mercredi 29 septembre 2010

Mercenaires à la solde de Aqmi Un chercheur américain confirme le recrutement des «vétérans » du Polisario.



J. Peter Pham est un professeur à James Madison University à Harrisonburg, dans l’Etat de Virginie. Il a à son actif plusieurs publications et études sur l’Afrique et le Moyen-Orient. Dans une publication récente, il évoque le rôle indéniable du mercenariat qui renforce les capacités destructrices de l’Aqmi dans la région, rendue facile par le recrutement de mercenaires. Il pointe du doigt les «vétérans» du Polisario.

Pour J. Peter Pham, il ne fait l’ombre d’aucun doute que l’organisation terroriste Al Qaeda recrute de plus en plus de mercenaires aguerris pour parvenir à ses fins notamment pour renflouer ses caisses par les rançons versées par les pays européens dont les ressortissants sont kidnappés par ces mercenaires à la solde de Al Qaeda.

J. Peter Pham, qui alerte sur la gravité de cette tendance au recrutement dans les terreaux qui s’offre à l’organisation terroriste, cite entre autres le cas d’Omar Sahrawi.

Mais pour lui Omar Sahrawi n’a jamais fait partie de l’organisation de Al Qaeda au Maghreb Islamique (Aqmi). Il s’agirait bien selon lui d’un membre influent de l’oligarchie militaire du Polisario qui depuis de longues années déjà avait offert ses services à cette organisation et aux trafiquants de tout acabit. J. Peter Pham cite le cas de Omar Sahrawi convaincus en même temps que trois autres vétérans du Polisario, à savoir, Mohamed Salem Mohamed Ali Ould Rguibi, Mohamed Salem Hamoud et Nafii Ould Mohamed M’Barek, comme partie visible de l’iceberg.

Le rôle de Omar Sahrawi, dans le cadre de la prise d’otages espagnols de Accio Solidaria et de l’échange qui a suivi leur libération, conforte le chercheur dans ses analyses sur les liens étroits entre ces mercenaires « payés par Mokhtar Belmokhtar, Khaled Abou al-Abbas, Laâouar », commandant l’Aqmi au Sud du Sahel. Les mercenaires avaient été payés « pour organiser et exécuter » l’enlèvement des espagnols au profit de cette organisation terroriste.

Le chercheur met encore en évidence la participation de douze autres personnes mises en accusation par le procès de Nouakchott pour leur complicité avérée. Le chercheur regrette d’ailleurs que les tractations pour la libération des espagnols aient permis à Omar Sahrawi de servir de monnaie d’échange en plus des sommes faramineuses déboursées par Madrid pour récupérer ses citoyens de l’emprise des terroristes.

Mieux encore pour J. Peter Pham, l’attaque menée par les forces mauritaniennes et françaises qui ont tué six terroristes en juillet révèle diverses identités parmi les victimes. Toutes auraient été recrutées par l’Aqmi pour leur expérience militaire ou leur parfaite connaissances du terrain.

Même si cette étude ne fait que confirmer les suspicions corroborées par l’arrestation de Omar Sahrawi et de ses acolytes dans l’enlèvement des espagnols en Mauritanie, elle n’en offre pas moins une nouvelle intrigue sur les raisons de l’engagement des mercenaires dans le camp de la nébuleuse terroriste. Malgré les démentis «officiels » du Polisario, dépêchant des missions à Nouakchott, après l’arrestation du principal inculpé, la citation de «L’homme du désert » (Omar Sahrawi) dans l’enlèvement des otages espagnols, la revendication de sa libération par l’Aqmi ainsi que son implication présumée dans les trafics illicites prouvent que les mercenaires acquièrent un statut dangereux dans l’échiquier militaro-financier de l’Aqmi.

Les frontières mauritaniennes pendant longtemps poreuses à ces activités sont de plus en plus sécurisés notamment depuis la mise en place en décembre 2009 du corridor de sécurité et le démantèlement en février 2010 d’une colonne armée jusqu’aux dents, en possession de plusieurs tonnes de cocaïne. C’est peut être aussi pour cette raison –depuis que l’étau s’est resserré contre elle- que l’Aqmi tente de porter un coup dur au pays.

Mais pour J. Peter Pham, tous les pays de la région n’ont pas le même agenda face à cette dynamique de «prises d’otages qui offre aux terroristes les moyens dont ils ont besoin» pour continuer d’exister. Alors à qui pourrait profiter de cette anarchie terroriste aux frontières des Etats ? That’s the big question. De la réponse à cette interrogation fuse aussi celle en rapport avec l’efficience de la mise sur pied d’un commandement unifié de lutte contre le terrorisme dans la sous-région.

Jedna Deida



Source :
Le Quotidien de Nouakchott

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