samedi 20 mars 2010

Rapatriés de FADA : « On nous a installés dans une zone marécageuse, loin de notre village d’origine, qui est toujours sous occupation ».



Une délégation du Rassemblement National pour la Reforme et le Développement (Tawassoul) a rendu visite Mercredi 17 Mars 2010, le village de FADA, situé dans la commune de Tekane, département de Rkiz, dont tous les habitants étaient déportés pendant les événements douloureuses de 1989.

Cette délégation était présidée par Ahmedou Wodiaa, Secrétaire National chargé des droits de l’homme et des affaires sociales, membre du bureau politique, Madame Aminata Niang, Secrétaire Nationale chargée des relations avec les syndicats et la société civile et Oumar Amadou M’baye, Secrétaire National chargé de la comptabilité.

D’autre part, cette délégation était accompagnée par quelques membres de la section de RKIZ dont son président Mohamed Ould Naji. A leur arrivée, un accueil chaleureux leur a été réservé par les Fadois, malgré leurs conditions de vie précaires.

Le Secrétaire National chargé des droits de l’homme, saisira cette occasion pour remercier, au nom de la délégation qui l’accompagnait, les rapatriés de FADA de l’hospitalité tenue à leurs honneurs. Ahmedou woddia dira que « nous avons été délégué par notre parti Tawassoul, pour d’une part vous souhaiter la bienvenue dans votre pays, et d’autre part, s’enquérir de votre situation ainsi que les problèmes que vous traversez depuis votre retour ».

Il ajoutera « Nous savons que beaucoup d’injustice ont été commises vis-à-vis d’une partie de la communauté mauritanienne pendant les événements de 1989, mais notre Parti comme dans sa tradition et son référentiel islamique a toujours manifesté sa volonté à travers ses parlementaires, et son programme politique à ce qu’une solution définitive et équitable soit trouvée pour le retour de nos frères dans la dignité ainsi que leurs insertions et leurs indemnisations ».

Parlant du fondement de base de son Parti, Ahmedou Wodiaa affirmera « Notre sainte religion l’islam, refuse toute forme d’injustice quelque soit sa provenance, et prône l’équité, la fraternité et le pardon. C’est pourquoi nous ne pouvons tolérer l’injustice d’où qu’elle vienne »

Par ailleurs, le chef du site Mamadou Ali Diak, qui prendra la parole, remerciera la délégation de Tawassoul, de l’importance qu’elle accorde à leur situation, en se déplaçant de Nouakchott. Il dira «Le fait que vous nous parlez de vos principes tirés de l’islam, tels que la fraternité, la réparation, la patience, le pardon nous réconfort déjà beaucoup ».

Mamadou Ali diak qui relatait l’historique de leur déportation, ajoutera que « En 2007, le Ministre de l’intérieur du Gouvernement de l’ancien President Sidi Ould cheikh Abdallahi, Mr. Yall Zakaria, accompagné d’une délégation de 50 personnes, nous a visité dans notre site au Sénégal comme tous les déportés mauritaniens. Il nous a manifesté la volonté du gouvernement mauritanien à notre retour au pays natal. Nous avons alors fixé Quatorze conditions pour le retour et il accepta.

Cependant, malgré que certaines conditions n’aient pas été honorées, nous avons quand même accepté de revenir dans notre pays, sur nos terres, puisque rien ne peut remplacer la demeure de nos ancêtres, malgré que nous fussions dans de bonnes loges au Sénégal. Ainsi donc, le 07 Mars 2009, le HCR, nous embarqua dans ses camions pour nous déposer ici. Mais à notre surprise, nous trouvâmes des maures blancs qui occupaient notre village et qui refusèrent que nous descendions sur ce sol, qui fut pourtant le notre. Alors nous aussi, nous refusâmes de descendre des camions pendant trois jours jusqu’à qu’une solution soit trouvée à notre problème.

Cependant nous comprimes très vite qu’à cet instant, l’autorité locale était impuissante devant les occupants de notre village, qui étaient des maures blancs issus de la tribu de RAHAHILA en provenance de RKIZ. Car ce sont ces derniers qui nous désignaient les lieux où nous devions désormais habiter». Et Mr Diak de poursuivre « le Wali et le Hakem resteront pendant trois jours ici, sans pouvoir trouver une issue à notre problème ; puisque nous avions exigé deux choses : notre village d’origine ou on retourne au Sénégal. Ils usèrent de stratagème en faisant appel à des parents, des cadres et personnalités afin de nous dissuader.

Et finalement une solution momentanée fut trouvée, et le préfet nous dit «Nous allons vous donner un autre terrain pour trois mois le temps de permettre à ceux qui occupent vos maisons de déménager ». Et nous acceptâmes, malgré les pressions et les interventions. Cependant, voila huit mois que nous sommes toujours sur ce terrain marécageux, et depuis lors, le préfet nous a oublié, et ne passe plus sinon que pour rendre visite aux occupants de nos terres et repartir ensuite comme si nous n’existions pas. »

Relatant leurs conditions de vie, le chef de site exprimera que « Nous traversons toute forme de difficultés, et jusqu’à présent nos terres sont cultivées par d’autres, nos enfants ne vont pas à l’école et quand nos femmes tombent malades, on est obligé de les amener au Sénégal, puisque nous ne disposions ni de case de santé à forte raison d’un poste de santé. Jusqu’à maintenant nous n’avons récupéré que 17 arbres Bananiers parmi quarante dont disposait la coopérative agricole de notre village avant notre déportation. Ce qui s’explique que le reste est toujours exploité par les occupants de nos terres »

Ensuite ce fut le tour de Fatimata Ali Diak de parler au nom des femmes de FADA. Après avoir remercié la délégation de cette occasion qui lui est offerte de pouvoir s’exprimer devant des personnalités politiques, elle affirmera que « Les femmes sont les plus victimes dans tous ces tourments. Car c’est elles qui restent avec les enfants dans ce site de peur d’être agressées ».

Madame Fatimata, ajoutera que « Au Sénégal, les femmes pratiquaient beaucoup de choses : L’agriculture, l’élevage, la teinture et le commerce. C’est ce qui leur permettait de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. Mais depuis notre retour, la seule préoccupation c’est de surveiller nos enfants avant qu’ils ne tombent dans un puits, ou dans le canal, ou d’être agressés ».

Elle continuera en confirmant que « Quand il pleut, nous n’avons pas là où aller, ni où nous abriter, il faut toujours rester debout et nos enfants captent toutes formes de maladies. Ici les femmes sont toutes malades puisqu’il y’a pas de médecins pour les consulter ni de médicaments en cas de souffrance, c’est pour cela qu’on est obligé d’aller au Sénégal malgré la distance ».

« Alors qu’on pleurait nos malheurs, nous avons vu Cheikh Ould Yeslim, considéré comme chef de village, venir avec un tracteur pour aménager un grand jardin sur une partie qui était réservée pour une extension du village. Selon certaines de nos informations, il aurait obtenu avec des complicités très bien placées dans l\'appareil de l\'Etat, l\'autorisation d’en aménager en champs, cette zone »

« A cause de toutes ces choses insupportables, et en l’absence des hommes, une vingtaine de femmes sont allées dans notre village, qui est occupé par les maures de la tribu de RAHAHILA, afin de demander à ce qu’ils quittent nos terres et qu’ils rentrent chez eux à RKIZ. Mais comme réponse, nous avons été arrêtées par la police, qui a été alertée par Cheikh Ould Yeslim. On nous a embarqué avec brutalité dans une Toyota avant d’être débarquées au Commissariat de Tekane où on a été gardé pendant trois jours dans une prison alors que parmi nous il y’avait des femmes enceintes et d’autres allaitant des bébés».

Quand à Alpha Diakité, une des personnalités de ce village, il s’expliquera en ces termes « Nous voulons que les autorités trouvent une solution définitive à notre situation avant qu’il ne soit trop tard ».

A la fin de l’assise, la délégation de Tawassoul rassurera les habitants de FADA en ce qui suit « Nous compatissons à votre cause, et rapporterons vos doléances à nos dirigeants, et nous n’aménagerons aucun effort, pour qu’une solution soit trouvée à vos problèmes Incha Allah ». Puis la délégation prendra congé pour rentrer à Nouakchott vers23 Heures.

Il faut noter que les conditions de vie dans ce site sont trop critiques puisqu’il n’ya que les bâches déchirées et héritée du HCR. Aucune construction disponible, puisque la zone est un lieu d’inondation même si le matériel de construction est sur place pour certaines familles.

Il faut signaler que malgré l’attribution des extraits de naissances, les habitants de FADA ne disposent ni de Pièces d’identités ni de Nationalités.


www.cridem.org


Info source :
Essirage (Mauritanie)

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