vendredi 29 avril 2011

Gorgol, une région à part




Peuplement, grandeur, péripéties et atouts Villes, villages, campagnes, exode rural, milieu urbain, milieu rural, et bien d’autres expressions et superlatifs reviennent le plus souvent dans le jargon des spécialistes du développement régional. Ces acceptions concernent également nos régions, qu’elles soient du nord ou du Sud, de l’Est ou de l’Ouest.

Plus d’un demi-siècle après l’indépendance, nos régions restent toujours au coeur de l’actualité du développement. A l’instar des autres localités du pays, Gorgol a-t-elle sa place dans le développement de la Mauritanie. Ould Abdel Aziz qui y séjourne actuellement semble répondre par l’affirmative.

Levier incontournable du développement du pays, Gorgol doit être au centre de toutes les stratégies de développement. Mais elle connaît un « développement manqué » qui reste une préoccupation au même titre que celui de tout le pays. Plusieurs interrogations restent toutefois d’actualité à propos de cette région.

Une réponse à celles-ci, loin d’être aisée, reste incontournable pour décrypter la place et le rôle que cette région peut jouer dans le processus du développement régional qui semble enclenché.

Les questions suivantes restent primordiales : un demi-siècle après l’indépendance, Gorgol peut elle impulser son propre développement, se prendre en charge et inscrire ses habitants dans une dynamique de quête de prospérité, toutes catégories de ruraux et de citadins confondues ?

Quels sont ses vrais atouts économiques, touristiques et politiques ? Comment les intégrer dans la dynamique du développement que veulent lancer les nouvelles autorités afin de faire face à un « gâchis du développement régional » qui persiste depuis l’indépendance ?

Géopolitique de la région Collectivité territoriale décentralisée, la wilaya du Gorgol représente la quatrième wilaya du pays et appartient à la zone dénommée : « Rural fleuve ». Elle est située à 435 km de Nouakchott, dans la partie sud du pays, et est limitée à l’est par le Guidimakha, à l’ouest par le Brakna, au nord par le Brakna et l’Assaba et au sud par le fleuve Sénégal.

La région, dont la capitale est Kaédi, comporte quatre préfectures: Kaédi, Monguel, Maghama et M’Bout et compte 29 communes rurales. Elle s’étend sur 13 600 km2. Son climat sahélien, généralement chaud et sec avec des pluies de juillet à octobre. La pluviométrie moyenne y est de 300 mm.

Se trouvant dans la zone sahélienne, elle recèle théoriquement de ce fait des potentialités bioclimatiques appréciables pour des aménagements forestiers et pastoraux. Mais les péripéties qu’elle a subies sous le règne de certains des premiers gouvernants du pays, ont retardé et même freiné son développement. Elle a payé un lourd tribut sous le règne de Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya.

Oubliée et même marginalisée dans certains plans du développement, Gorgol avait été dans les années 60 la citadelle de la Mauritanie. Visitée et adulée par de nombreux chefs d’Etat arabes et africains, à l’aube de notre indépendance, elle était restée l’ombre d’elle-même depuis. Est-ce la relance avec le Président Aziz ? D’aucuns y croient en tout cas fermement.

Cultes, conditions de vie

A lui seul, le département de Kaédi regroupe 42% de la population de la wilaya. Dans chaque département, la répartition de la population se caractérise par une focalisation sur la ville principale. Cette donne fait que près de 50% de la population est dite urbaine et déclenche une extrême dispersion de la population rurale: les villages ont en moyenne 309 habitants (233 dans la préfecture de M’Bout), et 50% d’entre eux ont moins de 100 habitants.

Foum Gleita, qui a pris une forte extension avec la construction du barrage et les aménagement hydro agricoles, et compte aujourd’hui plus de 7000 habitants, constitue une exception. De même, le long du Fleuve s’égrènent quelques villages plus importants: Koundel (2000 hab), Tufundé Civé (2500 hab), Dao ou encore Dollol (1600 hab)

Dans toute la région y compris dans les villes et même à Kaédi, une proportion très importante de la population vit de l’agriculture et de l’élevage, qui constituent les principales ressources du Gorgol. Selon les chiffres du Ministère du Développement Rural, 30 883 des 39 282 ménages recensés en 1994 sont des ménages agricoles

Dans la région du Gorgol, deux caractéristiques majeures déterminent la culture régionale. Il s’agit de l’islam avec une prédominance de la tidajnia (courant /confrérie musulmane) ainsi que la Hamallisme, une obédience de la Tijania.

La langue prédominante est le Poulaar, peuls, mais dont les origines peuvent venir de différentes communautés. Il en est de même pour les soninkés, qui regroupent les populations qui se sont acculturées, bien qu’issues d’un parent bambara, wolof ou autres. En plus des poular, les autres communautés : Soninké, Maures y affichent une forte présence.

Chacune de ces communautés a ses spécificités culturelles, même si la proximité (notamment à Kaédi) crée un melting-pot culturel. Gorgol a plus que jamais besoin d’un plan de développement ardemment réfléchi, intelligemment étudié et qui répond à toutes les aspirations économiques, culturelles, politiques des populations de la région.

Dr Anthioumana WAGUE,
Sociologue, Enseignant universitaire et Homme de Communication

Extrait des Archives de Mauritanies 1

haj_dia@yahoo.fr

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