
Les mauritaniens viennent, avec l’organisation du second tour, de
boucler leur marathon électoral. Que d’aspirants laissés en rade, que
d’espoirs d’entamer une carrière politique avortés !
C’est la dure loi de la démocratie : en même temps qu’elle promeut des
personnes, elle enferme aussi dans des déceptions corrosives et il faut
une dose de persévérance pour remonter la pente abrupte des
désenchantements électoraux. C’est pour vous entretenir d’un bel exemple
de sursaut que nous avons jugé utile de relater le cas de Monsieur
Bâ Yéro Sidi, député nouvellement élu de l’
UPR.
Le département de
Mbagne est frontalier au
Gorgol. Il est constitué de 4 grandes communes : celles de
Niabina-Garalol, d’
Edebaye Hijaj, de
Bagodine et enfin celle de
Mbagne.
Par des habitudes qui ont finalement participé de traditions, les
responsabilités de député et de sénateur revenaient de manière
sempiternelle aux communes de
Mbagne et de
Bagodine.
Le critère démographique ne pouvant expliquer un tel parti pris,
l’explication politique devenait la seule issue pour justifier la mise à
l’écart systématique des deux autres entités communales.
Cette année, à l’occasion des dernières consultations, les vieilles
habitudes ont été bousculées. Une vieille hégémonie est morte avec
l’investiture de
Bâ Yéro Sidi comme candidat député du
parti dominant l’échiquier politique mauritanien. Outre qu’on mettait
ainsi un terme à l’ostracisme dont sa commune fut toujours l’objet, le
pouvoir tirait aussi l’importante frange des Yirlabés du fond d’un
précipice où les régimes précédents, bernés par des experts en
contrevérités, la précipitèrent, dans le seul dessein de contrôler le
département.
La seule investiture de
Bâ Yéro Sidi constitue un pied
de nez aux cadres et intellectuels bouffis d’orgueil se croyant être les
seuls prédestinés aux charges électives. En jetant son dévolu sur le
fils de
Niabina, l’
UPR rappelle à tous
les rêveurs que les diplômes ne sont pas la condition sine qua non pour
servir qualitativement des populations qui attendent depuis des lustres
l’embellie dans leur grisaille quotidienne.
L’élection de
Bâ Yéro Sidi sonne aussi le glas des
dinosaures politiques du département. Une nouvelle classe politique,
plus généreuse et moins jouissive des prébendes du pouvoir, est en train
de prendre la relève. Sans les diplômes ronflants qui déconnectent des
réalités, cette nouvelle classe comprend mieux que sa devancière les
priorités ; elle sait, pour en être issue, les attentes des populations,
les priorités d’un village à un autre. Elle a le capital de générosité,
de courage et d’élévation essentiel pour défendre les électeurs qui
l’ont plébiscitée.
Elimane de
Dabbé et
Ardo Nguiril, Bâ Yéro Sidi
possède toutes les qualités pour ne pas être un député dormeur. N’en
déplaise aux spécialistes des manœuvres et des consignes de vote données
en catimini pour ne pas courroucer le Prince,
Bellou Bâ
et son colistier disposent d’une sensibilité, d’une capacité d’écoute
introuvable sous les cieux d’un département tiré à hue et à dia par des
notabilités politiques au crépuscule d’une carrière à évaluer dans les
années à venir.
La recomposition de notre paysage politique vient d’être lancée. De
nouvelles têtes feront leur apparition. Pour autant, il serait immoral
d’oublier les pionniers qui épaulèrent le député élu lorsqu’il débarqua
avec l’exaltante mission de présider notre mairie.
Thiam Mamadou Samba et son cadet
Thiam Samba Sally, vous n’êtes plus de ce monde mais cette consécration est la vôtre.
Jamais
Bellou Bâ n’oubliera votre soutien spontané,
jamais votre souvenir ne le quittera. Vous continuerez d’inspirer ses
actions de député, comme toutes les personnes qui ont cru à sa bonne
étoile et qui continuent, de manière désintéressée, à l’assister dans
ses lourdes responsabilités de cadre politique de l’
UPR.
Que Monsieur
Bâ Demba Hamel, ancien Maire de la commune, Monsieur
Niang Amadou Malal et
Aw Hawa Demba trouvent ici l’expression de toute notre reconnaissance. Ils furent, au même titre que
Bâ Hamadi Awdi, Bâ El hadj Hamadi Sidi et
Bâ Ousmane Hamadi, des artisans incontournables de la carrière politique du nouveau député.
Au commencement, il y eut une mairie. L’échec fut grand. Entré très
tardivement dans la danse, en dépit d’un ambitieux programme,
Bâ Yéro Sidi alias
Bellou arriva
surtout avec un ardent désir de soutenir les populations qu’il
assistait par des gestes répétés. Seulement, il comprenait parfaitement
l’adage chinois disant : «
Il vaut mieux apprendre quelqu’un à pêcher que de lui offrir au quotidien un poisson ».
L’envie de participer de manière concrète à l’amélioration du sort des
populations de notre commune fut sa motivation principale. Malgré son
investiture par le parti, l’
UDP, forte de la «
sainte » alliance au niveau de la localité de
Niabina, allait avoir raison de ses ambitions. Le candidat
Sao Abdoulaye recueillera l’essentiel des suffrages, en dépit d’une campagne osée de
Bâ Yéro Sidi qui perdra surtout par la dispersion de ses forces dans le
Pété et le
Pendé Diour.
Ce premier hic dans sa carrière sera vite transformé en source de
motivation et surtout servira à une redéfinition de son positionnement
dans l’arène politique départementale. Comme le fit naguère feu
Bâ Hamadi Issoum, ancien maire de la commune de
Niabina, Bâ Yéro Sidi se libéra très vite de la tutelle des gros pontes de
Bagodine gérant le département à leur guise.
Cela se traduisit concrètement par la mise sur pied d’un pôle des
Yirlabés affranchi de tout parrainage politique. Des initiatives furent
prises pour sensibiliser les villages concernés. Petit à petit, un front
Yirlabé sortit des chantiers, non pour s’accaparer de quelques
offrandes mais bien pour contester l’hégémonie des deux grands monstres
du
Hébiya.
Le premier effet de cette nouvelle attitude se traduisit par des
désertions de quelques niabinois supportant mal qu’un candidat de leur
village fût à la solde d’un quelconque parrain politique. Des
notabilités rallièrent
Bellou. A l’échelle départementale, des incursions eurent lieu dans les autres communes. Malgré le «
saupoudrage » dans quelques rencontres, le pôle du «
refus de toute tutelle » engrangea des victoires décisives.
Le plus dur consistait à gagner la confiance du parti. En investissant
Bellou dans le lot de ses candidats à la députation, l’
UPR a
surtout récompensé le militantisme désintéressé, le cadre politique
généreux prêt à bourse délier quand le parti vit des épreuves
essentielles.
Son élection récente couronne une carrière politique que d’aucuns
auraient tort de circonscrire à ces dernières années. Discrètement, sans
tambour ni trompette, il s’était naguère investi par ses actes et par
ses moyens financiers pour le triomphe des idées auxquelles il a
toujours cru. Cela nul ne peut le contester.
Désormais, le service du peuple dans l‘hémicycle sera son challenge.
A n’en pas douter, il réussira cette mission. Les populations de
Mbagne ont désormais un grand serviteur en attendant le colonel à a retraite
Ousmane Mangane, sénateur attendu par toute la commune de
Niabina-Garalol.
Soulèye Oumar Bâ