Source : ElBekaye Ould Abdel Kader Ould Khou
dimanche 11 août 2013
Personne n’est témoin de mensonge
P
Certains jeunes ont propagé une initiative dénommée « Ceux qui ne donnent pas de faux témoignages» appelant au boycott de «Liqaa Chaab » dans la ville de Nema. Et comme nous ne sommes pas d’accord avec ces frères quant à l’appréciation de cette question, nous avons estimé utile d’éclairer l’opinion publique sur notre position afin que notre silence ne puisse être interprété comme assentiment ou connivence.
La désignation de cette initiative insinue que tous ceux qui n’y participent pas sont tout naturellement des témoins du mensonge. Ceci est insupportable pour tout musulman qui sait que le faux témoignage est le troisième grand péché après l’association à Allah et le non- respect des parents.
L’intrusion du discours religieux dans une divergence d’opinions politiques n’est pas honnête. Et que dire si nous autres réclamons être « Les serviteurs du Tout Miséricordieux, ceux qui marchent humblement sur terre, qui, lorsque les ignorants s’adressent à eux, disent:
«Paix» » ou si tout simplement nous nous réclamons de la deuxième partie du verset de sourate Al Fourqan (Le discernement) qu’ils ont invoqué : ceux qui « lorsqu’ils passent auprès d’une frivolité, s’en écartent noblement ». El Bekkaye Ould Abdel Kader Khou
Il était bien possible d’ignorer ce genre de propagande n’engageant que ses auteurs qui ont d’ailleurs tout le droit d’exprimer librement leurs convictions et nous leur reconnaissons ce droit sans grief. Mais là où le bas blesse c’est lorsqu’ils invoquent le Saint Coran et nous espérons être parmi « ceux dont les cœurs frémissent quand on mentionne Allah » (Al Anfal). Mais sur quoi donc se basent-ils pour décider a priori que «Liqaa Chaab » est futile ?
Pour eux, le projet de la nappe de Dhar tarde à démarrer, l’absence de perspective pour l’élevage, l’agriculture négligée, le faible niveau des infrastructures, la détérioration des services sanitaires, le niveau de pauvreté, la faiblesse du pouvoir d’achat, la fermeture de l’aéroport, l’absence d’un réseau ferroviaire au niveau national, la faiblesse du réseau routier entre Nema et les départements…Tels sont en substance les principaux griefs invoqués et ils ont tout le droit de ne pas être satisfaits de la prestation du Gouvernement et de la critiquer.
Tout comme nous avons le droit de défendre notre position de soutien. Tout d’abord, il nous est difficile d’accepter qu’il y ait une marginalisation politique de la Wilaya au moment où nous nous félicitons que la Primature lui est attribuée avec plusieurs ministères et non des moindres : Justice, Equipement et Transports, Hydraulique, Santé, ainsi que plusieurs hautes positions politiques dont Président de l’Assemblée Nationale, Président du Conseil Constitutionnel, Directeur de Cabinet du Président, Haut Conseil de la Fatwa, Médiateur de la République et Commissariat à la sécurité Alimentaire, et dans les hautes fonctions dans l’Administration : des Secrétaires généraux de Ministères, des Directeurs centraux dans les Ministères et des chefs d’Etablissements publics.
Nous avons compris que le projet de la nappe de Dhar est une priorité du Gouvernement qui a adopté lors du Conseil des Ministres du 25 avril 2012 un projet de loi autorisant la ratification de l'accord de prêt signé avec le Fonds Arabe pour le Développement Economique et Social (FADES) destiné au financement du Projet d'Alimentation en Eau Potable des villes et villages de l'Est à partir du Bassin Dhar, y compris , la réalisation de stations de pompage, de réservoirs et la réalisation de nouveaux réseaux de distribution avec annexes nécessaires : bornes fontaines, branchements domestiques.
Il importe peu pour nous que l’on inaugure l’étude de faisabilité, le financement ou le démarrage tant que l’on est sur la bonne voie pour la réalisation du projet. Et d’ailleurs pour être juste, il faudrait rappeler que c’est un projet gigantesque (estimé à plus de 32 milliards d’ouguiyas) qui a tenu tête à tous les gouvernements successifs depuis les années soixante du siècle passé.
Nous considérons que l’élevage est réellement le pilier de l’économie de la Wilaya et nous sommes optimistes quant aux progrès réalisés dans l’insémination artificielle et les étapes franchies pour l’implantation d’une usine de lait à Nema. Plus encore, nous revendiquerons l’ouverture de plusieurs usines là où la densité du cheptel est importante afin d’avoir un réseau capable d’approvisionner le pays tout entier.
Nous devons reconnaître l’amélioration de la couverture sanitaire, l’approvisionnement du marché en fourrage à des prix abordables pendant les années de grande sécheresse, l’ouverture de boutiques subventionnées afin de soutenir le pouvoir d’achat des plus modestes, la préservation des pâturages par la lutte contre les incendies et le projet de la ferme d'élevage de Mahmouda destinée à l'amélioration des espèces bovines.
Quant à l’agriculture sous pluie, elle a bénéficié de la réalisation de quelques barrages et de la distribution des semences. Nous ne disons pas qu’elle est négligée mais nous réclamons la modernisation des procédés et davantage d’encadrement pour atteindre l’autosuffisance alimentaire. Il est même possible d’avoir une importante production de légumes si l’on rationnalise l’utilisation des eaux de pluie et si l’on modernise les procédés d’irrigation ; ce qui a été réalisé à Nbeiket Lahwache en est le témoignage le plus clair.
Dans ce cadre, il serait également utile d’aider à la création des coopératives agricoles villageoises en l’intégrant dans toutes les politiques sectorielles. Il est grand temps de rénover les procédés agricoles d’antan afin d’améliorer la productivité.
Pour ce qui est de la faiblesse du niveau des infrastructures, l’on sait que cela est une caractéristique des pays en développement et notre pays n’échappe guère à la règle surtout que notre Wilaya a une très vaste superficie. L’on remarque cependant une amélioration sensible dans les infrastructures routières au niveau de l’ensemble du pays. Nous espérons que sous peu Nema va être reliée aux chefs-lieux des Moughataa ; le travail ayant déjà avancé dans les sections Nema-Bangou et Amourj-Emmat Lekarich. Il paraît également que les études pour Amourj-Adel Bagrou et Nema-Bassiknou ont été terminées.
Nous sommes donc fin prêts pour souhaiter la bienvenue à son Excellence Le Président de la République sans hypocrisie et sans témoignage mensonger pour lui transmettre les doléances des habitants du Hodh tout en reconnaissant avec gratitude les grandes réalisations : réforme de la Justice, garanties des libertés politiques, liberté de la presse, politiques sociales, modernisation de l’Etat Civil, infrastructures routières, succès dans les politiques étrangère et monétaire et renforcement de l’Etat de droit.
Nous lui dirons que nous fondons sur lui beaucoup d’espoir afin de rendre justice à cette Région qui a longtemps souffert du fait de son éloignement de la capitale ; ce qui a fait qu’elle a continué à vivre d’une économie rurale archaïque.
Nous lui soumettrons très honnêtement les souffrances des populations et leurs espérances pour qu’il soit au courant de tous les détails. Nous attirerons son attention sur la nécessité d’avoir une Université et un Institut Supérieur de Technologie car les étudiants –et surtout les étudiantes- émigrent avec leurs familles pour poursuivre leurs études. Nous solliciterons de son Excellence la programmation d’une Ecole Militaire pour la formation des Officiers et Sous-officiers.
Nous appellerons à accorder davantage de priorité au tourisme ; notre région disposant de très beaux sites naturels et des villes historiques très anciennes. Cette politique implique nécessairement l’ouverture de l’aéroport et même sa connexion avec les vols internationaux.
Nous solliciterons les instructions du Président pour l’encouragement des petites unités industrielles afin de créer des opportunités de travail pour les jeunes ainsi que pour l’amélioration du pouvoir d’achat des citoyens.
Nous solliciterons aussi l’amélioration de la couverture sanitaire par la création d’unités médicales ambulantes pour donner les soins de première nécessité aux populations les plus enclavées.
Nous insisterons sur l’importance de la dynamisation du Fonds de Développement Régional ; véritable instrument de répartition de la richesse nationale. Notre Wilaya, plus que toute autre, en a besoin.
Voici une partie de ce que nous dirons au Président mais nous disons à nos frères qu’il est grand temps d’avoir une classe politique éclairée qui croit au pluralisme et à l’éthique du dialogue et de la divergence en politique. Quelque soient nos backgrounds idéologiques et nos mobiles personnels, nous devons mettre les intérêts de notre Région au-dessus de toute considération. Que nous soyons de l’Opposition ou du Pouvoir, nous devons nous rencontrer autour de ce qui nous unit et il est beaucoup plus important que ce qui nous sépare.
Nous devons aussi être honnêtes et reconnaître ce qui a été réalisé dans tous les domaines et en particulier en matière de défense et de sécurité et ce en très peu de temps. Mais nous pouvons également demander davantage. Nous devons comprendre que tout opposant n’est pas un diable qu’il faut écraser et que tout soutien du Pouvoir n’est pas un réactionnaire qu’il faut dénoncer.
Nous ne devons pas épuiser nos efforts dans des combats stériles et rien n’exclut la possibilité de mettre en place des clubs de discussion pour échanger sur tous ces défis sans considération de notre appartenance politique.
Il reste que le ciel ne pleut ni or ni argent et nous sommes devant des échéances nationales importantes ; voilà pourquoi nous devons élire ceux qui ont la compétence de défendre nos intérêts et qui privilégieront l’intérêt général sur le leur.
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