jeudi 2 juin 2011

Mauritanie : Ould Aziz marchande ses eaux territoriales




Le bateau usine chinois « Lafayette » est depuis quelque temps dans les eaux territoriales de la Mauritanie suite à un accord avec le gouvernement de Ould Laghdaf.

Une révélation de la fédération du principal parti de l’opposition RFD (Rassemblement des forces Démocratiques) dans la capitale économique du pays publiée par le site Cridem dans une déclaration très alarmante qui précise que ce monstre flottant procède actuellement par chalutage en bœuf, une technique pourtant interdite en Mauritanie et dans beaucoup de pays.

Il est appuyé par plusieurs navires capteurs qui l’approvisionnent. C’est clair pour les observateurs, Ould Aziz est entrain de marchander ses eaux territoriales et risque de mettre en péril l’ensemble de l’écosystème mauritanien.

Le secteur de la pêche est encore une fois en danger. Un mastodonte chinois est entrain de piller les côtes mauritaniennes depuis quelques mois. D’une capacité de stockage de 300 000 tonnes soit l’équivalent de la production annuelle aujourd’hui de la Mauritanie et de congélation avoisinant 1500 tonnes de poissons par jour, « Lafayette » inquiète beaucoup l’opposition et les observateurs .Et le timing n’est pas du tout favorable aux mauritaniens.

En effet, ce sont les ressources halieutiques notamment pour les pélagiques et surtout le calamar dans cette zone très poissonneuse qui vont bientôt disparaître. Après avoir voulu brader les terres agricoles du Sud le président Ould Aziz change de cap en légalisant l’usage de ce genre de chalut par les chinois.

Cette marchandisation des eaux territoriales par la chinafrique risque d’avoir des conséquences énormes non seulement sur les recettes d’exportation du pays mais aussi sur l’environnement, la politique d’emploi et la sécurité alimentaire. C’est incontestable.

La pêche à elle seule assure plus de la moitié des exportations mauritaniennes et 10 pour cent du PIB et contribue au budget national à hauteur de 29 pour cent avec une production annuelle qui ne cesse d’augmenter avoisinant 300 000 tonnes grâce à des mesures drastiques gouvernementales de régénération des fonds marins.

Ce complexe industriel flottant chinois aux larges des côtes de Nouadhibou, la capitale économique pourrait entraîner d’énormes pertes économiques avec des dommages collatéraux marins incommensurables surtout si l’on sait que « Lafayette » est un super consommateur d’huiles avec un dégazage en mer horrible parce ne disposant d’aucune installation de recyclage de ces produits. Et pourtant la réglementation internationale l’exige.

La chinafrique, l’autre partenariat avec l’Afrique peut faire mal. D’un côté les chinois pillent et polluent la mer ,de l’autre investissent en Mauritanie en octroyant récemment une aide de 100 millions de dollars pour construire prochainement une usine moderne de transformation de poisson et créer 2500 emplois directs .

De fait la Chine participe activement depuis des années à construire des routes, des hôpitaux, des bâtiments officiels dans Nouakchott comme à l’intérieur du pays. Le plus beau fleuron de la coopération sino-mauritanienne restera le Port de la capitale dit « Amitié » en eau profonde.

Discrets et polis, les chinois sont appréciés par les mauritaniens. Mais la face cachée de la marchandisation des océans est un désastre pour l’environnement. A ce juste titre au niveau de la protection de l’écosystème, la Mauritanie n’est pas le Chili, dernier pays à se débarrasser rapidement avant qu’il ne soit trop tard de ce géant flottant pollueur et destructeur chinois grâce à l’Association des Industries de Pêche qui avait pris les soins d’intenter un procès contre le gouvernement chilien.

Le RFD va plus loin dans sa déclaration en soulignant que la Mauritanie est le seul pays jusqu’ici à prendre en compte le TJB c'est-à-dire Tonnage, Jauge et Brut au lieu d’appliquer la politique des quotas à l’instar des autres pays du monde d’où l’énorme danger que peut avoir un tel genre de bateau sur les ressources halieutiques .

Le danger porte également sur l’emploi au moment où le gouvernement de Ould Laghdaf dans le secteur du pélagique promet à 250 chômeurs de longue durée notamment des marins pêcheurs à retrouver du travail. Le secteur de la pêche est le deuxième pilier important de la Mauritanie après celui du minier. Il gère à lui seul près de 45 000 emplois soit 36 pour cent de l’emploi national.

Si l’on considère que la capacité de tonnage du bateau usine chinois équivaut aux captures annuelles de tous les navires de l’Union Européenne, le gouvernement de Ould Laghdaf devra parer à ce manque à gagner d’autant plus que Nouakchott avait reçu une enveloppe de 76 millions d’euros jusqu’en 2012 en échange de 110 bateaux dans ses eaux territoriales.

Cette nouvelle situation de pillage des ressources halieutiques risque de coûter cher au président des pauvres s’il ne rectifie pas le tir. Déjà que 76 pour cent des mauritaniens vivent en dessous du seuil de pauvreté c’est le contribuable qui pourrait en payer les frais. Du grain à moudre pour les partis politiques, les parlementaires, les syndicats et la société civile à quelques mois des législatives et municipales.




www.cridem.org


Source :
Baba Kane

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