lundi 28 mars 2011

Au Guidimakha, les conditions du développement peinent à s’installer : Du rêve à la réalité, le fossé est encore grand




Attendu mercredi dernier, le chef de l’Etat Mohamed Ould Abdel Aziz a finalement atterrit à l’aéroport de Sélibaby à 15 heures 30 minutes où les autorités administratives régionales et de sécurité l’ont accueilli en même temps que les élus locaux et les notabilités de la région.

Première étape de l’agenda présidentiel, l’inauguration d’un poste 90/30 kV à Sélibaby via Gouraye. Ainsi la capitale régionale du Guidimakha sera interconnectée au poste de 225/90/30 kV de la ville de Bakel. L’objectif de ce projet consiste à réduire les coûts de production de l’électricité ; lutter contre la pauvreté dans la zone du projet ; améliorer la qualité du service et du taux de disponibilité de l’électricité et contribuer au renforcement de l’intégration régionale. Le coût du projet se chiffre à 11.474.500.000 milliards de FCFA. Le financement est assuré par la BOAD pour 10 milliards de F CFA soit 87 % du montant et la SOGEM pour 1,474 milliards de F CFA soit 13 %. Ce projet est exécuté dans le cadre de l’électrification des localités de Bakel, Gouraye et Sélibaby. Ainsi permettra t-il pour notre pays d’entreprendre un vaste programme d’électrification rurale de plusieurs localités du Guimakha comme par exemple Diaguily, Diongountourou, Khabou, de gros villages du sud de la wilaya situés en bordure du fleuve Sénégal mais également d’autres localités à l’Ouest de Sélibaby tel que Tachott, Artouma, Agoueinit etc..

Le discours est une chose, la réalité toute autre

L’inauguration en grande pompe du projet, s’est déroulée en présence de plusieurs membres du gouvernement, notamment : Le ministre de l’hydraulique et de l’assainissement, M. Mohamed Lemine Ould Abboye, celui l’équipement et des transports Yahya Ould Hademine, du ministre du commerce, de l’artisanat, du tourisme et de l’industrie Bamba Ould Dermane, Bâ Ousmane secrétaire général du gouvernement, Bâ Housseinou ministre de la santé et Amédi Camara ministre délégué chargé de l’environnement. Ahmed Salem Ould Merzoug haut commissaire de l’OMVS était là également, à côté du chef de l’Etat, de même que le gouverneur de Bakel. A la suite du maire Mohamed Vall Ould Mekhalla et du ministre de l’hydraulique et de l’assainissement, Mohamed Ould Abdel Aziz s’est adressé aux populations du Guidimakha venues l’accueillir et l’écouter. En substance a expliqué les raisons du retard des travaux de l’aéroport de Sélibaby qu’il impute à une société adjudicataire du marché mais a promis que les travaux seront achevés avant fin 2011 quoi que cela va coûter à l’Etat mauritanien. Il a dit que l’Etat est conscient de ce qu'endure le Guidimakha du fait du manque de routes bitumées et du déficit en installations, y compris l'aéroport dont les travaux n'ont pas encore été achevés. Le chef de l’Etat a ainsi dit que des vols saisonniers seront organisés par Mauritania Airlines entre Sélibaby et Paris afin de permettre aux citoyens de cette wilaya résidents en France de visiter les siens pendant les vacances conformément à ses engagements électoraux lors de la dernière campagne présidentielle. Il a annoncé que les services compétents en la matière s’activent en ce moment à accélérer la réalisation de la route Sélibaby – Kaédi. Le Président de la République a admis que la wilaya du Guidimakha a souffert, dans le passé, du ralentissement des efforts de réforme de l’enseignement dispensé aux élèves de la wilaya. Il a également promis, entre autres actions en faveur du Guidimakha, le renforcement des opportunités d'emploi dans la wilaya, vu le rôle que cela joue dans la lutte contre le chômage et l'amélioration des conditions de vie des populations. " Dans ce cadre, la capacité d'accueil du Centre de formation professionnelle au Guidimakha sera élargie et la qualité de ses prestations rehaussée ", a poursuivi le chef de l'Etat.
Il a souligné que notre pays dispose de grandes richesses et de ressources diversifiées, notamment dans les domaines des mines et des pêches, précisant que ce qui nous manque c'est seulement l'amélioration de la formation et de l'expertise. Il a également annoncée dans la foulée, le perfectionnement de l'hôpital régional et son équipement en matériels nécessaires. Il a indiqué que le ministère de la santé a déjà franchi des pas sur cette voie, citant l'envoi d'un certain nombre d'équipements. Ce qui fait défaut maintenant, a-t-il relevé, c'est un appareil de radiologie qui sera mis à disposition dans deux semaines en plus d'un véhicule ambulance de réserve qui sera envoyé à la wilaya d'ici à un mois.
Abordant le problème de l'eau, le chef de l’Etat a dit que des efforts sont en cours pour lui trouver une solution. Il a précisé que le ministère de l'hydraulique effectue à l'heure actuelle deux ou trois forages et que d'autres ouvrages seront réalisés, au besoin, de façon à garantir le règlement du problème de l'eau à Sélibaby.
Le chef de l'Etat a annoncé des mesures visant à résoudre également le problème de l'eau à Ould Yenge et à Wompou. Sur le plan agro-pastoral au Guidimakha, Il a dit que le ministère du développement rural procèdera cette année à la réalisation d'un certain nombre de ponts et à la distribution de 90 kilomètres de grillages.
"Je m'engage à résoudre tous les problèmes qui me parviennent; nous avons les ressources et les potentialités nécessaires à cela grâce à la gestion transparente et rigoureuse et le contrôle ferme des deniers publics ainsi qu'au suivi des mesures contre les contrevenants dans ce domaine", a dit le Président de la République.

La sécurité, chose impérative

Ould Abdel Aziz a par ailleurs interpellé les habitants de la wilaya frontalière du Sénégal et du Mali sur l'importance de la sécurité leur rappelant la dernière tentative d'infiltration de terroristes entrés au pays par le Guidimakha. A cet effet, il a exhorté les citoyens à assumer leur responsabilité envers la protection de chaque centimètre de leur patrie. Une protection, a-t-il expliqué, qui ne relève pas seulement de l'Etat mais de tout un chacun. "Il faut vérifier l'identité de chaque personne suspecte et informer la plus proche autorité sécuritaire pour protéger le pays et la population contre les risques des malfaiteurs et de leurs pratiques étrangères à notre société", a-t-il indiqué. Suite à son discours, il a procédé à l’inauguration du poste électrique avant de mettre le cap sur l’hôpital de Sélibaby. Dernière étape du programme, l’inauguration du tronçon de route goudronnée entre Sélibaby et Gouraye long de 45 km. L’inauguration de ce tronçon a été l’occasion pour le chef de la délégation de l’Union Européenne d’expliquer les tenants et aboutissants de la route qu’elle a financé dans le cadre du désenclavement de la région par le biais de la route Kaédi-MBout-Sélibaby-Gouraye. Le ministre de l’équipement et des transports a également ajouté son grain de sel. Il n’empêche, malgré toute la bonne volonté de l’Etat, il est utile de rappeler que sur les 13 régions du pays, au moins sept d’entre elles sont extrêmement pauvres, dépourvues d’infrastructures viables. Et quand on sait que la wilaya du Guidimakha en fait partie, il y a de quoi se poser des questions sur l’approche mise en oeuvre en vue de développer la wilaya. Comme toutes les autres régions, l’économie du Guidimakha repose essentiellement sur le potentiel agro-pastoral. Toute approche qui ne prend pas en compte cette vision est vouée à l’échec. Désenclaver le Guidimakha par la construction d’infrastructures de base viables est certainement la condition première à tout développement, mais elle n’est pas suffisante pour lutter contre la pauvreté endémique de la wilaya. Raison pour laquelle, assurer des formations qualifiantes sur des métiers bien ciblés et adaptés aux réalités économiques vécues, reste indispensable pour offrir des emplois aux jeunes qui chôment dans les différentes wilaya, à l’exemple du Guidimakha. Cela suppose une étude du terrain pour pouvoir entreprendre des politiques adaptées. En outre, il est grand temps d’organiser le marché du travail et contraindre par des lois claires, tout employeur, que ce soit l’Etat ou le privé, à recourir au service de la main d’œuvre, sans aucune discrimination ni favoritisme ou clientélisme, pour ses besoins.
Reportage, Moussa Diop

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