mardi 26 avril 2011

Boghé : Que de postes de contrôle de la police et de tracasseries !




Le commissariat de police de Boghé est une institution de l’Etat qui joue certes un rôle indispensable dans le maintien d’ordre et de la sécurité des biens et des personnes nationaux et étrangers.

Au début de la création du corps de la police après l’indépendance, l’Etat avait plus besoin de flics corpulents, robustes et bien entraînés pour assurer le maintien d’ordre en cas de troubles à l’ordre public. Ce qui n’est plus forcément le cas, en cette période du 21ème siècle. Epoque où les priorités dans le domaine sécuritaire ont radicalement changé.

Les priorités actuelles en matière de sécurité ; ce sont la menace terroriste, le trafic de drogue, la criminalité transfrontalière entre autres. Malgré ces immenses défis sécuritaires auxquels nos forces de sécurité et de défense demeurent confrontées, notre police s’adapte difficilement et lentement devant les exigences sécuritaires du moment.

Nos policiers, les chefs en passant par leurs subordonnés notamment traînent encore un océan de tares qui font obstacles à l’accomplissement de la mission régalienne qui est la leur.

Parmi celles-ci, le déficit de formation, l’absence de discipline, l’inapplication du principe de la sanction et de la récompense, le manque de motivations du personnel, l’incompétence, le laxisme, le népotisme, le tribalisme, le racisme etc. D’où les bavures policières à répétition, le développement de la corruption (dakhal miteîn-200 Um ), l’infiltration des services de renseignement par les bandes criminelles (Aqmi, trafiquants de drogue, faussaires…).

Malheureusement, les réponses appropriées de l’Etat face à cette situation se font encore attendre. Ainsi, les commissaires de police dans leur grande majorité et certains de leurs agents se comportent chacun dans son coin en roitelets et accomplit très souvent sa mission au gré de ses propres humeurs. C’est le cas à Boghé où les agissements du commissaire de police et de certains de ses subordonnés intriguent la population.

Le commissaire de police, dès sa prise de fonction s’est borné à mener un semblant lutte contre les conducteurs de véhicules qui ne respectent pas le code de la route. Mais ce qui étonne dans sa démarche, c’est de verbaliser des chauffeurs qui ne sont pas en règle et laisser encore leur véhicules circuler librement dans la voie publique. Alors la question qu’on se pose est de savoir, s’il faut verbaliser des chauffeurs qui ne sont pas en règle ou simplement immobiliser leurs véhicules ?

S’agissant des postes de contrôle, il n’est pas sûr que leur nombre qui égale 8 au total dans un rayon de 6 kilomètres soient efficaces pour autant. Un poste de contrôle à M’Balladji, un autre à Horé Mondié (deux localités distantes seulement de 6 kilomètres) ; un autre poste au milieu de ces deux (carrefour de Boghé précisément), un situé à l’entrée de Boghé Escale, un au débarcadère du fleuve, un dans le marché, un au garage des taxis (ces quatre postes sont distants d’au moins 200 mètres les uns des autres), et, le dernier poste crée tout récemment est celui qui squatte la porte d’entrée de la station de pompage.

Au moment où la gendarmerie procède à fermeture de plusieurs de ses postes de contrôle sur la route et n’en dispose aujourd’hui que deux sur toute l’étendue du territoire départemental. N’est-ce pas là, une une preuve que l’ouverture des postes de contrôle dans le corps de la police dirigée par le général El Hadi n’obéît qu’aux humeurs du chef et loin des motivations sécuritaires ?

Par ailleurs, les habitants du département venant de Bakaw, Lopel, M’Bagnou, N’gorel, Boulé, N’goral guidala, Silbé, Olo Ologa, Tessem, de N’diorol qui se rendent à Boghé pour vaquer à leurs occupations se plaignent désormais de façon quotidienne des tracasseries qu’ils subissent au niveau du tout nouveau poste de contrôle implanté à la station de pompage.

Un poste de contrôle situé à quelques 500 mètres de la résidence du préfet de Boghé, croyez-moi ! Un poste qui n’opère que le jour pour disparaître la nuit où il devait rester opérationnel. Et on nous tympanise sécurité et maintien d’ordre ! Soyons un peu sérieux.

Les pauvres citoyens qui viennent faire le marché en provenance des localités lointaines précitées perdent plusieurs heures arrivées au poste de la station de pompage. Ces Mauritaniens sont traités comme s’ils étaient des étrangers dans leurs propres territoires. Pendant que des voleurs notoires et autres trafiquants de drogue qui se sont évadés des locaux du commissariat se promènent au vu au su de tout le monde dans les rues sans être inquiétés. Comme ce fut le cas de nombreuses fois dans les locaux du service d’ordre.

Ces délinquants se payent même le luxe de s’infiltrer nuitamment dans des foyers pour semer la terreur en agressant de paisibles citoyens. Complicité avec les dealers et drogués ou manque de vigilance des agents de sécurité, une enquête n’a jamais été ouverte pour clarifier ces zones d’ombre.

Il y’a de cela quatre jours, la maison de Wade Abou été investit en plein jour par des voleurs qui ont emporté beaucoup d’objets de valeur (or, argent) de son épouse. L’an dernier, à cette période, beaucoup de personnes, des femmes en grande partie ont été victimes de vol et les malfras refont surface ici sans être poursuivis.

La police doit s’occuper de la sécurité des personnes et de leurs biens au lieu de s’acharner de 8 heures du matin à 13 heures sur des chauffeurs de taxi ou de pauvres marchandes de légumes, de bissap, de fruits, de menthe, de tourteaux, de patates ou de pailles. Ce comportement de notre police ralenti même l’activité économique de la ville.

Raison pour laquelle, ces marchandes qui tiennent des étales dans le marché et qui ne cherchent qu’à joindre les deux bouts, se plaignent des perturbations de leurs activités commerciales par les camions remorques qui traversent le marché et l’occupent à n’importe quelle heure de la journée pour semer la pagaille, abimer leurs marchandises (légumes et poissons) et mettant surtout en danger leur propre vie. Ce qui n’émeut guère le commissaire de police, Echvagha, qui est le premier responsable du maintien d’ordre et de la sécurité publique.

Pourtant si les normes en la matière sont respectées, ces grands véhiculent ne doivent circuler dans le marché qu’à partir des heures de moindre affluence au sein du marché. Généralement entre 13 heures et 14 heures. Et malheureusement, tel n’est pas le cas. Car, les commerçants qui tiennent les cordons de la bourse ont une main mise réelle sur ces agents chargés de mettre en application la loi dans la voie publique. L’arme redoutable qu’ils détiennent est connue de tous. Point besoin de s’y attarder.

Dans tous les cas, l’intérêt des grands et riches commerçants est plus important que la vie de n’importe quelle de ces pauvres vendeuses dans le marché : Raki Diaw, Marième Koriyé, Youma Sghaîré, Ramata Barry, Dieyni, Vallé, Houlèye Gaye, Raki Sy, Marième Lawel, N’goné, Houlèye Baba pour ne citer que cela et qui dès l’aurore envahissent le marché à la recherche de quoi nourrir leurs enfants.

Les jeunes qui ont récemment manifestés pour réclamer la liberté se plaignaient de payer cher à la police pour organiser des manifestations qui sont pourtant autorisées par le Hakem sans savoir sur quelle base la police leur exige de l’argent. Une mission de la DGSN avait séjourné l’an passé à l’intérieur du pays et à Boghé aussi pour mettre en garde les policiers qui rackettent les citoyens. Mais, il n’est pas sûr que cette pratique soit abandonnée.

Et les policiers qui n’obéissent pas à ces pratiques sont dans la plupart des cas marginalisés dans les services par leurs patrons. Cette corruption à grande échelle a gangrené le corps et il est difficile d’y mettre fin. Et la DGSN doit revoir les choses du côté de la vallée où certains commissaires de police en cette période de printemps arabe qui se propagent chez nous timidement adoptent des comportements peu respectueux des droits de l’homme et de la personne humaine.

L’époque de l’injustice, de la répression et du racket est révolue. Trop, c’est trop ! (Nous y reviendrons la semaine prochaine).

Jules Diop Cp Brakna

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