jeudi 21 août 2014

Tourisme : La Guetna, une espèce de bonheur

Dressé jusqu'au ciel


C’est la Guetna en Adrar. Des milliers de mauritaniens affluent vers les oasis. Une société bien « Guetna » se forme sous les palmiers. C’est un rite annuel qui se renouvelle, c’est aussi un hymne à la datte, et aux belles traditions, c’est un rendez-vous aussi de solidarité. Cette année la Guetna a été fructueuse, bien du point de vue récoltes que du point de vue atmosphère.
La Guetna n’est pas une saison, la Guetna est une fête qui accueille, à bras ouverts, tous les arrivants. L’Adrar est une des régions privilégiées pour les amoureux de cette fête unique.
L’Adrar, cette année grouille d’estivants. Ils sont venus de partout, de Nouakchott, de Nouadhibou, du Trarza, des Hodh, de partout. Ils viennent goûter à la dolce vita adraroise, aux offrandes de la Guetna : l’eau pure, les dattes fraîches, l’ombre des palmiers, la chaleur bien sûr, dans tous les sens , et surtout la commission des cœurs et le repos des esprits.
Entretien du palmier
La Guetna est dit-on d’abord un rendez-vous. Chaque année, venant de tout le pays, des milliers de personnes affluent vers l’Adrar, se croisent, se rencontrent, se connaissent, se tendent les mains. La Guetna est une occasion rêvée de retrouver des proches, des amis, de vieilles connaissances perdues. C’est aussi une saison où on enlève les vilains oripeaux de la fausse modernité, où on s’habille de naturel, ou l’on rit, sans gêne, avec des inconnus, et où l’on aide, sans préjugé, le voisin à tirer de l’eau, à cueillir des dattes ou à traire ses chèvres.
Du sable et de l'eau
La Guetna tue les préjugés de classe. Si une très rare minorité de nantis, s’enferme dans des maisons climatisées (quelle absurdité en Guetna !) la très grande majorité des personnes riches oublient pour un temps leurs privilèges. Car en Guetna, il n’y a qu’un habit, le modeste boubou de Chega pour les hommes, ou le voile noir légèrement teint de  » Nila  » pour les femmes, il n’y a qu’un repas, le bon riz à la viande, sans aucune sorte d’assaisonnement, précédé de dattes franches, il n’y a qu’un seul luxe jouir de l’ombre voluptueuse des palmiers et de la doucereuse musique de l’eau qui passe. La Guetna s’offre à tout le monde et elle méprise superbement toutes les différences factices d’aujourd’hui.
Surveillance des jeunes dattes
La Guetna est aussi une cure. Tous les adrarois (et les autres) vous le diront : rien de mieux pour se refaire une bonne santé que la Guetna, c’est qu’en cette période, on oublie les aliments trop condimentés, trop gras des citadins, on élimine le superflu, on’ revient au naturel, on ne mange que ce qui adoucit l’estomac et les membres (dattes, repas chauds avec viande légèrement faisandée), et puis, et ça les adrarois y insistent, la forte chaleur, la vraie, sans humidité fortifie l’organisme, assèche les kilos superflu, redonne à l’organisme la légèreté nécessaire.
La Guetna est aussi une saison des joies et des plaisirs. Il n’y a pas de moussems organisés dans l’Adrar, mais les adrarois attendent souvent la Guetna pour organiser les grands mariages, pour tenir les grandes réunions tribales, pour rencontrer et discuter des grandes questions, et aussi pour des mémorables championnats de tir. Tout ce qui est grand se fait en Guetna. C’est pourquoi la Guetna est une fête.
M’Barek Beyrouk

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