lundi 17 mai 2010

Brakna : Le Congrès Fédéral de l’UPR se termine dans la contestation.



Malgré les efforts immenses déployés par les principaux leaders politiques de l’Union pour la République (Mohamed Abdallahi O Ouda’a, ministre des Mines et de l’Industrie ; Bâ Bocar Soulé, ancien ministre, Wagne Abdoulaye Idriss, ex-ministre, Bâ Abdoulaye Mamadou, Chargé de Mission à la présidence ; Sidi O Yowme, ancien député, Bâ El Hadj Abdoul, sénateur de Boghé, Minettou Mint Maouloud, député d’Aleg) de la région pour trouver un compromis autour de la formation du premier bureau fédéral du parti, l’élection s’est achevée dans la contestation et le tohu-bohu.

Une cérémonie qui s’annonçait pourtant belle au début, finit en queue de poisson. Les délégués fédéraux étaient convoqués depuis 16 heures. Mais, la séance de travail n’a débuté qu’à 20H 20 minutes dans la salle de spectacle de la Maison des Jeunes d’Aleg.

Les pourparlers ayant duré toute la journée entre les principaux chefs de file des tendances politiques ont abouti à une répartition des postes du bureau au prorata des adhérents de chaque Moughata’a.

Ainsi, les départements de M’Bagne et de Bababé ont obtenu chacun 3 portefeuilles, Boghé et Maghta Lahjar 5 postes et Aleg, en décroche 4. La présidence de la fédération, poste le plus convoité étant déjà attribué par la direction du parti à Mohamed Ould Jahloul, le reste n’était presque qu’une formalité. Mais la bataille entre la tendance de l’actuel ministre, Mohamed Abdallahi O Ouda’a et celle dirigée par le député d’Aleg s’est tout de même prolongée jusqu’en début d’après-midi.

Il a fallu l’intervention de Bocar Soulé pour venir à bout de la résistance du maire de Dieloir. Après l’ouverture des travaux par Ali O Aladé, coordinateur régional de l’implantation de l’UPR au Brakna, le secrétaire permanent de l’UPR, dépêché par la direction du parti pour faire passer la consigne de vote en faveur de Ould Jehloul s’est adressé à l’assistance.

Ensuite, le président de la section UPR d’Aleg, Moustapha O Ouda’a a déposé une proposition de bureau (fruit d’un consensus trouvé entre les différents protagonistes du parti) entre les mains du superviseur régional. Dès la prononciation du premier nom, celui de Mohamed o Jehliou (nouveau fédéral), une salve d’applaudissements retentit dans toute la salle. S’en suivent les noms des autres membres du bureau fédéral.

Tohu-bohu et contestations.

A peine finie la lecture des membres du bureau, un vacarme de protestations et de contestations fuse de toute part. A la pointe de cette levée de boucliers, le Maire UPR de la commune de Aéré M’Bar, Dieng Mamadou Abdoulaye et l’ex- Commissaire de police Cheîkh. En quelques secondes, la loge officielle fut littéralement assiégée par les contestataires et ses occupants traités de tous les noms d’oiseaux par des militants frustrés et qui se sont sentis lésés ou exclus dans la composition du bureau fédéral.

« On est pas d’accord », une phrase lâchée avec beaucoup de vigueur, plusieurs fois de la bouche du maire de Aéré M’bar et qui continue, les nerfs tendus «vous nous excluez du parti et on est sorti». « Eh !!! Tais toi, c’est du n’importe quoi, c’est de la mafia, c’est pas un parti » martèle monsieur Dieng malgré les tentatives de Ould Aladé de le calmer.

« Vous nous avez poussé à la révolte, vous nous avez poussé à la révolte, en vertu de quoi vous mettez Dieng Diombar qui n’a jamais été du parti » a pesté le chef de file des militants UPR de Lao Hirnangué. Il reprend encore « on est pas d’accord, on est pas d’accord, vous mettez quelqu’un qui n’est pas membre du parti ». Et ses camarades montés au créneau lui emboîtent le pas en chœur.

« Nahné Maané M’ah, El Hisbe Mané Vih, Wolané M’ah, Wola Aîné Vih, Sma’t » en français « Nous on est pas avec lui, on est pas dans le parti et on est pas avec lui, et on a pas besoin de lui, entendu » a lancé sur un ton virulent l’ex-commissaire Cheîkh à l’endroit du coordinateur départemental de Bababé assis à l’extrémité de la loge officielle. « On sort de l’UPR » assène une autre voix dans la salle. « C’est pas un parti, c’est un fiasco, c’est du fiasco, du n’importe quoi, quelqu’un qui a trois unités de base, si on ne l’enlève pas, on est pas dans le parti ! » Le maire est catégorique.

« Cette procédure est illégale et quand il y’a désignation on ne passe pas à la procédure réglementaire. Vous avez fait échouer tout votre travail dans le département de Bababé ». C’est une phrase qui sort de la bouche de N’Diaye Oumar, premier adjoint au maire de la commune de Aéré M’Bar. « El Hisbe, Yi Chawourné, Moîné, Mané Gablinehé».

C’est dans cette atmosphère de confusion totale que le nouveau fédéral acclamé par ses supporters s’est adressé à l’assistance. Il tente non seulement de ramener vainement au calme les contestataires mais, il s’entendit dire de la part du maire de Aéré M’Bar : « Eh, Jahloul, Jahloul, on est pas avec vous !» et il ajoute « si vous êtes fédéral pour le parti, régler ça sinon vous allez prendre la responsabilité d’avoir exclu la commune de Aéré M’Bar ».

Une voix répond : « on va régler ça, on va régler ça, soit sûr qu’on va régler ça ! ». L’ami du colonel Dia Adama Oumar revient à la charge : « vous ne réglez rien, vous pouvez rien donnez, vous n’êtes pas honnêtes, vous n’êtes pas honnêtes». A la question, vous protestez parce que votre choix n’a pas été retenu, le maire émotif et essoufflé par la contestation, nous dit : « nous avons la majorité absolue connue de tout le monde, si nous récompensons les gens qui ont travaillé pour le parti, nous avons travaillé pour le parti, nous y avons mis corps et âme, nous avons déployés tous nos efforts… ».

Il n’a pas achevé sa phrase car les supporters de Ould Jehloul acclamaient leur nouveau leader et la salle se vidait de ses occupants. C’est le désordre et la confusion qui ont prévalu sur le bon sens. Il faut simplement souligner que monsieur Dieng Mamadou Abdoulaye et son groupe ne sont pas contre le nouveau fédéral, encore moins son équipe, mais ils s’insurgent contre la désignation d’un des membres du bureau (dont encore la compétence ne souffre d’aucun doute) appartenant à une tendance minoritaire au sein de la sous section UPR de Aéré M’Bar.

Et c’est la tendance de Thiam Diombar, Inspecteur Général d’Etat dont le statut est pourtant astreint à la réserve. Et pour preuve, après le Congrès fédéral, ils se sont tous retrouvés chez Jahloul pour le féliciter.

Les règles du jeu piétinés.

La désignation de l’ancien capitaine de l’armée, Niang Harouna Mamadou, un proche de la tendance de Thiam Diombar (minoritaire dans la sous section), clan rival du maire de Aéré M’Bar a suffit pour courroucer monsieur Dieng et ses partisans. Finalement, Mohamed O Jahloul et son équipe du bureau fédéral sont élus sans qu’on sache avec combien de voix pour, combien de voix contre et combien d’abstentions ? N’est-ce pas une situation embarrassante pour Ould Aladé qui repart avec un bilan mitigé pour ne pas dire un revers.

De la dénonciation des fraudes observées lors de la l’implantation par les maires de Male, de Diéloir, le député d’Aleg en passant par les plaintes des Haratines de Boghé et celle de Mamadou Bouyagui Touré (Boghé) jusqu’à la levée de boucliers des militants de Aéré M’Bar servie en guise de cadeau d’adieu au directeur de l’ENS, Ould Aladé a de quoi se faire des soucis.

Le nouveau fédéral UPR sera secondé dans ses taches par Bâ Mamadou Demba de Boghé et cadre au ministère des Technologies Nouvelles. Le poste de responsable des femmes revient à une dame de fer, à savoir, Madame Diop, née Bâ Fatimata, DREN de Nouakchott II. La fille aînée de l’ancien maire, feu Bâ Mamadou Demba dit petit Bâ devra désormais être plus présente au terroir pour jouer le rôle qui lui a été confié dans le bureau fédéral.

Pourquoi le choix de Ould Jahloul?

La percée de Messaoud O Boulkheîr, candidat du FNDD et leader de l’APP lors des élections présidentielles du 18 Juillet 2009 dans la région du Brakna grâce au vote massif des Haratines en faveur de sa candidature et l’implication à fond de la famille de l’ancien président Sidi Mohamed O Cheîkh Abdallahi a profondément modifié le rapport de force politique sur l’échiquier régional.

L’ancrage de plus en plus manifeste de l’élément Haratine dans l’opposition doublé du passage à l’opposition radicale des Idieydjbé, la tribu du président renversé Sidioca sont autant de raisons qui ont d’après plusieurs observateurs présidés au choix de Mohamed O Jehloul, un membre de cet grand ensemble tribal qu’est celui des Idieydiebé pour attirer l’électorat de cette frange qui continue encore de tourner le dos à l’actuel pouvoir.

Même si aussi l’assise économique et financière de l’heureux élu n’est pas certainement étrangère à son choix comme l’a déclaré, l’un de ses proches. C’est plus qu’un clin d’œil du président Mohamed O Abdel Aziz à l’endroit de la tribu de Sidi Mohamed O Cheîkh Abdallahi. Maintenant la question qui reste posée, est de savoir si cette opération de charme va être payante d’ici peu. Dans tous les cas, le nouveau fédéral de l’UPR devra s’atteler sans tarder à reconquérir l’unité du parti, fortement affectée à causes des dissensions apparues lors de la campagne d’implantation qui vient de s’achever.

Jules Diop
CP/ Brakna

Quelques minutes avant le démarrage des travaux du Congrès fédéral, Bâ Abdoulaye Ali, délégué fédéral et un militant de l’Union pour la République a exprimé sa désapprobation par rapport à la manière avec laquelle, les choses se sont déroulées durant le Congrès. Pour le professeur Bâ, élu délégué de la sous section de la commune de Ould Birome (Boghé), le choix du bureau fédéral a été fait par d’autres mais par ceux qui devraient le faire, en l’occurrence, les délégués.

Je suis surpris d’entendre que les délégués ne choisiront pas le bureau a-t-il déclaré. Il poursuit, je cite : « nous avons trouvé que le tout a été préfabriqué, nous n’avons pas été consulté. On nous a dit seulement que la commune de Ould Birome a un seul représentant dans le bureau fédéral et sans qu’on nous dévoile le nom de cette personne ».

C’est une nomination mais ce n’est pas le choix de la base a dit le professeur Bâ. « Ce n’est pas juste a-t-il martelé. Nous avons coupé nos billets et nous sommes venus à Aleg où nous avons dormi hiers soir mais nous n’avons même été associés à ce qui a été fait ! ». Pour le jeune Bâ Aliou Silèye, professeur de Français au Lycée de Bababé et délégué fédéral égalment, il n y’a presque pas de jeunes dans cette structure.

Les jeunes ont été marginalisés a déploré l’un des rares jeunes à avoir eu l’honneur d’assister à ce Congrès fédéral de l’UPR. Si Ali Bébé lui se souci de l’absence remarquable des jeunes dans ce Congrès, d’autres observateurs eux, n’ont pas manqué de déplorer l’absence de la junte féminine au Congrès fédéral.



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Info source :
Jules Diop

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