des zones d'emprunts avant de provoquer des noyades qui ont coûté la vie à des personnes.

Thièrno Souleymane CP Brakna

www.cridem.org


Source :
Le Quotidien de Nouakchott

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