vendredi 13 avril 2012
L’armée mauritanienne renforce ses positions aux frontières
Les groupes terroristes accentuent leur emprise sur le nord du Mali, comme en témoigne le récent enlèvement de diplomates algériens. Les récentes agitations au Mali ont incité le gouvernement mauritanien à envoyer des renforts sur la frontière nord du pays, où les habitants ont déclaré l'indépendance du nouvel Etat de l'Azaouad.
Selon un communiqué de la presse militaire mauritanienne, le chef d'état major des armées a envoyé des renforts le 5 avril sur les frontières orientale et méridionale du pays, "pour parer à d’éventuelles infiltrations des bandes armées en provenance du Mali". Des unités de l'armée "se sont dirigées vers la ville de Bassiknou et les zones avoisinantes frontalières avec le Mali, où se déroulent actuellement des opérations menées par le MNLA et des bandes islamistes armées."
Cheikh Tourad Ould Eli, spécialiste du terrorisme, a expliqué que "l’armée mauritanienne veut renforcer sa présence à l’est du pays pour contrecarrer toute manœuvre d’AQMI, dont les éléments sont actuellement éparpillés dans toutes les directions suite à l’éclatement du Mali et à la conquête du Nord par les troupes du MNLA."
Cet envoi de troupes intervient "au lendemain de la participation du Président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz à la réunion des présidents de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour discuter d’une intervention militaire au Mali", a-t-il ajouté.
"Le pouvoir mauritanien fait face depuis quelques temps à deux fronts : l’un intérieur, avec les manifestations de la Coordination de l’opposition démocratique (COD), qui réclame le départ du Président et de son gouvernement et organise des manifestations sociales, l’autre concernant la sécurité des frontières du pays", a indiqué pour sa part le politologue Mohamed Ould Sidi.
Le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia a récemment annoncé que le Comité d'état major opérationnel conjoint (CEMOC) se réunira dans les prochains jours à Nouakchott.
"Une rencontre des chefs d’état major du CEMOC sera organisée prochainement, pour évaluer la situation dans la région au vu d’un retour inquiétant d'une activité terroriste pilotée par le Mouvement pour l'unité et le djihad en Afrique de l'Ouest, né à la faveur de la guerre civile en Libye. Il est dirigé, selon nos sources, principalement par des Maliens et des Mauritaniens", a ajouté Ouyahia.
"Après l’enlèvement de ressortissants européens à Tindouf et l’attaque contre les forces de la Gendarmerie nationale à Tamanrasset, ce groupe vient de commettre un rapt dans l’antre du MNLA en kidnappant le consul d'Algérie à Gao et six autres diplomates algériens", a-t-il souligné.
Selon Mohamed Ould Cheikh, universitaire chargé de recherches sur le terrorisme, "les bandes armées qui déstabilisent le Sahel, notamment le Mali, devront désormais faire face à la force de feu accrue des armées de la sous-région."
"C’est dans ce cadre que l’Algérie, la Mauritanie, le Niger et le Mali ont créé le CEMOC basé à Tamanrasset", a-t-il souligné. "Son objectif est de mieux coordonner les actions des quatre armées dans la lutte antiterroriste et d’arriver à mener des opérations conjointes dans chacun des pays concernés."
Par Bakari Gueye à Nouakchott pour Magharebia
Cridem
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