samedi 29 janvier 2011

Croisière sur le fleuve Sénégal à bord du Bou El Mogdad.




Ce bateau fut longtemps le seul moyen de transport à faire la navette entre Saint-Louis (l'ancienne capitale du Sénégal située à 260 kilomètres au nord de Dakar) et les villes à l'intérieur du pays. Au milieu des années 70, il devint un bateau touristique. Il quitte le Sénégal quelques années plus tard, pour revenir en grande pompe à Saint-Louis après son rachat en 2005 par la Compagnie du Fleuve.

Nous montons à bord du Bou El Mogdad à Saint-Louis. Pendant une semaine, nous allons découvrir des villes et des villages peuplés par les ethnies peules, toucouleurs et maures.

Naviguer sur le fleuve Sénégal à bord du Bou El Mogdad, c'est déjà se mettre au rythme africain. Lentement, le Bou, comme le surnomment les intimes, s'enfonce à l'intérieur du pays. Il règne à bord une ambiance bon enfant où rien ne presse. La capacité d'accueil du bateau étant limitée - on compte 28 cabines -, un climat familier s'installe rapidement entre les passagers qui sont en majorité français, belges et suisses.

Le bateau compte une salle à manger, un pont soleil, une terrasse couverte, une piscine ainsi qu'un bar extérieur où le serveur, Petit Bâ, anime les lieux.

Certaines cabines sont dotées de lits jumeaux avec salles de bains partagées. Nous logeons dans une cabine climatisée avec chambre de bain complète et lits jumeaux. L'étroitesse n'altère en rien le plaisir. En fait, notre cabine ne sert qu'à dormir, nous passons la majorité de notre temps sur le pont, à observer la beauté des paysages qui défilent doucement sous le chaud soleil africain.

Toutes les escales sont accompagnées d'un guide érudit et intarissable, maîtrisant parfaitement l'histoire de son pays. Son savoir semble encyclopédique!

Jour 1: Départ


Le bateau lève l'ancre au petit matin, au moment même où le soleil commence à pointer son nez. La ville de Saint-Louis dévoile ses charmes malgré une luminosité faiblarde. Au loin, le pont Faidherbe apparaît telle une ombre.

Nous naviguons jusqu'au barrage de Diama, construit afin d'éviter la remontée des eaux salées océaniques dans le fleuve Sénégal. On franchit lentement l'écluse; le Bou a peu d'espace pour naviguer. À cet endroit, le barrage sert de lien routier entre le Sénégal et la Mauritanie et facilite les échanges commerciaux entre les populations locales.

Une escale est prévue afin de visiter le Parc des oiseaux du Djoudj. En petite embarcation à moteur, nous empruntons les bras du fleuve pour nous rapprocher de la faune ailée. C'est un véritable enchantement pour les yeux. Ce parc, le troisième en importance au monde pour sa faune ornithologique, nous permet d'observer plusieurs espèces : des aigles africains, des hérons cendrés, des oiseaux-serpents, des aigrettes et de magnifiques colonies de pélicans. La beauté sauvage des lieux nous laisse littéralement bouche bée.

Jour 2: Richard Toll


À la seconde journée, nous accostons à Richard Toll afin de visiter l'unique raffinerie de sucre du pays. La Compagnie sucrière du Sénégal a vu le jour au début des années 70. Cette raffinerie fournit de l'emploi à 5000 personnes.

Nous visitons également le Château du Baron Roger, mieux connu sous le nom de la «Folie du Baron Roger». Ce bâtiment de style français fut construit en 1822 par le gouverneur de l'époque, Jacques-François Roger, venu faire diverses expériences horticoles dans la région. Malgré que cette demeure soit aujourd'hui laissée à l'abandon et squattée par un ancien pilote de l'armée sénégalaise, elle vaut le détour pour l'architecture qu'elle impose dans le décor environnant. Ses anciens jardins laissés à l'abandon ne se visitent pas, mais font le bonheur des chèvres des environs.

Jour 3: Dagana


Nous commençons la journée par une visite de la ville de Dagana, et plus particulièrement de l'école primaire Amadou Basse Sall. Les élèves sont tous ravis de nous accueillir. Ils chantent en choeur. Le directeur nous explique le fonctionnement du système d'éducation sénégalais et les nombreux besoins de son école. Certains ont apporté des cahiers, des crayons et du papier. Ces objets sont reçus avec un grand bonheur.

Après la visite de la ville, un dîner, sur la rive ombragée par les manguiers, nous attend. Au menu, le riz au poisson, ou tiep bou dijen, plat national du Sénégal, délicieux et servi dans une grande assiette au centre des convives, où chacun se sert à sa guise.

Jour 4: Forêt de Gourmel


En matinée, nous traversons la forêt de Gourmel en calèche pour visiter un village peul nomade, dont la population vit de l'élevage du bétail. Pendant quelques mois, ils laisseront chèvres, moutons et zébus brouter dans la région pour se déplacer plus tard vers des champs où le pâturage sera plus abondant.

Nous nous rendons ensuite dans le village de Thiangaye, peuplé par les Toucouleurs, qui sont sédentaires. Les habitations y sont différentes et construites en terre. Dans ce village, les enfants fréquentent une école où le confort est réduit à sa plus simple expression : ils s'assoient sur des bidons! Dans cette école, il n'y a aucun pupitre, ni table, ni manuel scolaire, ni crayon, ni papier; qu'un tableau noir avec quelques craies. Malgré le manque de ressources évident, le jeune professeur, fraîchement diplômé, semblait passionné par son métier. Une visite touchante qui nous fait réfléchir.

Une courte visite dans un village mauritanien complète cette journée. Les enfants adorent être photographiés et nous suivent à chaque pas. On rit et ils se moquent gentiment en disant : «Toubabs!» C'est l'expression qui désigne gentiment les Blancs.

Jour 5: Podor

L'arrivée à Podor, sous un soleil de plomb, marque la dernière étape de notre croisière. Nous débarquons afin d'explorer cette ville qui fut baptisée «la fournaise de l'Afrique» par les militaires français, qui toléraient mal son climat. Visite du fort de Podor, qui fut un ouvrage important construit par les Français en 1852-1853 sur l'emplacement d'un ancien fort, afin de les défendre contre les nombreuses invasions subies au cours des années.

La visite de cet ouvrage architectural imposant débute par un exposé du conservateur du fort, Abdoulaye Diop. Celui-ci rappelle que le bâtiment fut délaissé par les Français après l'indépendance du pays en 1960, et par la suite occupé par l'armée sénégalaise quelques années.

Fraîchement rénové, il propose aujourd'hui des salles abondamment documentées qui présentent l'histoire de la région avec photos à l'appui. À la sortie du fort, un griot chante les beautés du fleuve Sénégal.

Jour 6: Retour


Et déjà, l'aventure tire à sa fin. On échange des adresses et des courriels avec les autres passagers et les membres de l'équipage, et nous rentrons à Saint-Louis par la route dans un bus non climatisé. Le trajet est beaucoup moins intéressant que par le fleuve, car la route s'en éloigne la plupart du temps.

Une croisière sur le Bou El Mogdad nous fait découvrir un Sénégal que l'on ne voit pas sur les cartes postales. En fait, le Bou nous oblige à prendre le rythme africain et à laisser de côté nos préjugés. Ces gens que nous avons rencontrés dans les villages tout au long du fleuve nous ont communiqué leur amour pour leur pays et le goût de refaire une autre fois cette croisière mythique pour mieux s'imprégner de la culture et de la nature sénégalaises.

www.cridem.org


Source :
CyberPress

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