mercredi 22 décembre 2010

Brakna : Gros plan sur le site de rapatriés de Goural (commune d’Aleg).




Située à 4 kilomètres environ au sud de la ville d’Aleg, le site de rapatriés de Goural compte 236 familles où vivent 808 âmes environ. Revenues au bercail depuis le 5 avril 2008 à la suite de l’accord tripartite Gouvernements de la Mauritanie, du Sénégal et HCR, après 21 ans d’exil dans le camp de Ndioum (Sénégal), ces personnes vulnérables ont été logées dans des abris de fortune qui rappellent les camps de Goma.

Selon le chef du site, M. Oumar Amadou Sow, « le seul problème qui est aujourd’hui entièrement résolu est celui de l’eau grâce à un sondage réalisé par l’ANAIR et doté de deux bornes fontaines ». M. Sow a ensuite rappelé que pendant les 3 premiers mois qui ont suivi le rapatriement, le HCR avait apporté tous les 45 jours, 18 kg de riz, 1 litre d’huile et ½ kg de sucre par personne.

Parallèlement à cela, en 2008 et 2009, durant le mois bénit de Ramadan, l’ANAIR avait aussi apporté pour chaque foyer, 10 kg de sucre et 1 kg de thé.

Cette institution avait également octroyé un moulin, des vaches laitières (2 vaches pour les foyers de 1 à 8 personnes, 3 pour les foyers qui comptent plus de 9 personnes), clôturé une réserve fourragère de 100 ha, construit une mosquée, une salle de classe et un parc de vaccination.

Hormis ces réalisations, le tableau est peu reluisant car « beaucoup de problèmes cruciaux demeurent non résolus en dépit des multiples appels lancées aux autorités compétentes » (dixit le chef du site).

Parmi ceux-ci, on peut notamment citer l’habitat (les rares constructions disséminées dans le site ont été réalisées sur fonds propres de leurs propriétaires, le HCR n’ayant apporté jusque-là que des hangars), le manque d’enseignants lié surtout au non-renouvellement des contrats de deux maîtres recrutés l’année dernière par l’ANAIR en partenariat avec la DREN, le chômage des jeunes et le déficit alimentaire chronique.

Ces conditions peu favorables n’ont pas empêché des dizaines de femmes dont l’âge varie entre 23 et 55 ans de suivre des cours d’alphabétisation en langue Pulaar dans les locaux de l’aire de jeu pour enfants construit par le projet BRAWRRA de la World Vision. L’instructrice Kadiata Hamidou Bâ confie : « malgré nos moyens limités, nous nous efforçons d’éradiquer le fléau de l’analphabétisme qui touche surtout les femmes. Nous ne bénéficions pour l’instant d’aucun appui financier ou matériel mais cela n’a pas réduit notre détermination ».

A côté de ce site, vivent 78 autres familles soit 329 personnes environ qui étaient revenus du Sénégal depuis le 15 décembre 1997, avec l’accord de l’administration, sous l’égide du HCR. Si ces revenants de 1ère heure ont pu bénéficier de pièces d’état-civil et de certaines infrastructures de base (eau, salles de classes, centre d’alimentation communautaire), ils n’ont pas été jusque-là indemnisés pour les nombreux torts qu’on leur avait fait subir au moment des douloureux évènements.

En effet, la plupart avaient perdu leurs bétails à la suite des pillages consécutifs à la débandade d’alors. Dans une lettre datée du 2 juin 2010 adressée au président de la Commission nationale des droits de l’Homme, les familles concernées se plaignent de ne pas « être rétablies dans leurs droits » et de « n’avoir bénéficié d’aucune action particulière leur permettant d’être indemnisées des biens perdus ou réintégrées dans la vie active ».

Elles rappellent par la même occasion que « toutes les démarches auprès des autorités locales et nationales étaient restées infructueuses ».

Le chef du village, M. Bâ Ibrahima et les principaux notables du village (Samba El Hadj Bâ, Moctar Sow, Mika Amadou Bâ, Samba Mody Sy, Bâ Oumar Abdoul) lancent un appel solennel aux pouvoirs publics et à leurs partenaires pour une résolution rapide des problèmes susmentionnés auxquels s’ajoutent le manque d’équipements scolaires (salles de classes, tables-bancs), le déficit d’enseignants et le transport des élèves du secondaire.

Celui-ci était assuré par un minibus offert par l’UNICEF dans le cadre du projet "scolarisation des filles", en panne depuis plus de deux ans. Un devis de réparation qui dépasse les 200 000 UM avait été soumis à la commune mais le véhicule est toujours immobilisé au grand dam des dizaines d’élèves de Goural mais aussi de Lehleïwa et Taïba qui font le trajet parfois à pied pour effectuer leurs cours au lycée d’Aleg.

Malgré ces conditions déplorables, ces braves hommes et femmes continuent de mener un combat certes inégalé mais inoxydable contre les adversités et demeurent attaché à ce terroir qui a vu naître leurs parents qui y faisaient paître leurs troupeaux depuis le début des années 30.

Dia Abdoulaye

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