C’est aux alentours de 8 H 30 mn, qu’un groupe de 43 rapatriés
dont quelques femmes a quitté le domicile de l’un des leurs dans le quartier de
Nioly-carrefour pour se rassembler sur le rond point du carrefour reliant l’axe
bitumée Aleg-Boghé-Kaédi. L’un d’eux, a récité quelques verstes de coran et
tout juste après les trois banderoles sont déroulées et la marche s’ébranle.
Destination : la capitale nationale, Nouakchott. Sur ces géantes
banderoles, on pouvait lire des slogans tels « Indemnisez
toutes les victimes des évènements de 1989-1991, éleveurs, cultivateurs,
pêcheurs et fonctionnaires » ; «Rendez-nous nos terres et nos
biens » ; « Président des pauvres : il n y’a pas plus pauvres que nous les rapatriés » ou
« Insérez-nous économiquement et notre état civil ». Certains parmi
eux portaient des bouteilles d’eau et d’autres des sacs de voyages. La
gendarmerie et la police suivaient la marche et à chaque fois, ils demandaient aux marcheurs
d’éviter le goudron. Arrivés au niveau de la localité de Houdallaye, un village
de rapatriés, une foule les a accueillies avec des cris de joie et de youyous,
une manière pour elle de les encourager et de les galvaniser. Le nombre de
marcheurs a légèrement augmenté arrivé dans cette localité. Là, le président de
la Coordination Nationale des Rapatriés Mauritaniens du Sénégal, organisatrice
de la marche, M. Ibrahima Amadou N’Diaye, instituteur s’adresse à la presse devant
la foule qui écoutait silencieusement son intervention. L’émotion était à son
comble lorsque garraye (enseignant)
s’exprimait. Certaines personnes n’ont pas pu retenir leurs larmes. « Ce
jour, 25 avril 2014 marque le 25ème anniversaire de notre déportation
au Sénégal ; nous saisissons cette occasion pour organiser cette marche de
protestation qui nous mènera de Boghé jusqu’à Nouakchott dans le but de
rencontrer le président de la république Mohamed O Abdel Aziz et lui poser nos
problèmes » a-t-il lancé à l’entame de ses propos». Nous sommes revenus
voilà maintenant 6 ans dans notre pays, mais malheureusement rien n’a changé
dans notre situation a-t-il martelé. Nous continuons à vivre dans des
conditions difficiles a dit M. N’Diaye. Maintenant, nous avons décidé de
marcher jusqu’à Nouakchott pour voir le chef de l’Etat. Les revendications
égrainées par M. N’Daiye au nom de 118 sites de rapatriés du Brakna, du Trarza,
du Guidimakha, du Gorgol et de l’Assaba se résument en 5 points. Il s’agit par
ordre de priorité : l’Etat Civil (cité avec insistance), l’habitat,
l’insertion, la restitution des terres et biens spoliés et l’éducation. Le
président Ibrahima, a aussi fourni beaucoup de détails sur ces revendications.
Il a précisé que malgré sa réintégration récente dans la fonction publique, son
grade (1er échelon) n’a pas évolué alors que ses promotionnaires ont
atteint le grade de 11ème échelon. Il poursuit en affirmant qu’il ne
peut pas faire le concours de l’Inspectorat tant que son grade reste au 1er
échelon. S’agissant de l’habitat, il s’étonne de la construction de plus de
1000 logement pour insérer des pauvres (ce qu’il trouve bon) pendant que les
rapatriés vivent dans des hangars insupportables à la fois en période chaleur
et de froid. Concernant les aménagements hydro agricoles, il déplore que les
réalisations déjà faites dans ce sens au Trarza et au Brakna n’aient pas pris
en compte l’importance du critère
démographique. Car, la région du Brakna affirme Ibrahima concentre la plus
grande population de rapatriés sur les 25 000 déjà revenus. La défunte
ANAIR a indiqué M. N’Daiye a ignoré les compétences qui existent chez les
rapatriés pour aller opérer des recrutements de complaisance ailleurs et ce
jusqu’au planton. A la question de savoir, comment les marcheurs comptent
s’alimenter, il fait savoir que des équipes ont été constituées et qui sont
chargée de préparer et de convoyer tous les jours des repas pour les marcheurs.
Rappelons que tôt dans la matinée, le Wali du Brakna Ahmedou A Abdalla a débarqué
à Boghé dans le but de rencontrer les membres de la coordination afin de
s’enquérir de leurs problèmes. Mais ces derniers ont simplement refusé tout
contact avec les autorités de la région. Après une 1ère journée de
marche, ils ont dormi dans le village de Boynguel Thilé, une autre localité de
rapatriés, située à environ 40 kilomètres de Boghé. Notons qu’une seule
personne parmi les marcheurs n’ayant pas de pièce d’identité a été refoulée par
la gendarmerie au PK 16.
Daouda Abdoul Kader Diop (Le
Terroir)
Brahim O Eli Salem (Le Calame)
Diop Mohamedou Abou (Mauritanoix)
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