Les généraux présents-absents à Boghé
Pour reprendre la main à Boghé, l’UPR n’aura ménagé aucun effort. Descente générale de tous les cadres de la ville, pour apporter du renfort aux amis, pris à la gorge par une liste AJD/MR épaulée par les militants de l’UFP dont le parti avait décidé de boycotter les élections.
Au demeurant, le président Ibrahima Moctar Sarr n’avait pas trouvé de trop de descendre lui-même, à la tête d’une forte délégation, dont quelques cadres de l’APP, pour aller, de village en village, demander aux populations de porter leur choix sur le jeune instituteur qui dirige la liste de leur parti à Boghé.
De l’autre côté, les trois généraux de Boghé (les chefs d’état-major de la gendarmerie, de la Garde nationale et de celui, particulier, du Président) ont supervisé les opérations, via émissaires, coups réguliers de téléphone et autres fidèles qui transmettaient bonnes paroles, pièces sonnantes et trébuchantes, aux faiseurs d’opinions de la ville.
Course-poursuite à Aleg
Sur fond d’accusations mutuelles entre acteurs politiques locaux, la ville d’Aleg a été prise d’une frénésie indescriptible, à la veille du deuxième tour. Chaque camp a mis sur pied des comités de vigilance, pour surveiller les mouvements de son vis-à-vis.
Dès le soir du vendredi 20 décembre, aux environs de 17 heures, des rumeurs couraient, faisant état de l’arrestation d’un haut responsable de la CENI, accusé d’avoir touché des pots-de-vin, pour faire pencher la balance en faveur d’un des camps. Les rumeurs iront crescendo, citant le nom d’un grand opérateur politique local qui aurait été convoqué par la justice, suite aux aveux, affirmait-on, du fonctionnaire indélicat de la CENI.
En tout cas, c’est jusqu’aux heures tardives de la nuit de samedi que les voitures de certains hauts responsables ont été filées, par des groupes des jeunes issues des deux tendances rivales (UPR et PUD). Vers trois heures du matin, une petite altercation, entre deux jeunes de tendances opposées, a même failli dégénérer.
Du pétard devant la maison de l’ADG de la SNIM
Dès vingt-deux heures, les dés étaient pratiquement jetés. Quatorze des dix-neuf bureaux de vote de la commune d’Aleg étaient dépouillés et les résultats indiquaient une avance relativement confortable de l’UPR. De six à sept cents voix.
Et, au fur et à mesure que les résultats des cinq bureaux restants venaient, les militants de l’UPR commençaient à affluer vers la maison de l’ADG de la SNIM, spécialement éclairée pour le coup d’envoi de la marche de la victoire.
Vers vingt-trois heures, c’est sous la supervision de madame l’ADG que les premiers pétards ont commencé à éclairer le ciel et les voitures luxueuses – au moins deux V8 et trois VX – à effectuer des démonstrations endiablées, sous les applaudissements et les youyous des femmes et des enfants. Devant la porte principale, l’ADG et un groupe de cadres, dont le maire élu, commentaient la victoire, en attendant les résultats des législatives.
Male pour le PUD et Cheggar pour l’UPR
Autant le score était très serré, pour la municipale (à peine 400 voix de plus, pour l’UPR), autant celui de la législative paraissait joué d’avance avec plus de 4 000 voix d’avance en faveur du parti-Etat. Pour le second tour, le Parti de l’Unité et du Développement a fait le plein à Male où il bénéficiait du soutien du directeur du cabinet du Premier ministre, Alioune Ould Issa devançant son rival de plus de six cents voix.
Par contre, le parti au pouvoir a cartonné à Cheggar où le général Mohamed Ould Megett, patron du BED, tient le canon, avec 2 825 voix (UPR) contre 358 (PUD). Dans les autres bureaux de la moughataa – sauf à Lemden où l’UPR a été ridiculisé, avec seulement 61 voix, contre 697 pour le PUD – les résultats alternent en faveur de l’un ou l’autre des partis en présence.
Achat de conscience et confiscation de cartes nationales d’identité
Des filouteries largement pratiquées par les deux camps. L’ampleur du phénomène dépendant, essentiellement, de la capacité de mobilisation des fonds. Plusieurs centaines de pièces nationales d’identité ont été ainsi achetées et confisquées, par des commissions chargées de procéder à cette transaction illicite.
Le principe étant de donner un montant, variable selon la personne, contre la confiscation de sa pièce, afin qu’elle ne puisse profiter à l’adversaire. L’autre aspect de ce « commerce » est de donner un montant à un groupe de jeunes, généralement mené par un coordinateur qui a la faculté d’assurer le vote de ce groupe en faveur de l’acheteur de consciences. Des regroupements féminins ou associations d’anciens militaires ont traité de la sorte, avec des opérateurs politiques locaux.
DG de la SMCP et PCA de la SOMELEC sur la rive
Finalement, le directeur général de la Société Mauritanienne de Commercialisation du Poisson (SMCP), Bâ Mamadou Abdoulaye dit Blé, candidat à sa propre succession à la mairie de Bababé, a été élu au premier tour. Son cousin, le président du Conseil d’administration de la SNDE, Bâ Bocar Soulé, a été moins chanceux. Les deux hommes, anciens rescapés du système Taya, avaient pour mission de ratisser la vallée, pour contrer l’ancrage de l’UDP et la montée des partis des jeunes, notamment le Sursaut, au Sud.
Le retour des peshmergas
Nos Gogs et Magogs, ce sont les peshmergas qui hibernent, en période de non-élection et apparaissent, plus forts que jamais, en période électorale. Individuellement ou en groupes, ils ont envahi le Brakna, de fond en comble, en quête d’argent. Toujours la même stratégie : opération de détection et de repérage de hautes personnalités nationales.
Ils les connaissent par cœur. C’est le B A BA du « peshmerguisme » que de connaître les ressortissants haut placés de chaque région. Ils passent la journée par-ci et la nuit par-là, comme dans les contes que nos grands-mères nous racontaient pour nous endormir. Ravissant la vedette aux griots, aux communicateurs traditionnels et autres troubadours de la vallée.
A Aleg où l’un des leurs, ancien peshmerga à la veille de la retraite, était candidat, un groupe se présente au siège de celui-ci, mis en lice par un parti dont le nom évoque l’argent, pour les esprits simplistes. A la porte, le groupe de peshmergas est surpris de constater que le candidat qu’on cherchait à plumer n’est autre qu’un frère d’armes. Congratulations, souhait de réussite et bye bye !
Pour reprendre la main à Boghé, l’UPR n’aura ménagé aucun effort. Descente générale de tous les cadres de la ville, pour apporter du renfort aux amis, pris à la gorge par une liste AJD/MR épaulée par les militants de l’UFP dont le parti avait décidé de boycotter les élections.
Au demeurant, le président Ibrahima Moctar Sarr n’avait pas trouvé de trop de descendre lui-même, à la tête d’une forte délégation, dont quelques cadres de l’APP, pour aller, de village en village, demander aux populations de porter leur choix sur le jeune instituteur qui dirige la liste de leur parti à Boghé.
De l’autre côté, les trois généraux de Boghé (les chefs d’état-major de la gendarmerie, de la Garde nationale et de celui, particulier, du Président) ont supervisé les opérations, via émissaires, coups réguliers de téléphone et autres fidèles qui transmettaient bonnes paroles, pièces sonnantes et trébuchantes, aux faiseurs d’opinions de la ville.
Course-poursuite à Aleg
Sur fond d’accusations mutuelles entre acteurs politiques locaux, la ville d’Aleg a été prise d’une frénésie indescriptible, à la veille du deuxième tour. Chaque camp a mis sur pied des comités de vigilance, pour surveiller les mouvements de son vis-à-vis.
Dès le soir du vendredi 20 décembre, aux environs de 17 heures, des rumeurs couraient, faisant état de l’arrestation d’un haut responsable de la CENI, accusé d’avoir touché des pots-de-vin, pour faire pencher la balance en faveur d’un des camps. Les rumeurs iront crescendo, citant le nom d’un grand opérateur politique local qui aurait été convoqué par la justice, suite aux aveux, affirmait-on, du fonctionnaire indélicat de la CENI.
En tout cas, c’est jusqu’aux heures tardives de la nuit de samedi que les voitures de certains hauts responsables ont été filées, par des groupes des jeunes issues des deux tendances rivales (UPR et PUD). Vers trois heures du matin, une petite altercation, entre deux jeunes de tendances opposées, a même failli dégénérer.
Du pétard devant la maison de l’ADG de la SNIM
Dès vingt-deux heures, les dés étaient pratiquement jetés. Quatorze des dix-neuf bureaux de vote de la commune d’Aleg étaient dépouillés et les résultats indiquaient une avance relativement confortable de l’UPR. De six à sept cents voix.
Et, au fur et à mesure que les résultats des cinq bureaux restants venaient, les militants de l’UPR commençaient à affluer vers la maison de l’ADG de la SNIM, spécialement éclairée pour le coup d’envoi de la marche de la victoire.
Vers vingt-trois heures, c’est sous la supervision de madame l’ADG que les premiers pétards ont commencé à éclairer le ciel et les voitures luxueuses – au moins deux V8 et trois VX – à effectuer des démonstrations endiablées, sous les applaudissements et les youyous des femmes et des enfants. Devant la porte principale, l’ADG et un groupe de cadres, dont le maire élu, commentaient la victoire, en attendant les résultats des législatives.
Male pour le PUD et Cheggar pour l’UPR
Autant le score était très serré, pour la municipale (à peine 400 voix de plus, pour l’UPR), autant celui de la législative paraissait joué d’avance avec plus de 4 000 voix d’avance en faveur du parti-Etat. Pour le second tour, le Parti de l’Unité et du Développement a fait le plein à Male où il bénéficiait du soutien du directeur du cabinet du Premier ministre, Alioune Ould Issa devançant son rival de plus de six cents voix.
Par contre, le parti au pouvoir a cartonné à Cheggar où le général Mohamed Ould Megett, patron du BED, tient le canon, avec 2 825 voix (UPR) contre 358 (PUD). Dans les autres bureaux de la moughataa – sauf à Lemden où l’UPR a été ridiculisé, avec seulement 61 voix, contre 697 pour le PUD – les résultats alternent en faveur de l’un ou l’autre des partis en présence.
Achat de conscience et confiscation de cartes nationales d’identité
Des filouteries largement pratiquées par les deux camps. L’ampleur du phénomène dépendant, essentiellement, de la capacité de mobilisation des fonds. Plusieurs centaines de pièces nationales d’identité ont été ainsi achetées et confisquées, par des commissions chargées de procéder à cette transaction illicite.
Le principe étant de donner un montant, variable selon la personne, contre la confiscation de sa pièce, afin qu’elle ne puisse profiter à l’adversaire. L’autre aspect de ce « commerce » est de donner un montant à un groupe de jeunes, généralement mené par un coordinateur qui a la faculté d’assurer le vote de ce groupe en faveur de l’acheteur de consciences. Des regroupements féminins ou associations d’anciens militaires ont traité de la sorte, avec des opérateurs politiques locaux.
DG de la SMCP et PCA de la SOMELEC sur la rive
Finalement, le directeur général de la Société Mauritanienne de Commercialisation du Poisson (SMCP), Bâ Mamadou Abdoulaye dit Blé, candidat à sa propre succession à la mairie de Bababé, a été élu au premier tour. Son cousin, le président du Conseil d’administration de la SNDE, Bâ Bocar Soulé, a été moins chanceux. Les deux hommes, anciens rescapés du système Taya, avaient pour mission de ratisser la vallée, pour contrer l’ancrage de l’UDP et la montée des partis des jeunes, notamment le Sursaut, au Sud.
Le retour des peshmergas
Nos Gogs et Magogs, ce sont les peshmergas qui hibernent, en période de non-élection et apparaissent, plus forts que jamais, en période électorale. Individuellement ou en groupes, ils ont envahi le Brakna, de fond en comble, en quête d’argent. Toujours la même stratégie : opération de détection et de repérage de hautes personnalités nationales.
Ils les connaissent par cœur. C’est le B A BA du « peshmerguisme » que de connaître les ressortissants haut placés de chaque région. Ils passent la journée par-ci et la nuit par-là, comme dans les contes que nos grands-mères nous racontaient pour nous endormir. Ravissant la vedette aux griots, aux communicateurs traditionnels et autres troubadours de la vallée.
A Aleg où l’un des leurs, ancien peshmerga à la veille de la retraite, était candidat, un groupe se présente au siège de celui-ci, mis en lice par un parti dont le nom évoque l’argent, pour les esprits simplistes. A la porte, le groupe de peshmergas est surpris de constater que le candidat qu’on cherchait à plumer n’est autre qu’un frère d’armes. Congratulations, souhait de réussite et bye bye !
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