mercredi 22 décembre 2010

L’UPR est –elle allergique à la langue française ?




Les émissaires du principal parti de la majorité présidentielle ont –ils reçu consigne de ne parler que hassaniya-Arabe ? Est-il interdit d’intervenir dans une autre langue dans les réunions et meetings de ce parti ?

C’est en substance les questions que je me pose et avec moi les autres personnes qui ont assisté à la rencontre organisée par la mission du parti ce 19 décembre au restaurant Halima de Nouadhibou.

Après un long exposé des objectifs de la mission de l’UPR à Nouadhibou, M.Mohamed Yahya Ould Horma vice président du parti, donne la parole aux participants pour des questions et contributions.

Sans aucun souci de savoir si les nombreux (une fois n’est pas coutume) militants négro-mauritaniens présents ont compris. Aucune traduction en langues nationales pulaar, Soninké et Wolof.

Les débats ont donc lieu intégralement en Hassaniya. Une trentaine d’intervenants en tout. Un seul francisant prendra la parole. Mine de rien, la tente se vide de ses éléments non arabisants ‘ parcequ’on n’a rien compris’ disent des femmes qui s’apprêtent à s’en aller. Personne ne leur prête la moindre attention.

Vient le tour des correspondants de presse .M.Ould Horma distribue la parole et feint d’ignorer les francophones. Après cinq confrères arabisants, il daigne désigner un francophone, précisant au passage que la presse est tendue ce soir’.

Quand celui qui écrit ces lignes prend la parole, il (je me) se fait le porte parole de ‘ceux qui n’avaient rien compris’ en insistant sur le caractère multilingue de la Mauritanie tel que défini par la constitution. Là, Ould Horma saute sur l’occasion : ‘ Qui êtes –vous ? Présentez-vous, c’est plus civilisé’. Je me présente. Et je finis mon intervention par :’ Pour mieux être compris ne trouvez-vous pas normal de recourir à la traduction étant donné que tout le monde ne parle pas Arabe ?’

Le vice président de l’UPR reprend le micro pour dire : ‘ Pourquoi vous ne parlez pas Arabe ? Personne ne vous a compris. Pourquoi cinquante ans après l’indépendance nous continuons à nous parler en français ?’ Je rétorque que je peux bien parler en poular, Soninké ou wolof.

-Pourquoi vous ne l’avez pas fait alors ?

- L’aurais-je fait que vous (Ould Horma ) n’auriez rien compris. Je vous mets au défi de prononcer un seul mot d’une autre langue nationale qui ne soit l’arabe. Vous et tous ceux qui se trouvent autour de la table (environ 20 personnes).

Cette anecdote est symbolique mais traduit de plus en plus le manque de tolérance et d’ouverture de nos élites. Que coûte une traduction, même ramassée, en français à défaut dans les autres langues nationales? Rien.

Après le premier ministre qui a dit un jour à un journaliste ‘ débrouillez –vous avec l’arabe’, la ministre de la culture qui dit que ‘les langues nationales sont un frein à l’évolution de l’arabe’, et d’autres, voila que le nouveau-parti –Etat remet le couvert. Est-ce la nouvelle orientation politique ? Non, si l’on se réfère au président de la République dans son discours de Dakar et son wolof impeccable. Même s’il a été censuré en partie par nos médias officiels. Alors ?

Ce refus de se voir interpeller en français tout en ne faisant aucun effort pour comprendre les autres langues nationales est le fait de petits chefs qui intimident ceux qui ne voient pas les choses comme eux. Il est aussi le fait de ceux qui, par lâcheté ou par peur d’être affublés de l’étiquette d’extrémistes, se taisent.

Ni les uns ni les autres ne rendent service au pays.

Athié Youssouph


www.cridem.org


Source :
Athié Youssouph

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