mercredi 25 mai 2011
Boghé : Le MDR face aux producteurs agricoles et aux éleveurs.
Le ministre du Développement Rural et son homologue en charge l’emploi, de la formation professionnelle et des Tics étaient en visite à Boghé le 17 et 18 Mai, officiellement pour la supervision de la sortie d’une promotion de 125 diplômés chômeurs qui achèvent au Lycée de Formation Technique et Professionnelle de Boghé une session de formation de deux mois sur les techniques de production agricole et animale.
Le MDR a profité de cette visite pour rencontrer les producteurs agricoles et les éleveurs de la Wilaya. La rencontre qui s’est déroulée au lycée technique a débuté vers 22 heures du soir pour s’achever à 1 heure du matin.
Le ministre du développement rural a dressé le bilan des réalisations du président Mohamed O Abdel Aziz en précisant au passage que ces réalisations n’ont jamais été accomplies en 50 années d’indépendance.
« Le pays se porte très bien » a martelé le ministre avant d’égrener un chapelet de réalisations (routes goudronnées, boutiques de solidarité, habitat, reconversion des quartiers précaires de Nouakchott et de Nouadhibou, la lutte contre la gabegie, la consolidation des libertés démocratiques, de la justice sociale, la suppression de la dette paysanne) à l’actif de l’actuel président selon lui. S’agissant de la campagne agricole de 2010, le ministre a indiqué que des milliers d’hectares ont été emblavés pour un rendement de 6 tonnes à l’hectare.
Sur ce les projets d’aménagements exécutés dans le cadre du Projet d’Aménagement Hydro Agricole du Brakna Ouest (PAHABO) ont permis une amélioration sensible de la production agricole à en croire le ministre. « L’Etat accordera une attention particulière aux cultures sous pluies et a construit sept barrages, équipés plusieurs milliers d’hectares de clôture en fils barbelés, réhabilité en même temps beaucoup de périmètres agricoles.
Notre pays dispose d’un potentiel estimé à 135.000 Ha de terres qui restent à cet instant en mauvais état et qui nécessite d’être mis en valeur pour subvenir aux besoins alimentaires de nos populations fait remarquer l’agriculteur en chef qui annonce que son département compte désormais appuyer les femmes paysannes.
Quant à son homologue de l’emploi, il a incité quant à lui, les parents d’élèves à orienter leurs enfants dans les écoles de métier qui offrent des qualifications professionnelles aux jeunes ; ce qui dit-il n’est pas le cas de l’enseignement général.
Le PRPB, le PAHABO, la SONADER et EMOJOCI indexés par les paysans
Les intervenants dans leur majorité ont salué les efforts déployés par le département ministériel en question pour aider les paysans et qui ont permis le succès de la campagne agricole passée. Les interventions ont tourné essentiellement autour des problèmes tels : le mauvais état de certains aménagements hydro agricoles, la confiscation de certaines terres, le coût élevé des intrants agricoles, la mauvaise qualité de certaines motopompes livrés par le PRPB, l’urgence de la mécanisation du secteur de l’agriculture, les difficultés de la commercialisation de la production, l’insuffisance des moyens de la lutte Anti aviaire,
le manque de moyens pour le lycée technique de Boghé, la faiblesse des retombées des projets PRPB et du PAHABO sur les bénéficiaires, les acquis positifs de ces projets d’aménagement, le retard accusé dans la mise en œuvre ou la réhabilitation de plusieurs périmètres villageois dans le département de Boghé ou de Bababé, les inondations des périmètres en période de campagne,
la dégradation des ouvrages hydro agricoles du Casier Pilote de Boghé (CPB) et la nécessité de l’extension de cette plaine, le projet d’attribution de 50 mille hectares aux Saoudiens dans la vallée, promesses d’équipements agricoles non honorés par l’Etat ou encore le manque d’attention à l’endroit du sous secteur de l’élevage.
Sur le registre des aménagements hydro agricoles dans la région, les paysans ont été particulièrement critiques vis-à-vis du PRPB, du PAHABO et même la SONADER, qui avaient la responsabilité de mettre en œuvre (pour les deux premiers) l’essentiel des travaux d’aménagement ou de réhabilitation de ceux existants et de la maîtrise d’ouvrage (pour le troisième).
C’est dans cette perspective que s’inscrivent les critiques virulentes exprimées par Brahim O Bilal, responsable de la coopérative agricole de Darel Barka contre le PRPB par rapport à la mauvaise conduite des travaux de réhabilitation des périmètres de N’Goral Guidala et de Diattar. Même son de cloche auprès de Ball Amadou Alassane dit général Ball, président du groupement coopératif de Bababé II dénonce une mauvaise réhabilitation du périmètre en 2005 par la Sonader qui selon lui a même trompé leur émissaire dépêché à Nouakchott pour la commande d’un tuyau.
La Sonader selon général Ball avait conseillé à leur émissaire de choisir un tuyau de 200 millimètres de diamètres au lieu d’un tuyau de diamètre 500 (qui était le bon). Depuis six années maintenant, ils ne sont pas allés en campagne. Une situation qui a eu pour conséquence l’endettement des membres du groupement. Cette situation, on la retrouve un peu partout.
A Leguett Leghdala où la machine remise aux paysans par le PRPB n’a pas fonctionné selon Bombaye O Sayké qui cite le Hakem de Boghé et la Sonader comme témoins. Mohamed El Hafeth, un autre habitant de la zone d’intervention du PRPB a souligné que ce projet prévoyait de réhabiliter 48 périmètres agricoles mais à ce jour, la plupart des bénéficiaires attendent encore de voir se concrétiser cette promesse.
Il a aussi dit que les bénéficiaires attendent toujours les moissonneuses batteuses ainsi que les tracteurs promis. A sa suite, c’est M. Bâ Kassoum Ali président de la coopérative de Bababé Loti qui dénonce le retard (5 ans) accusé dans l’exécution des travaux d’aménagement du moyen périmètre de 150 Ha dans cette localité. Travaux confiés à la l’entreprise Mohamed O Jouli pour le Génie Civil (EMOJOCI), jamais mise en demeure mais qui s’est vu imposée certaines pénalités par l’Etat d’après monsieur Bâ.
Pénalités d’ailleurs qui devraient revenir de droit aux paysans de Bababé II en guise de dédommagement a laissé entendre l’instituteur à la retraite. Plus grave, le décompte macabre de personnes et d’animaux imputables à la société EMOJOCI, qui n’a pas encore, à ce jour traité les excavations laissées en place.
A l’égard du PAHABO cependant, il n y’a pas eu que des critiques. Certains intervenants ont salué par exemple le succès de la réhabilitation des marigots du Kondo et de N’Diorol qui ont permis l’an dernier l’inondation de plusieurs cuvettes restées ensevelis de nombreuses années durant. La mise en valeur de ces cuvettes a permis une amélioration de la production agricole dans les zones d’intervention selon les bénéficiaires eux même et comme l’avait fait savoir un peu plutôt le ministre lui-même.
Les périmètres inopérant depuis des décennies sont légion a-t-on appris lors de cette réunion. Les périmètres agricoles de Bacine, de Jedida, de Daghvec peuvent être cités à titre d’exemple.
L’élevage, parent pauvre du MDR !
Concernant le sous secteur de l’élevage, Sidi O Hamoud a regretté qu’il soit toujours resté le parent pauvre du ministère. Il déploré le manque d’attention des pouvoirs publics pour ce secteur. Il a affirmé qu’en 2008-2009, l’élevage au Brakna a généré 488 millions d’ouguiyas alors qu’en 2010, il a enregistré une perte de lait estimé à 111 millions d’ouguiyas. Il chiffre également la mévente du secteur à 196 millions d’ouguiyas.
Côté vaccination, le président de l’Association des Producteurs de Lait et de Viande (APLV), une association d’éleveurs basée au Brakna, a avancé le chiffre de 17.000 bêtes vaccinées en 2010 contre 27.000 vaccinés au cours de l’année 2011.
Pour aider les éleveurs du pays en général, le jeune pasteur suggère à l’Etat de réduire à hauteur de 30% les quantités de lait importées par notre pays en période d’hivernage pour solutionner le problème de la mévente. « Je ne comprends pas que la SNIM achète du lait Espagnol» s’est exclamé le jeune opérateur économique s’adressant au ministre, non sans amertume. Il a aussi interpellé le ministre sur le sens et l’utilisation du Crédit de l’Elevage.
Réponses du MDR aux producteurs
Dans ses réponses adressées aux paysans, le ministre Brahim O M’Bareck O Mohamed El Moctar reconnaît la faiblesse des entreprises nationales et les problèmes posés par les intervenants. Le président Mohamed O Abdel Aziz est venu pour corriger tout cela a-t-il lancé aux producteurs agricoles. « Après 40 ans de gabegie, il est impossible de trouver en deux ou trois ans des solutions pour les problèmes ».
Pour le ministre, les populations sont aussi responsables de cette situation pour n’avoir pas suivi ces projets de développement. « La Mauritanie nouvelle a commencé en 2008-2009 », c’est la ferme conviction du MDR qui tout en affirmant « nous ne sommes pas responsables du passé» lance : « nous sommes venus vous écouter et régler vos problèmes ».
La Sonader sera instruite dès son retour pour apporter des réparations sur les aménagements qui peuvent l’être avant le démarrage effectif de la campagne agricole hivernale 2011-2012 a dit le ministre qui annonce qu’il demandera au Wali et au Hakem de diligenter une procédure pour rétablir certains paysans du CPB dans leurs droits. Autrement dit leurs restituer leurs terres spoliées.
« L’extension de la plaine de Boghé et les autres problèmes évoqués sont à l’étude » a dit le ministre. Interpellé par monsieur N’Gaîdé Hamat Moussa (ancien cadre du MDR) sur le sujet très sensible du projet d’attribution de 40 mille hectares à vocation agricole à une société Saoudienne. Le ministre a assuré que l’Etat ne fera rien sans consulter les populations.
En plus, il a justifié ce projet par la nécessité pour le pays de mettre en valeur ses potentialités agricoles afin de réduire sa dépendance alimentaire vis-à-vis de l’extérieur et lutter durablement contre la pauvreté. Le premier avis publié par les autorités avait pour but dit-il de s’assurer d’abord si la terre avait des ayants droits ou pas. Une précision de taille cependant de la part du ministre à ce sujet : « l’Etat n’attribuera pas ces terres mais compte chercher un partenaire pour les exploiter sur des bases clairs et saines ».
A l’endroit des producteurs, le ministre les a clairement sommé de payer leurs dettes avant tout. Il a aussi parlé d’un nouveau texte législatif sur le pastoralisme qui serait en chantier et qui permettra une fois adopté de résoudre les conflits entre agriculteurs et éleveurs.
Mise au point
A la suite de leur patron, les responsables du PAHABO et de la SONADER ont été autorisés par le MDR à répondre à certaines interpellations des producteurs agricoles. Le premier, Sidi O Ismail pour apporter certaines clarifications au sujet des accusations portées contre le PAHABO par un groupe de villageois de Dar El Avia et selon lesquelles, le projet en question les a fait travailler pour le boisement de 12 mille arbres sans jamais leur verser un sous. Sur ce, le coordinateur du PAHABO a fait savoir que ces villageois avaient contracté avec une ONG commise par le projet qu’il coordonne.
Mais, le fond du problème explique t-il, est que lorsque le projet est venu effectuer un contrôle sur le terrain, ils ont trouvé que tous les arbres étaient morts. Le second, le Dg de la Sonader a lui exhorté les paysans du CPB à valoriser d’abord l’existant et apprendre à payer leurs dettes avant de penser à l’extension de la plaine.
Compte rendu de Thièrno Souleymane
CP Quotidien de Nouakchott au Brakna
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