dimanche 20 décembre 2009

Brakna: Champs menacés




Grâce à un excellent hivernage, les agriculteurs des plaines, barrages et oueds de la ville d’Aleg ont vaqué, très tôt, à leurs occupations champêtres. Déjà, les champs fleurissent, promettant, à leurs propriétaires, des récoltes satisfaisantes. Seulement, comme chaque année, les pauvres paysans sont confrontés aux traditionnels combats, sans merci, contre, d’une part, les oiseaux granivores et, d’autre part, un bétail constitué de vaches et de chèvres laissées en divagation par les gens de la ville. Généralement, ces troupeaux ravagent, impunément, champs et plantations, seul espoir de quelques vieux exploitants, en charge de familles nombreuses. A défaut de leur avoir fourni le grillage pour clôturer leurs champs, les autorités devraient, au moins, les mettre à l’abri des troupeaux divagateurs des éleveurs irresponsables. Pour cela, la mairie devrait engager une opération de fourrière et sévir, fortement, contre ceux qui saccagent, par le biais de leurs bêtes, les efforts méritoires de pauvres gueux qui ne demandent que justice leur soit rendue, équitablement, en cas de préjudices.

Pagaille et flambée des prix
Les prix des denrées de première nécessité flambent, au Brakna. Certains des habitants des villages, sis au bord du fleuve, choisissent de faire leur marché sur l’autre rive. Car, ici, c’est une véritable pagaille. Sans instance de contrôle, les commerçants font ce qu’ils veulent. Comme eux, les vendeurs de viande, de poisson, de mil et autre denrée vitale fixent leurs prix, à leur seule convenance. Au Brakna, surtout à Aleg, à Magta Lahjar et à Boghé, c’est le laisser-aller total. Une vraie jungle. Les éternelles recommandations du président de la République de contribuer, à tous les niveaux, à l’émergence d’une administration moderne sont tombées dans des oreilles de sourds. Les chefs de services régionaux ne sont que rarement dans leurs bureaux. Certains peuvent rester, toute une semaine, à la maison, s’adonnant à bien d’autres occupations, sans aucun rapport avec leur emploi officiel. D’autres, préférant se la couler douce, aux confins du lac d’Aleg, y chassent, à coups de fusil, le volatile. Une vraie pagaille qui ressemble à la Seyba d’avant les colons.

Dren du Brakna : lacunes
A la direction régionale du Brakna, rien ne va. Malgré le grand nombre d’enseignants et de professeurs qui y sont affectés, certaines écoles manquent, cruellement, d’encadreurs. Alors qu’au sud, il y a un surplus d’instituteurs de français et un manque d’enseignants d’arabe, le centre et l’est de la wilaya souffrent, tout au contraire, d’un excédent d’arabisants et d’une carence de francisants. Pourquoi cette incapacité de la direction régionale à équilibrer son personnel, en rapport avec la carte scolaire? Pourquoi une école dispose-t-elle d’un complément d’effectifs, alors qu’une autre déplore un manque d’instituteurs? Il y a, certainement, anguille sous roche. L’éducation s’accommode mal de la politique et des considérations d’un autre âge. Laisser un instituteur de français traîner, sans affectation, à Boghé, ou un autre d’arabe vadrouiller, à Magta lahjar, alors que de petits enfants, dans les deux villes, souffrent, justement, d’un manque d’enseignants dans l’une ou l’autre langue. Pourquoi? Parce qu’un notable, un opérateur politique, député ou autre a demandé de négliger cette personne? Quel infantilisme irresponsable! Les femmes sont légion, dans l’enseignement, surtout au fondamental. Pourquoi les confiner, toutes, en ville, alors que les écoles de brousse égalent pratiquement, aujourd’hui, les écoles urbaines? Un enseignant est un enseignant. Homme ou femme, il n’a de droits que ceux que prévoient la Convention Collective ou les textes qui régissent la fonction publique de la République Islamique de Mauritanie. Lui en octroyer d’autres, sur la base du genre, est injustifiable. Tout comme présenter l’ensemble du personnel, à l’occasion des visites officielles, et le «remettre à sa place», une fois les missions de retour à Nouakchott, est irresponsable. Comment développer l’éducation, quand les moyens humains sont injustement répartis, les moyens matériels, mal entretenus, et les moyens financiers, détournés?
Sneiba

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