vendredi 27 avril 2012
Les larmes secrètes de la Mauritanie.
Certaines choses sont difficiles à dire. Les réalités qui vous fendent le cœur et vous découpent les entrailles. Ce mal profond, inexorable et omniprésent qui vous triture les pensées et étouffe vos espoirs les plus banals. Ces déceptions en forme de poignard qui vous pénètre les tréfonds de la poitrine et vous étouffe.
Cette sensation de douleur indéfinie, sans nom, qui est la, mais qu'on ne peut localiser ou décrire. Cette volonté d'un dieu maléfique et machiavélique, dont le seul plaisir est de faire mal, de détruire. La Mauritanie souffre… La Mauritanie est assassinée par les mains de ses propres enfants
La Mauritanie se meurt lentement au milieu de la cacophonie de ses fils qui se disputent les reliques de son cadavre… La vraie dévaluation est celle des valeurs et des principes. Ce pays là, est entré en gestation au temps ou les valeurs avaient une valeur et ou les principes avaient des principes.
Il a enfanté des populations de toutes les couleurs, comme pour défier la diversité du monde et résumer la volonté folklorique de l'univers. Pour que jamais ses enfants ne manquent de rien, cette étendue de la planète s'est rempli le ventre de toutes les richesses et tous les trésors que le Seigneur des mondes a octroyé à la traitrise et la cupidité des hommes.
La Mauritanie fière et soucieuse du confort de ses fils, s'est étendue a l'infinie. Elle a étalé ses tapis de verdure, de montagnes de déserts et d'océans vers les frontières des horizons.
Chaque mauritanienne et chaque mauritanien avait le loisir d'avoir son propre pays… a lui tout seul… Le territoire était immense et recelait des biens à profusion, largement suffisants pour tous.
Dans un dernier souci de perfection le généreux pays aspergea ses fils de l'essence fleurie de toutes les vertus nécessaires a la continuité et a la prospérité de tout peuple qui se respecte.
Pour une certaine période, la grandeur et la foi de ces hommes dépassa largement le fléau apporté par la nouvelle échelle de valeurs que distribuait la nouvelle ère. L'homme mauritanien se fraya un chemin auréolé de son aura de dignité de sobriété et de grandeur.
Les hommes étaient pieux et fiers.
La réputation des fils de ce pays dépassa les frontières, suscitant l'admiration chez les peuples avoisinants. La Baraka dominait la vie du mauritanien et bénissait sa vie, sa progéniture et sa subsistance.
Puis des vents soufflèrent… ils étaient violents et malsains. Ils soufflaient de tous les cotés et charriaient la cupidité, la méchanceté et le mensonge. La vertu naguère priorité des priorités, enfila le vêtement de l'argent et de l'intérêt. L'honneur se coula sous le masque de l'hypocrisie et du mensonge; et la fraternité séculaire se drapa dans le manteau hideux de l'envie et de la concurrence malsaine.
La politique devint un commerce fructueux et facile, pour s'accaparer du gâteau national et asservir le commun des mortels sous prétexte d'être "Le législateur" de la vie des gens.
L'animosité étala ses ailes noires sur le paisible territoire, déroutant tous ceux qui ne s'affiliaient pas à une tribu influente, ou a un parti politique capable de transformer toutes les vérités en mensonges, ou de faire " flotter les bateaux sur les dunes de sables" comme disaient les anciens mauritaniens. Des nuages de tristesse remplacèrent le décor du ciel éternellement bleu, et les citoyens vécurent dans la peur et l'incertitude.
Les hommes commencèrent à tenir compte de leurs couleurs et de leurs régions. Les tribus s'ébranlèrent comme des essaims de mauvaise volonté, pour noyer l'arène nationale d'un flot écœurant de ségrégations diverses, dont les moindres furent la rancune, la haine de l'autre, et les injustices de toutes les couleurs et sous toutes les formes.
La Mauritanie pleure son infortune et l'ingratitude de ses enfants. La Mauritanie sacrifiée sur l'autel de la dissension politique et de la cupidité avide de groupes formés à la hâte pour s'accaparer des choses et des hommes.
La Mauritanie généreuse et fière, se voit réduite à sa plus simple valeur par la main de ceux là mêmes qu'elle a élevés et nourris pour chanter et défendre sa grandeur et sa gloire. Ceux qui en principe devaient veiller sur les grands biens que le Seigneur des mondes a confiés aux entrailles de cette terre pour l'avenir de générations encore conjugués au futur.
La Mauritanie verse ses larmes en silence, meurtrie par la profonde déception de voir ses enfants grandir, sans être au niveau de ses espérances. Quand une mère pleure, le présage n'est jamais de bon augure pour les enfants.
Mohamed ould Hanefi
chef de département de français Koweït.
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