dimanche 10 octobre 2010

Point Afrique reprend ses vols vers l’Adrar malgré les consignes de Paris.




Quelques jours après l’enlèvement de sept personnes au Niger mi septembre, le tour opérateur Point Afrique avait renoncé à cinq de ses sept destinations dans le Sahel. Mais depuis, le président du voyagiste Point Afrique a changé d’avis.

Maurice Freund vient de passer une semaine en Mauritanie, et le 9 octobre, il a annoncé la reprise des vols vers l’Adrar, la région la plus touristique du pays. Et cela, malgré l’avis contraire du ministère français des Affaires étrangères.

Le 22 septembre dernier Maurice Freund annonçait la suppression de 5 des 7 destinations sahéliennes du Point Afrique au Mali, en Algérie, et au Niger. Seule Mopti restait ouverte.

Atar en Mauritanie était suspendue jusqu’à nouvel ordre. Fin août, le ministère français des Affaires étrangères a en effet durci les consignes de sécurité. Si Atar restait en vigilance orange, la ville touristique de Chinguetti était désormais en zone rouge, formellement déconseillée.

Malgré ces consignes, après une semaine passée en Mauritanie au cours de laquelle il s’est rendu à Chinguetti où il a rencontré le président mauritanien et les hautes autorités sécuritaires du pays, Maurice Freund a décidé de reprendre les vols vers Atar :

« Je ne vois pas en quoi il y a moins de sécurité aujourd’hui, qu’il en avait il y a six mois en arrière. Ce serait plutôt l’inverse. Donc, pourquoi j’arrêterai les vols ? Pour faire plaisir au Quai d’Orsay ? En ce qui concerne le sud algérien, le nord du Niger et le nord du Mali, je m’aligne sur cela. En ce qui concerne la Mauritanie, je suis en total désaccord avec la lecture des pouvoirs français. Aujourd’hui, le seul frein qui pourrait rester, un frein qui devient économique, le frein sécuritaire n’existant pas. Donc le 19 décembre, on est censé repartir pour assurer des vols Paris-Adar ».

Reste à savoir si les voyageurs seront au rendez-vous. Maurice Freund assure que toutes les mesures ont été prises pour assurer leur sécurité. Sensibilisation des populations locales, formation de guides équipés de balises Argos, définition des procédures d’intervention, le tout mis en place sous la supervision d’anciens agents du contrespionnage français.

En 2007, 12 000 touristes avaient visité la Mauritanie avec Point Afrique. L’année dernière, ils n’étaient que 1 500.

Le secteur du tourisme en berne dans le Nord-Niger.

Lors de la prise d’otages d’Arlitt des agences de voyage se trouvaient avec des touristes autour d’Agadez. Les circuits ont été immédiatement interrompus puis détournés vers les régions avoisinantes. Les autorités se seraient bien passées de cette mauvaise publicité et regrettent l’amalgame qui est fait aujourd’hui.

Selon Ibrahim Boubacar secrétaire général-adjoint au ministère du Tourisme, de l’Artisanat et du Transport, « il y a des régions qui ne sont pas du tout concernées mais qu’on met avec celles qui ne sont pas sécurisées et cela nous fait beaucoup de tord. Des produits en fait très prisés et qu’on ne peut pas exploiter ».

En attendant que l’Aïr soit ré-ouvert aux touristes, Niamey fait la promotion du Ténéré et mise sur des offres plus culturelles dans d’autres régions. « Les régions concernées sont surtout la bande sud du pays mais surtout l’ouest du Niger où nous avons donc un autre produit, le produit fleuves et parcs », déclare Ibrahim Boubacar.

Il y a quelques années encore, 70% des touristes au Niger venaient de la France. Aujourd’hui les recommandations du Quai d’Orsay pour toute la moitié nord du pays sont très strictes.« Le tourisme n’est pas un sujet d’actualité pour nous », confie une voix française autorisée.

Message reçu par les Nigériens : « Nous nous tournons vers d’autres marchés et émetteurs que nous explorons pour le moment, parce qu’il ne faut pas se laisser abattre comme cela. Toujours est-il, le marché français est très important pour nous. Il sera très difficile de s’en passer ».

Ils ne sont pas nombreux, c’est vrai, mais il y avait la semaine dernière des groupes de touristes espagnols, italiens et japonais aux portes du désert nigérien.

www.cridem.org


Source :
Radio France Internationale

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