En vérité, les bien-aimés d'Allah seront à l'abri de toute crainte, et ils ne seront point affligés. (Le Coran, sourate Yunus, Verset 62)
Cheikhna Ely Cheikh est un homme extraordinaire et il est difficile voire impossible de raconter l’homme, le saint, le savant et le bienfaiteur qu’il est. Parler de Cheikhna Ely Cheikh est encore plus difficile lorsqu’il s’agit de l’un ou l’une de ses très nombreux adeptes, disciples et proches comme moi.
Et, en vérité, il m’arrive rarement d’écrire et je sais que des ténors ont déjà écrit avant moi sur le Cheikh, juste après son rappel à Lui par le Maître Absolu, qu’ils soient tous ici remerciés pour leurs mots justes et inspirés.
Cependant, en ma qualité d’admiratrice, d’adepte, de disciple et de nièce du Cheikh, je voudrais faire le présent modeste témoignage, une sorte aussi d’hommage aux gens de l’Adrar et au Président Mohamed Ould Abdel Aziz pour leur solidarité agissante pendant la maladie du Cheikh et lors des journées de condoléance.
Le Président de la République et toute sa famille, dont les liens avec la famille Ahl Cheikh Mohamed Vadel sont multiples et séculaires, a été incontestablement à la hauteur de l’événement. Qu’ils soient ici remerciés pour tout l’appui, toutes les facilités et toute la solidarité qui ont été apportés à toute la Mauritanie à l’occasion du rappel à Allah du Cheikh.
Cette solidarité a été aussi exprimée par tous les leaders politiques, majorité et opposition confondue, les leaders d’opinion, les responsables des corps constitués, les responsables des organisations de la société civile et les simples citoyens. La presse écrite, audiovisuelle et électronique, a publié des condoléances sincères et des éléments biographiques importants du Cheikh.
Si Cheikhna Ely Cheikh est connu de visu ou par ouï-dire de l’ensemble des mauritaniens, et bien au-delà, nous ses proches et tous les gens d’Atar, qu’il tenait et qui le tenaient en haute estime, restons les témoins privilégiés des jeûnes répétés du Cheikh, de ses longues prières au cœur de la nuit, de ses actes de générosité inimitables par lesquels il a certes dépassé le légendaire Hatem Taai, perpétuant la générosité de ses grands pères, en particulier Cheikh Mohamed Vadel Ould Mamine et le Prophète Mohamed (PSL).
Atar a su se rendre digne d’être la patrie et le lieu à partir duquel le Cheikh a rayonné. Son attitude féconde a fait grandir la ville d’Atar au sens propre et figuré. D’ailleurs, durant les obsèques et pendant toute la période du deuil, et au-delà, les atarois ont montré que leur ville était digne d’abriter ce grand saint, leur hospitalité, leur patience et leur dignité durant ce triste événement en est la preuve.
Toute la Mauritanie était l’hôte de cette ville qui ne s’est pas départie de sa réputation hospitalière légendaire : aucune porte ne s’est fermée, aucun feu ne s’est éteint, … Ici, le Cheikh a prodigué ses conseils de sagesse faits de vérité et de foi, à des centaines de milliers de personnes venant de partout.
Les soufis, dont il était parmi les maîtres incontestés par ses pratiques cultuelles, par sa générosité, par sa modestie et surtout son accueil légendaire, disent que les miracles que Dieu accorde aux Prophètes peuvent être accordés par Lui aux Saints, aux Weliyous, ceux qu’il a choisis pour le servir.
Et Dieu avait incontestablement doté le Cheikh de pouvoirs mystiques extraordinaires qui lui ont permis de guérir les maladies les plus complexes et de secourir les plus désespérés.
Si Atar et toute la Mauritanie étaient si stupéfaits, perdus et venus hagards à son enterrement, c’est parce que quelque part ils ont senti qu’une assurance, qu’un recours ultime pour s’habiller de bon bazin, pour manger à sa faim, pour trouver une coquette somme ou pour guérir d’une maladie jugée incurable, étaient désormais hypothéqués après le départ du Cheikh.
Ni la chaleur, ni le froid, ni la fatigue, ni le nombre de visiteurs à traiter ne pouvaient empêcher le Cheikh de veiller à prier, de s’occuper de tous jusqu’à ce que chacun sente qu’il était le seul hôte important du Cheikh, pour qui tous les visiteurs, quelque soient leurs conditions et leurs objectifs, sont importants et doivent être bien servis et bien traités. C’est ce qu’il faisait avec ses propres mains.
Il m’arrive de penser que les mots, quelle que soient la richesse du vocabulaire, la qualité du style ou la précision des termes, ne sauraient exprimer une simple partie de la quintessence des qualités morales, spirituelles, religieuses et humaines du plus grand Cheikh que la Mauritanie moderne ait connu.
Cheikh Hamden Ould Tah a raison de dire que : « Le nom de Cheikhna Ely Cheikh s’est lié à tous les dévouements, bontés et vertus. Son nom s’est associé à la générosité et à la courtoisie, … les gens se déplaçaient vers lui, venant de tous les coins du monde pour prendre de son argent, de ses repas et de sa largesse », de sa sagesse et de sa baraka aussi et Cheikh Mohamed Hacen Ould Dedew a raison de tenir à venir personnellement Atar pour assister à la prière et à l’enterrement de cette mine de sainteté .
Cela n’est guère étonnant. Le Cheikh n’est-il pas le digne héritier de cette grande lignée de saints de la famille Cheikh Mohamed Vadel Ould Mamine ? Pour ceux qui connaissent la famille Cheikh Mohamed Vadel, bénite et honorée partout dans le pays et sur le continent, grâce aux dons mérités par la prière, la générosité et la tolérance, une race d’hommes qui sort de l’ordinaire comme le disait quelqu’un : Lettrés, intellectuels, combattants, pieux, généreux et dotés d’une foi immense et jamais démentie en Dieu.
Cette famille, la Mauritanie, le monde musulman dans son ensemble ont perdu un homme aux dons exceptionnels qui a contribué à la paix sociale, à la paix des cœurs, des corps et des esprits, au rayonnement du pays et à sa stabilité.
Le Cheikh est parti après avoir accompli son devoir envers son Créateur et son prochain ; il est parti, il a quitté un monde, ici bas, où il sait que les choses n’ont aucune valeur : seule est important ce que l’homme réalise pour meubler sa demeure au paradis ; Il avait compris, à l’instar de tous les grands saints, et il attendait ce jour avec un pied ferme.
A voir comment il distribuait les biens immenses que Dieu lui avait envoyés, on voit qu’il s’attachait très peu à ce monde et aux biens terrestres qui font tourner la tête à tant de gens qui oublient que l’avenir et le futur certain de chacun, est la rencontre avec le Créateur, un bilan à la main: bienfaits à droite et méfaits à gauche, avec la balance de précision au milieu. Celui qui veut que la balance penche du bon coté a intérêt à suivre et imiter des maîtres comme Cheikhna Ely Cheikh.
Le Cheikh a laissé partout un vide, une estime et une nostalgie inexprimables … rien qu’à voir les gens hébétés, perdus, comme dans une catastrophe naturelle, un vrai séisme …les visages couverts de sueur inhabituelle…les yeux immensément ouverts regardant dans le vide, …On comprend alors un peu ce que représentait Cheikhna Elly Cheikh pour tous.
Oui ! qui donnera désormais à de pauvres inconnus des sommes inattendues par leur importance, qui conseillera petits et grands, puissants et faibles, qui formera, qui priera pour ces gens malheureux, où mangeront-ils à longueur de jours, de semaines, de mois et d’années ces dattes choisies, cette viande et ce riz qui guérissent de tous les maux, distribués à tour de bras, dans les maisons et les rues d’Atar, aux pauvres et aux riches…
Aucun nom n’a été aussi répété sur les langues, répandus aux quatre coins du pays et au-delà, que le nom d’Ely Cheikh. Combien d’homonymes a-t-il ? Combien de gens l’appelle, à haute ou basse voix, en cas de détresse avec la certitude de s’en tirer ?
Sa place était grande dans le cœur de tous et de toutes…
Il a tout donné, le Cheikh, et il ne voulait aucune récompense sauf celle d’Allah … Quel Cheikh, quel grand Cheikh ! Il était la générosité, la tolérance, l’humilité…
Cette sérénité, ce calme, cette confiance en sa présence…On sentait la faim, l’anxiété, la maladie et la précarité disparaitre en sa présence. Son regard, le toucher de sa main étaient un baume efficace contre toutes les inquiétudes, toutes les blessures, toutes les maladies.
Cependant, même si nous aurons encore longtemps la nostalgie et le souvenir de la silhouette remarquable et de la prestance respectable et respectée de Cheikhna Ely Cheikh Ould Momma, l’un des plus grands saints de tous les siècles, sa baraka restera pour nous tous, ses compatriotes, ses disciples, ses adeptes, ses proches et ses enfants.
Car heureusement pour nous tous que le Cheikh a laissé derrière lui des enfants dignes de son héritage, et comme il a lui-même perpétué l’héritage de son père Moma, de ses grands pères Cheikh Mohamed Taquiyoyllah et Cheikh Mohamed Vadel, ils sauront perpétuer l’héritage car Dieu laisse toujours la baraka là où il la dépose et le Cheikh les a formés pour cela !
Ses enfants vont, nous en sommes sûrs, continuer efficacement avec l’aide d’Allah l’œuvre colossale et indélébile de leur honorable père et notre Cheikh et oncle qui, tout au long de sa vie, a œuvré pour le Bien et le Bien ne meurt jamais.
Je saisis cette occasion pour présenter mes condoléances à tous les enfants de Cheikhna, à toute la famille Cheikh Mohamed Vadel, à tous les gens de l’Adrar, à tous les mauritaniens et à tous les musulmans. Que la terre d’Amdeir lui soit légère et que sa baraka immense ne quitte jamais ses enfants, ses proches, ses disciples et adeptes dans le cœur desquels il restera et vivra à jamais.
سورة البقرة، آية: 156 Certes, nous sommes à Allah et c’est à Lui que nous retournerons
Par Azza Mint Kotob Ould Moma
Ingénieure en Informatique
Chef du Service Sécurité et Systèmes d’Information à la SOMELEC
azzamoma@yahoo.fr
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