mercredi 18 avril 2012

Visite présidentielle au Brakna: Les temps forts



Le président de la République a entrepris, le dimanche 15 avril 2012, une visite au Brakna qui le mènera dans les cinq départements de la wilaya. Pendant trois jours, il sillonnera la région, de long en large, pour, dit-on,« s’assurer de la bonne exécution de plusieurs projets de développement », destinés à pourvoir cette région agropastorale qui compte parmi les plus vulnérables du pays. Beaucoup de localités du « triangle de la pauvreté », commué en « triangle de l’espoir », se situe dans cette région où le projet d’éradication des séquelles d’esclavage a permis de doter la quinzaine d’adebayes que forme l’ensemble Bouratt, de quelques services de base, surtout des écoles, des points d’eau et des centres de santé.

Programme bousculé

Annoncé pour 14 heures, l’hélicoptère présidentiel ne se posera qu’à 16 heures 6 minutes, sur un terrain aménagé la veille. Toute la Mauritanie était là. Chacun voulait saluer le Président. Grande désorganisation et très fortes bousculades. Plusieurs dizaines de milliers de personnes, accourues des quatre coins du pays. Les ministres et directeurs généraux, les généraux et les colonels, les présidents des conseils d’administration et autres hauts fonctionnaires ont tout mis en œuvre pour mobiliser les foules. Par exemple, le ministre des Finances a rempli une cinquantaine de bus. Comme à Nouadhibou, le Président a bousculé le protocole. C’est à peine si le maire d’Aleg a pu placer un mot.

Discours très ordinaire

Sans surprise, le discours du Président n’a été qu’un classique du genre. Récital de réalisations réelles ou supposées. L’hôpital régional va bien, contrairement à ce que pensent les « malveillants » qui ont, au cours d’un sit-in organisé le 14 avril, dénoncé le délabrement avancé de l’établissement sanitaire. Attaque contre les« prévaricateurs » et de cette « bande de marmailles » qui se permet de faire des graffitis lui demandant de dégager. Or, dixit le Président : « Nous sommes dans une démocratie. Nous n’emprisonnerons personne, comme le veulent certaines gens de l’opposition ».

Forte mobilisation humaine et matérielle


Selon les spécialistes-maison de l’évaluation, l’argent débloqué, pour louer les centaines de bus et autres moyens de transport, héberger les délégations dont certaines sont venues d’Aïoun ou de Nouadhibou, aurait atteint un ou deux milliards d’ouguiyas, « sur fonds propres », précise, avec amertume, un cadre visiblement très fatigué. Le meeting populaire a, de source policière, atteint la quinzaine de milliers d’individus. « Les voitures étaient plus nombreuses que les gens », selon un gérant d’auberge, très satisfait de la bonne affaire que cette providentielle visite vient de lui offrir.

La saga des anciens


Ils étaient là. Les vieilles figures des grands moments. L’ancien ministre Dah Ould Abdi, Mohamed Mahmoud Ould Agrabatt, Zeïni Ould Ahmed Hadi. Les banquiers IsselmouOuldTajedine et Mohamed Salem Ould Sidi. Les notables du Tagant, du Trarza, du Gorgol et de l’Assaba.

Ould Youssouf brutalisé


Pour avoir voulu accéder, à tout prix, à la tribune officielle, Mohamed Vall Ould Youssouf a été maltraité par des éléments du BASEP et un officier de police. Ould Youssouf préside la commission départementale d’organisation de Boghé. Il aurait reçu quelques coups et été violemment bousculé, pour le dissuader de monter sur l’estrade officielle.

Des gens de la COD arrêtés

Deux responsables de la COD (le fédéral de Tawassoul, El Moustapha Ould Cheikh, et le représentant de l’UFP à Aleg, TeyibSow) ont réussi à tromper la vigilance des forces de sécurité et à brandir des banderoles sur lesquelles était écrit : « Aziz, dégage ! ». Rapidement, des policiers sont intervenus pour conduire les deux « perturbateurs » au commissariat de police.

Graffitis inquisiteurs


La veille de l’arrivée du Président, des voitures de ministres et de hauts fonctionnaires ont été couvertes d’écritures demandant le départ du président de la République. Même la voiture du directeur régional de la Sûreté (un comble !), le mur de la brigade de Gendarmerie (un autre moindre…) et de certaines écoles n’ont pas été épargnés.

Les autochtones marginalisés


Les « Gens d’Aleg » n’ont pas été suffisamment impliqués, dans l’organisation de la visite présidentielle. Car la ville est fortement « infestée » par l’opposition. De grands cadres locaux de la ville, qui ne sont pas de l’UPR, ont entrepris des manœuvres pour que « leur monde » reste à la maison.

Inaugurations et audiences


Le programme de la visite comprend plusieurs inaugurations dont le projet Bouhchicha qui devrait pourvoir la ville de MagtaLahjar en eau potable, la pose de la première pierre, pour l’électrification de Bouhdida, l’inauguration de la station de pompage du casier-pilote de Boghé, un aménagement de 600 hectares, dans la commune d’Aéré Mbar, département de Bababé. Des audiences seront accordées à des personnalités et notabilités des cinq moughataas

Record de généraux et panoplie de cadres

Le Brakna compte le plus grand nombre de généraux de brigade. Trois sont de Boghé : Ndiaga Dieng, de la gendarmerie ; Félix Négri, chef de corps de la Garde nationale, et Dia Adama Oumar, le chef d’état-major particulier du Président. Le quatrième étoilé est Ould Megett de la localité de Cheggar, dans le département d’Aleg. Côté civil, l’administrateur-directeur-général de la SNIM, le directeur général du port de Nouadhibou, celui de la SMCP, le ministre des Finances, le secrétaire général du ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation et celui de la Justice. Plusieurs conseillers à la Présidence et autres huiles. Pourtant, quelqu’un du Brakna, saluant le Président, n’a pas manqué de lui dire que la wilaya ne comptait aucun cadre. Quel message ? Carence ou déficit ? En tout cas : On ne change pas une équipe qui change.

Le calame

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