jeudi 14 octobre 2010

Sahel: les Touaregs montent au front contre Al-Qaïda...




Depuis le début de l'été 2010, la région désertique du Sahel est secouée par des prises d'otages fomentées par les terroristes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

Nouveau rebondissement dans cette série d'enlèvements : les Touaregs maliens, d'ordinaire opposés au régime en place, sont aujourd'hui prêts à s'associer à l'effort militaire mené par leur gouvernement contre cette organisation terroriste.

Entre idéologie islamiste, intérêts économiques de la France et revirements permanents de situation, chronique d'un conflit africain aux multiples et sombres facettes...

Des prises d'otages à répétition.

Le 19 avril 2010, un Français, Michel Germaneau, est enlevé avec son chauffeur algérien dans le nord du Niger par un groupe se réclamant d'Al-Qaïda. Un mois plus tard, le 6 mai, Aqmi revendique le rapt en demandant à la France et ses alliés dans la région la libération des détenus de l'organisation, en contrepartie de celle du ressortissant français. Après un raid mené de concert par la France et la Mauritanie contre la base présumée des preneurs d'otages, le 22 juillet, Michel Germaneau est exécuté par le groupe terroriste.

Plus tard, le jeudi 30 septembre, sept personnes travaillant pour le groupe Areva et la société Satom, dont cinq ressortissants français, sont kidnappées à leur domicile au Niger. Depuis le 11 octobre 2010, l'Aqmi a également revendiqué cet enlèvement sur la chaîne de télévision Al Arabiya, en demandant l'abrogation de la loi sur le voile islamique en France, la libération de plusieurs activistes islamistes ainsi qu'une somme d'un million d'euros par otage. Aujourd'hui, ces derniers sont toujours entre leurs mains.

Un important arsenal militaire déployé.

Étrangement, ces enlèvements répétés ont d'abord généré une forte activité des armées française et mauritanienne, alors qu'aucune force militaire malienne ou nigérienne n'était active face aux terroristes d'Aqmi sur leurs territoires respectifs. Une situation détectée par le journal burkinabé L'observateur paalga, qui indique notamment dans un article daté du 22 septembre 2010, que "la France a envoyé au Niger une centaine de militaires spécialisés dans la lutte anti-terroriste ainsi que des avions de reconnaissance et de combats" et que "ce qui est frappant dans tout cela, c'est l'absence de l'armée malienne sur le front. Le général-président Amadou Toumani Touré ayant visiblement préféré ne pas engager ses hommes dans le combat. Tout se passe comme si Bamako évitait tout un corps-à-corps avec l'Aqmi".

Selon le même journal, l'armée mauritanienne aurait déployé pour sa part d'importantes troupes dans le Nord du Mali... En clair : la France s'occupe de sécuriser un secteur, le Niger, qui ne semble plus être primordial, le lieu des conflits ayant glissé vers le Mali ; la Mauritanie s'investit d'une mission qui devrait naturellement être dévolue à l'armée malienne et cette dernière est en retrait sur son territoire.

Les Touaregs entrent en jeu... pour des raisons obscures.

Pour couronner le tout, les Touaregs maliens, traditionnellement opposés au gouvernement, auraient annoncé leur souhait de soutenir celui-ci dans la lutte contre Aqmi dans la région du Sahel. Des unités spéciales composées "d’anciens rebelles touaregs considérés comme les meilleurs connaisseurs du Sahara" seraient ainsi formées par le gouvernement algérien avant d'être lancé au coeur du theâtre des opérations...

Si la question de la présence militaire française au Niger peut notamment être expliquée par une volonté de contrôler une région regorgeant de richesses minières, l'implication des Touaregs laisse plusieurs questions sans réponse. D'après Ursule Tékiane, qui dirige une ONG d’aide à l’enfance dans le nord du Mali, "c'est une manière de les occuper pour qu’ils n’aillent pas grossir les rangs des bandes armées qui sont nombreuses dans le désert", selon des propos rapportés par L'Expression.

"Souvent, ces terroristes viennent s’abriter sur notre terrain que nous connaissons bien. Si nous sommes armés, nous pouvons rapidement leur régler leur compte", note Ahmada Ag Bibi, porte-parole des anciens rebelles, aujourd’hui député à l’Assemblée nationale du Mali.

Pour le gouvernement malien, associer d'anciens opposants pourrait également être un bon moyen de ne pas se tacher les mains de sang, tout en évitant que les Touaregs n'aillent plutôt grossir les rangs de l'organisation terroriste : un risque qu'évoquait Jean-Pierre Duclos Aprico, ancien conseiller du Ministre du commerce et de l'Industrie du Niger, dans notre article du 15 avril 2010 consacré à cette population nomade...
www.cridem.org


Source :
Dijon Scope (France)

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