mardi 25 janvier 2011
Un motif peut en cacher un autre : La vraie raison du déplacement de Maty Mint Hamady à Nouadhibou.
Notre capitale économique en proie à une crise de l’emploi, a vu débarquer dans la ville, Mme Maty Mint Hamadi ministre de la fonction publique et de la modernisation de l’administration, dépêchée par le président de la république, Mohamed Ould Abdel Aziz, à l’effet de désamorcer la bombe sociale qui couve sur la problématique de l’emploi dans la wilaya.
Il est vrai que le chômage frappe de plein fouet Nouadhibou, mais il n’est pas évident que ce soit forcément les migrants illégaux qui sont à l’origine des déboires des nationaux sans emploi dans la capitale économique.
En vérité derrière ce déplacement, se cachait une mission toute autre, nous semble t-il. Celle de mobiliser sous des prétextes fallacieux, les autorités administratives régionales, les employeurs et les syndicats contre ces illégaux sans papier.
Avouons-le, les mesures que les pouvoirs publics veulent prendre à l’encontre de ces nombreux étrangers sans papier à Nouadhibou, paraît s’inscrire dans la droite ligne de la lutte contre l’immigration clandestine conformément aux directives européennes. Pointer du doigt ces sans papiers comme étant des « voleurs d’emplois » dans la capitale économique n’est que pure diversion pour masquer les réalités amères que vivent les chômeurs de la capitale économique.
La réalité est toute autre.
La problématique de l’emploi est beaucoup plus complexe qu’elle ne paraît. Elle ne date pas d’aujourd’hui. Les cycles répétitifs de sécheresse, faut-il le rappeler, ont provoqué d’importants mouvements de sédentarisation des nomades et l’émigration d’une bonne partie de la population à l’étranger. L’incidence de la pauvreté est plus forte chez les ménages féminins notamment à Nouakchott et dans les villes du centre nord.
En milieu urbain, la pauvreté se caractérise par un taux élevé de chômage et de sous-emploi. Pour rappel, la problématique de l’emploi en Mauritanie se caractérise d’une part, par la crise de l’emploi salarié, et d’autre part, par l’évolution rapide de la population active. Le taux de chômage reste toujours élevé, malgré une baisse de 0,80 point sur la base d’un rapport du gouvernement qui indique que le taux de chômage dans le pays en 2009 était de 32%, pour revenir à 31,2% en 2010.
L’économie informelle et les activités à faible valeur ajoutée ont largement contribué à la création d’emplois dans le pays, au cours de la dernière décennie. C’est ainsi que le secteur informel emploie 85% de la main d’œuvre active soit, si l’on en croît les chiffres officiels 914 352 personnes.
Et 777 000 d’entre eux sont sans contrats de travail, sans protection sociale, ni droit à la retraite. Les non permanents dans le secteur public représentent près de 12 000 employés. Le secteur privé, seul capable de générer des opportunités d’emplois, est pour le moment, sans grandes envergures par rapport à la politique de l’emploi dans le pays, en raison notamment de l’absence d’une « inspection permanente du travail et l’application de la législation du travail ».
Les secteurs du bâtiment, du transport, de la santé et du commerce, sont capables d’absorber la main d’œuvre nationale, mais restent pour la plupart mal organisés et marqués par une précarité grandissante, selon la CGTM.
Les solutions pérennes et viables.
S’y attaquer sérieusement implique de connaître dans la clarté, la courbe des emplois dans notre pays et le taux de chômage des jeunes universitaires, des non instruits sans emploi, de connaître également les actions menées par le gouvernement sur la création des emplois jeunes, le taux de financement des programmes et des projets créateurs d’emplois en 2010. Questions que nos députés à l’Assemblée nationale auraient pu poser au ministre de la fonction publique lors de son passage devant les députes.
Le travail est un droit et un devoir sacré pour chaque Mauritanien. Plutôt que de s’en prendre aux migrants, les pouvoirs publics ne l’ignorent pas, l’impossibilité d’obtenir un emploi –qu’il soit ou non rémunérateur- est le problème le plus criant dans tous les groupes sociaux de la République.
Le problème est particulièrement grave pour les jeunes. Le taux de chômage pour ceux-là reste très élevé par rapport à celui des adultes. En outre, même si l’emploi est une priorité du gouvernement, sa politique et sa vision manquent de clarté au regard du vécu quotidien dans le marché du travail. Le service de la main d’oeuvre évolue dans une totale opacité.
Dès lors, pour se tirer de la mauvaise dans laquelle elles sont, les autorités nationales ont tout intérêt à prendre le taureau par les cornes en déclinant une vision claire en matière de création d’emplois à court, moyen et long termes. Pour cela, il est important de répertorier les projets porteurs d’emplois à répartir pouvant générer des emplois pour l’année 2011 dans le secteur public, sans compter les emplois indirects qui en découleraient.
Seulement il y a lieu de ne pas oublier l’Agriculture et le Développement rural qui sont les principaux gisements d’emplois dans notre pays. Car ces deux secteurs peuvent totaliser à eux seuls la majorité des emplois à créer si tous les projets de ce departement ministériel sont exécutés.
Autrement dit, c’est en investissant dans l’agriculture que le pays peut réduire sensiblement le chômage en général et le chômage rural en particulier. Outre ces deux secteurs, le troisième du point de vue de la capacité à offrir des emplois, c’est celui des infrastructures avec une approche de Haute Intensité de la Main-d’oeuvre (HIMO).
Sur ce plan, force est de constater que de gros efforts sont déployés déjà par les pouvoirs publics il reste beaucoup à faire.
En ce qui concerne l’emploi des jeunes, il y a lieu que le ministère de la fonction publique et celui chargé de l’emploi et de la formation professionnelle travaillent en synergie, pour concevoir ensemble différents projets susceptibles de générer des emplois en faveur des jeunes. Toutefois, comme l’indique un expert, il faut distinguer deux catégories de jeunes, en l’occurrence, les jeunes qualifiés et ceux non qualifiés.
Pour la première catégorie, c’est-à-dire les jeunes diplômés demandeurs d’emploi, explique t-il, ils sont généralement confrontés aux exigences des entreprises qui requièrent un minimum d’expérience professionnelle.
Quant aux jeunes non qualifiés demandeurs d’emploi, le problème est plus complexe, car il leur faut, selon les cas, des formations spécialisées pour les rendre compétitifs sur le marché de l’emploi.
Il n’est pas tard pour corriger.
Reste à savoir comment répertorier les chômeurs dans ce vaste pays ? Avec un minimum de volonté, les deux départements ministériels peuvent mettre en place un cadre de concertation avec tous les acteurs du secteur sur le sujet. A ce qu’il paraît, il y a lieu d’impliquer totalement les autorités administratives dans les différentes régions dans l’opération d’identification des chômeurs, et aussi dans l’enrichissement de la politique nationale de l’Emploi et de la formation professionnelle. De la sorte, la problématique de l’emploi sera globalement prise en compte, tant au niveau central que régional.
Moussa Diop
www.cridem.org
Source :
Le Quotidien de Nouakchott
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