vendredi 9 juillet 2010

ASSABA : La rudesse du climat et de la vie




La wilaya de l’Assaba connaît, depuis quelques mois, une période de misère et d’incertitudes, sans précédent. Sur le plan climatique, la fréquence de l’Irivi (variété locale de l’Harmattan) entraîne une violente érosion qui travestit l’humain, la faune et la flore d’un blanc linceul. Le mercure affiche, en moyenne, 41° et la vie devient presque insupportable. Les spécialistes de la santé sont inquiets et parlent d’une véritable canicule. Plusieurs victimes d’insolation, de brûlures de la peau et de déshydratation sont traitées à l’hôpital régional. La végétation se rétrécit, se dessèche et prend un aspect moribond.
Les pâturages deviennent rares, limités au sud de la moughataa de Kankossa, à la frontière avec le Mali. Aussi assiste-t-on, depuis quelques semaines, à une véritable ruée vers le Sud. Plusieurs centaines d’éleveurs, à la tête de milliers de bovins et d’ovins, se bousculent en quête du moindre lopin de pâturage, pour leurs bêtes affamées. En complément d’aliments pour les bestiaux, les éleveurs dépensent des centaines de mille, voire des millions, pour acheter fourrages et foins, dans l’espoir de venir à bout de cette interminable saison sèche.
La migration se fait aussi vers l’Ouest, en direction de Nouakchott. La famille (la mère et les enfants) se déplace à Nouakchott, pour être recueilli dans une famille de proches et passer quelques semaines de «vacances», sous un climat plus clément et dans des conditions plus aisées.
Mais la majorité de la population de la wilaya demeure sur place, résignée et prostrée dans un très pitoyable état. Les conditions socio-économiques deviennent de plus en plus difficiles et le petit peuple en souffre profondément. Les prix des denrées de première nécessité atteignent des seuils insupportables et contribuent à appauvrir de plus en plus les foyers à faible revenu. Le taux de chômage s’est multiplié par deux. Les jeunes qui travaillaient dans le bâtiment et les boulangeries se retrouvent dans la rue, voués à l’attente et à l’oisiveté. Le manque de financement des secteurs générateurs d’emplois condamne ces derniers au ralentissement et même à la mort. Cette absence de capitaux oblige les petits marchands (vendeurs ambulants, courtiers, etc.) à abandonner leurs activités, jadis très lucratives, pour migrer vers le Mali ou plus loin encore, en quête d’une vie meilleure.
Les organismes et ONGs de bienfaisance qui intervenaient sont, pour la plupart, inactifs et hésitants: le PDRC et le FNUAP ont du mal à redémarrer; le PAM et la WORLD VISION font du travail ponctuel, sans grand rendement pour la population. Mais le grand absent de l’échiquier régional reste l’autorité publique. Elle n’est là que pour exprimer son incapacité à trouver des solutions aux problèmes vécus par les citoyens. «Pas de moyens, pas de moyens», répète-t-elle à l’envi .Alors, Bruxelles a donné mais nous, en Assaba, on attend, on attend… Quoi? Peut-être les dîmes d’Ankara ou de Téheran!

Cheikh Ould Ahmed

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