lundi 30 mai 2011
Déclaration de la fédération du RFD Nouadhibou
Depuis quelques mois, un bateau usine géant chinois est dans les eaux territoriales mauritaniennes. Ce navire de pêche, dénommé le Lafayette, est un mastodonte qui n’a pas d’équivalent dans sa catégorie au monde. Il a une capacité de stockage de 300 000 tonnes et peut congeler jusqu’à 1 500 tonnes de poisson par jour.
Depuis sa mise à flot, il n’a passé que quelques mois au Chili où il a été très rapidement chassé par les soins de l’Association des Industries de Pêches qui avait intenté, par l’entremise de ses dirigeants, une action en justice contre leur gouvernement. Ce monstre flottant, qui procède par chalutage en bœuf, technique longtemps interdite en Mauritanie et ailleurs, est appuyé par plusieurs navires capteurs qui l’approvisionnent, mettant ainsi en péril l’ensemble de l’écosystème.
Mais une législation sur mesure est venue légaliser l’usage de ce genre de chalut par le décret n°153/2010 du 08/07/2010 en son nouvel article 25, permettant ainsi l’entrée en jeu du Lafayette, un complexe industriel flottant, et piller en toute légalité nos ressources maritimes.
Ce chalut, dit de bœuf, est réellement un engin destructeur pour les pélagiques mais aussi et surtout pour le calmar qui évolue dans la même zone. Il peut également être utilisé pour le fond. En effet, il suffit d’une toute petite modification des câbles et du treuil pour en faire une extraordinaire machine de raclage du fond marin, surtout que la Mauritanie est le seul pays au monde à prendre en compte le TJB (Tonne Jauge Brut) au lieu d’appliquer la politique des quotas à l’instar de tous les autres pays, d’où l’énorme danger que peut causer ce genre de bateau sur nos ressources halieutiques.
Ce monstre est également le plus grand pollueur des mers. Boulimique en consommation d’huiles dans ses différents systèmes mécanique, hydraulique et frigorifique, il ne dispose d’aucune installation de recyclage de ces produits comme l’exige la réglementation en la matière, relative aux navires de cette catégorie. Procédant directement au dégazage en mer, ce navire peut causer d’incalculables dégâts à l’environnement marin, compte tenu de la quantité du produit qu’il emmagasine.
On se rappelle encore qu’en 2 006, sous la transition, les autorités de l’époque avaient renvoyé manu-militari le navire hollandais Atlantic Dawn - qui avait défrayé la chronique- des eaux mauritaniennes, invoquant sa capacité de destruction des fonds marins et leur souci de préserver la ressource. Il est à souligner que, de l’avis des experts, l’Atlantic Dawn est une pirogue à côté du monstre Lafayette, et que la capacité de ce dernier est l’équivalent des captures annuelles de tous les navires de l’Union Européenne dans le cadre de l’accord de pêche avec la Mauritanie.
Pourquoi le gouvernement mauritanien accepte-t-il que ce monstre flottant utilise notre pays comme laboratoire pour ses forfaits alors qu’il n’y a aucun intérêt pour la Mauritanie dans la mesure où la ressource sera dilapidée sans véritable retombée pour son économie? Peut-être que la proximité de l’homme d’affaires mauritanien, qui a introduit ce bateau dans notre pays, avec le cercle restreint de la haute sphère du pouvoir actuel, explique la compromission des autorités concernées et le silence coupable du gouvernement en place.
Et pourtant, certaines voix dont celle du député européen Alain Cadec, se sont élevées pour tirer sur la sonnette d’alarme et mettre en garde contre les conséquences néfastes de la présence d’un tel navire. Il est clair aujourd’hui que le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz, contrairement à ce qu’il claironne à tout vent, a entrepris une politique de pillage systématique et accéléré de nos ressources nationales.
L’autorisation faite à ce navire par ce gouvernement est un acte de provocation au peuple mauritanien qui met en péril un bien commun et compromet gravement l’avenir des générations futures.
La fédération du RFD de Nouadhibou, face à ce danger qui couve au large de nos côtes,
- condamne la présence d’un tel navire dans nos eaux territoriales ;
- interpelle les pouvoirs publics afin de mettre immédiatement un terme à l’acte autorisant ce bateau à pêcher dans nos eaux ;
- exige la mise en application de la politique des quotas à la place de la prise en compte de la TJB (Tonne Jauge Brut) ;
- demande la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire pour faire toute la lumière sur cette ténébreuse affaire ;
- lance un appel pressant aux armateurs, aux marins, aux opérateurs du secteur de la pêche, aux partis politiques de l’opposition ainsi que ceux de la majorité, aux parlementaires, aux syndicats, à la société civile et à tout le peuple mauritanien, afin qu’ils se dressent tous comme un seul homme pour faire barrage à la dilapidation à grande échelle de nos ressources nationales au profit d’un clan d’affairistes créé et entretenu par le régime de Ould Abdel Aziz.
Nouadhibou, le 28 Mai 2011
La fédération
www.cridem.org
Source :
RFD Nouadhibou via balaba
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