lundi 3 janvier 2011

Bir - Moughrein : une larme dans les dunes de sable.




Fort Trinquet, nom colonial de la cité, Bir Moughrein (littéralement le puits du mont à la petite corne) situé à la rentrée de la vieille ville.

Les traces de la colonisation sont encore visibles, des grands bâtiments et magasins au style colonial qui servaient de caserne et de cité militaires où selon une source l’eau coulait dans des robinets, bizarre, ces constructions résistent plus aux aléas climatiques que les habitations construites jadis par les populations.

D’ailleurs ces locaux militaires sont le siège de l’Armée nationale, des autorités administrative, sécuritaire et municipale.

Sur le chemin de Bir.

Située à 300 km au nord de Zoueratt, la bourgade reste accessible par voiture. Sur la route caillouteuse et par moment sablonneuse, défilent des arbres rabougris, des herbes sèches jaunies par le soleil du désert, des monts à gauche et à droite (mont « jarad » criquets, mont Risch. Par moments, on traverse des oueds parsemés de couvert végétal verdâtre.

Un bivouac au mont Risch où le député de la moughata’a Mohamed Salem O.Noueiguedh a construit une auberge à 110 km de Bir. Des habitations formées majoritairement de vieilles constructions en terre battue qui peuvent fondre comme du savon à la moindre goutte d’eau de pluie.

D’ailleurs, il y a beaucoup de maisons en ruine abandonnées. Quelques mouvements pendant le jour mais la nuit, la cité ressemble à une ville morte et déshéritée plongée dans une pénombre totale. La ville est formée de populations nomades qui affrontent une nature hostile mais restent braves et courageuses, pleines d’initiatives, elles ne manquent pas d’hospitalité légendaire.

Conditions de vie difficiles.

Les populations contactées ont décrit leurs difficiles conditions de vie marquée par une grande paupérisation. Elles ont évoqué les lancinantes questions d’eau, d’électricité, de santé, de cherté des denrées alimentaires, de transport, de communication. Les populations ont évoqué la cherté de l’électricité, fruit du financement de cinq moughata’as dont Oualata, Tichitt, Bir par l’Agence d’accès aux services universels.

A Bir, l’entreprise Tout Electrique (T.E) basée à Zoueiratt avait gagné le marché. Le prix de consommation est de 51 UM/kwh, mais une consommation supérieure à 25 kw, supérieure ou égale à 125Kwh passe à 81UM/KW sans compter les autres taxes, mais les habitants ont fait remarqué que la tension électrique est faible, désagréments pour les appareils de conservation d’aliments qui tombent en panne.

A noter que la distribution de l’électricité dure de 08 h à 00 h, les populations ont souhaité le rallongement de cette durée, la réduction des prix car le carburant coûte moins cher dans cette zone, avancent-elles.

Eau, source de divergences au conseil municipal.

L’eau, denrée rare dans cette zone, deux solutions : les habitants prennent l’eau de pluie qu’ils gardent dans des réserves pour usage domestiques, un sondage qui fournit selon les besoins l’eau saumâtre et douce par traitement.

Mais, selon les populations, le prix de la citerne de la mairie est exorbitant, à savoir 800 UM la tonne soit 9.600 UM la citerne de 12 tonnes sans compter sa location à 4.000 UM sous la potence et 500 UM /km en brousse. La citerne du député se loue à 2.000 UM. Les populations ont avoué qu’en été, les propriétaires de bétail descendent en ville, et la citerne d’eau flambeà 2O-25.000 UM.

Les populations vivent aussi les difficultés de soin, les médicaments de base manquent, le centre de santé dispose de deux infirmiers, d’une accoucheuse qui n’a pas de notions sur la santé maternelle reproductive, en l’absence d’une sage-femme, les femmes enceintes préfèrent les vieilles femmes accoucheuses traditionnelles. Mais, l’infirmier breveté Hadrami O. Abdi a noté que les femmes enceintes se gênent à aller au centre de santé, viennent en cas de complication, ajoutant que les principales pathologies sont diarrhéiques.

L’évacuation se posait avec acuité mais le député de Bir avait mis à la disposition des populations une ambulance, il y a deux mois, la Fondation SNIM a offert une nouvelle ambulance à la commune. S’agissant de la fièvre de la vallée du Rift, les populations ont affirmé qu’elles entendent parler de la maladie à la radio et à la télé, mais jusqu’ici il y a aucune sensibilisation sur la pathologie.

Pauvreté ambiante.

Le pouvoir d’achat des citoyens est très faible vu l’absence de toutes activités économiques et de toute opportunité de développement, les denrées alimentaires sont chères : un sac de riz à 14.000 UM, le sac de sucre coûte 15.000 UM, la viande (mouton 1500 UM le kilo, chameau 800 UM le kilo), les produits venant du Sahara coûtent moins cher selon les populations, mais elles ne peuvent pas les acheter en gros.

Depuis que la ville est devenue un point de passage obligé, les produits sahraouis n’y font que transiter, les populations partent à leur recherche à Zoueratt, mais leur transport est cher, les détaillants paient 1000 UM le sac. Le véhicule de l’armée qui soulageait leur souffrance était depuis quelques temps en panne.

Les moyens de communication quasi-absents car très chers, le Thouraya coûte 400 UM l’unité, pas à la portée de tout le monde. L’enseignement aussi n’est pas en reste, une école sans clôture, des salles de classes délabrées et défectueuses qui n’assurent pas la sécurité des enfants, le collège, selon une source a toujours manqué de professeurs.

Hakem de Bir Moughrein depuis 10 ans, colonel Lemrabbott O. Sidi Bouna a indiqué que la quantité du sondage d’eau est suffisante, la sécurité des populations est assurée. Concernant les produits alimentaires provenant du Sahara, le Hakem a souligné qu’il avait obligé les transporteurs de décharger quelques marchandises à Bir. Les transporteurs exigeaient comme garantie que les populations achètent leurs produits, mais ils n’ont même pas pu écouler la charge d’une Land-Rover, a –t-il poursuivi.

Une semi-remorque de l’armée qui transportait gratuitement les marchandises des citoyens de Zoueratt à Bir est en panne depuis quelques temps. Mais, malheureusement, les produits se vendaient comme s’ils étaient payés au transport, déplore O. Sidi Bouna. Il a aussi déploré l’absence d’un service vétérinaire.

Le hakem a rappelé que le CSA avec l’appui de la coopération italienne avait financé un dépôt de vente de gaz et une boutique de matériaux de construction. Ces financements rentraient dans le cadre du programme de réduction de la pauvreté, de soutien à la sécurité alimentaire.

Les populations ont unanimement loué les actions de générosité de leur député : une ambulance, ouverture d’une pharmacie gratuite, la distribution de produits alimentaires pendant le ramadan, véhicules de transport à prix réduit, financement de coopératives féminines à hauteur de 02 millions UM.

Compte-rendu Djibril Sy


www.cridem.org


Source :
Le Quotidien de Nouakchott

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