mercredi 15 septembre 2010

Inondation de la ville de Kaédi : Un comité interministériel pour…rien




Un kit composé d’un sac de riz, de 10 kilogrammes de sucre, de 5 litres d’huile, de 4 kilogrammes de dattes et d’une tente sans mâts. C’est ce que les 300 familles sinistrées, victimes des inondations du 18 juillet à Kaédi, ont reçu de l’Etat. Depuis, malgré la mise en place d’un comité interministériel, les sinistrés n’ont rien reçu….

Le 18 août dernier, une forte précipitation tombée sur Kaédi a causé des dégâts matériels importants consécutifs aux inondations qu’elle a engendré avec son lot de sinistrés et de sans-abri logés par les autorités locales au lycée et à l’école fondamentale Salah-Dine de Kaédi. Plus de trois cents familles en ont été officiellement victimes même s’il faut reconnaître que le nombre réel des victimes dépasse largement ces chiffres. A cette sinistre situation est venue se greffer, une semaine plutard (le 25 août 2010) une pluie diluvienne (70 mm) augmentant considérablement le nombre de victimes des inondations. Le même jour, une réunion d’un comité interministériel présidée par le premier ministre se réunit pour déterminer les mesures à prendre pour secourir les victimes des inondations de Kaédi. Une mission d’évaluation des dégâts conduite par Hamada O. Meimou, directeur de l’administration au MID et comprenant des responsables des MET, MUH et du CSA, est envoyée à Kaédi en lieu et place d’une délégation ministérielle comme initialement prévu. Dans son sillage, le député de Kaédi Kamara Ibrahima et le fédéral UPR du Gorgol Bâ Amadou Abou débarquent à Kaédi pour s’enquérir de l’ampleur des dégâts causés par les inondations. Une polémique est née sur les raisons du changement du niveau de la délégation diligentée par le comité interministériel. Dans une interview au QDN, le maire de Kaédi, Sow Moussa Demba déclare que certains ont travaillé à banaliser l’ampleur des dégâts causés par les inondations dans sa commune. Entre-temps, une aide arrive du CSA au profit des 3O0 familles au lieu des 310 recensées par la commission chargée de gérer la catastrophe. Chaque famille reçoit un kit composé d’un sac de riz, de 10 kgs de sucre, de 5 litres d’huile, de 4 kgs de dattes et d’une tente sans mâts. Néanmoins, près d’une dizaine de familles ne verront pas une graine de riz. L’équipe médicale affectée au lycée au lendemain des inondations du 18 août n’est plus présente dans le site d’accueil.
La liste des sinistrés est limitée!
Suite à la pluie du 25 août dernier ayant considérablement augmenté le nombre de sinistrés à Kaédi, la commission chargée de la gestion des inondations met en place trois sous-commissions chargées de procéder au recensement exhaustif de tous les sinistrés de la ville et présidées par Abou Cissé, 1er adjoint au maire de Kaédi et responsable politique de l’UDP Cheibani Diagana, élu UFP, 2ème adjoint au maire et vice président du réseau des Ong du Gorgol et Cheikh Youba O. Djibril, coordinateur à l’état-civil et président de la sous-section UPR de Kaédi. L’administration locale définit une famille sinistrée comme une famille dont les habitations se sont entièrement effondrées. Ce qui créera même quelques accrocs entre les recenseurs et les populations. Près de 500 nouveaux sinistrés sont ainsi recensés. Selon diverses sources émanant des membres des commissions de recensement, l’administration leur a tout bonnement demandé de revoir leur copie et d’établir une liste de 300 familles par degré d’importance des dégâts, à partir de la liste qu’ils avaient initialement établi (500), sur instruction des pouvoirs publics affirment ces mêmes sources. L’effectif total des sinistrés officiels victimes des inondations des 18 et 25 août 2010 s’établit ainsi à près de 600 familles.
Les moustiquaires s’invitent au débat
Le maire de Kaédi, Sow Moussa Demba offre 4oo moustiquaires aux victimes, empruntées au médecin chef de la moughataa de Kaédi, en attendant l’arrivée d’un millier de moustiquaires qu’il avait sollicité auprès des responsables du PNLCP. L’urgence était de parer au plus pressé compte-tenu de l’état de dénuement dans lequel se trouvent les sinistrés, de la promiscuité et de la précarité de leurs sites d’accueil, avec en prime la prolifération des mouches et des moustiques en cette période. Quelques jours plus tard, le lot de moustiquaires attendu arrive. Le responsable local du programme OMVS chargé de la distribution des moustiquaires imprégnées aux populations M. Bacar O. Diah procède à une seconde distribution aux victimes, en présence du Hakem de Kaédi Sidi O. Nouman et devant les caméras de la TVM. La distribution s’arrêtera quelques instants après son début déclare Aliw Bâ, locataire du site du lycée, du fait de la protestation du Hakem sur les modalités de distribution et de poursuivre qu’elle reprendra le lendemain sans le Hakem cette fois. A en croire certaines victimes, il leur a été demandé de remettre les tickets qui leur avaient été donnés dans le cadre de la campagne OMVS de lutte contre le paludisme le long de la vallée du fleuve Sénégal (Mali, Mauritanie, Sénégal) en échange de moustiquaires. C’est ainsi poursuit-il que plusieurs familles ont échangé parfois près de 5 tickets contre 2 moustiquaires et ce dit-il malgré la polémique que cette distribution a créé dans les sites d’accueil et partout dans la ville mais aussi en dépit de la sensibilisation menée par certains sinistrés auprès de leurs compagnons de fortune, en vue de les dissuader à ne pas donner leurs tickets et que les moustiquaires sont offerts par la commune. D’autres ont déclaré avoir reçu gratuitement deux moustiquaires. La dite campagne menée à travers les pays riverains du fleuve, vise à doter chaque riverain du fleuve d’une moustiquaire imprégnée. Mais jusque-là, seuls les enfants et les femmes enceintes en ont bénéficié alors que l’hivernage, période de prolifération des moustiques responsable du paludisme, bat son plein avec son lot de sinistrés et de sans-abri.
Aides et secours encore timides
Exceptée l’aide apportée aux 300 familles sinistrées du 18 août 2010, plus rien ne sera enregistré de la part des pouvoirs publics en faveur des victimes des inondations, plus d’une dizaine de jours après la visite de la mission d’évaluation des dégâts du comité interministériel sur les inondations de Kaédi. Une équipe de la protection civile travaille d’arrache-pied depuis son arrivée à Kaédi en vue d’évacuer les eaux stagnantes vers le fleuve et désengorger ainsi les habitations du quartier Madina entre Gattaga et Touldé et la plaine du quartier de Moderne où les jardins de certaines coopératives féminines ont été totalement inondés sans que leurs propriétaires ne soient enregistrées comme sinistrées. Le maire a renforcé l’équipement de pompage des eaux des sapeurs pompiers par une nouvelle motopompe de forte puissance ayant considérablement augmenté le débit des eaux rejetées vers le fleuve.
Du côté de l’aide des différentes Ong et organismes nationaux et internationaux, le bilan demeure maigre et les réactions face à l’urgence encore timides. La première réaction est venue du GRDR qui a offert une cinquantaine de Kits le 26 août 2010 soit 9 jours après les inondations du 18 août dernier. Puis ce sera au tour de la FLM par l’intermédiaire de la commission régionale des droits humains. Quand à la world Vision, c’est seulement mardi 7 septembre 2010 qu’elle offrira des kits de denrées alimentaires et de produits d’hygiène pour 150 familles parmi celles rejetées par la commission « inondations de Kaédi» suite au second recensement des sinistrés du 25 août dernier, après plus de 2 jours de discussions avec les responsables de la commission «inondations» sur les modalités de distribution et l’identification des bénéficiaires. L’initiative « vêtir et instruire un enfant » (V.I.E) composé de jeunes étudiants mauritaniens à l’intérieur et à l’extérieur du pays a offert mercredi 8 septembre dernier, des lots de vêtements et de chaussures à la commune en guise de soutien et de compassion aux sinistrés, selon son président Khaly Diallo qui était accompagné de Moussa Brahim Diagana, Djibril Abdoul Diop et Mariam Fall tous membres de V.I.E. Des Ongs islamiques auraient également procédé à des aides aux victimes en contournant la structure de gestion de la catastrophe qui frappe les habitants de Kaédi.
A moins d’un mois de l’ouverture des classes, les victimes des inondations méditent sur leur sort et attendent impatiemment les décisions de la commission interministérielle sur leur relogement notamment et d’éventuelles aides de bonnes volontés de l’intérieur comme de la diaspora. Ce mardi 14 septembre 2010, les délégués des sinistrés se sont rendus chez le hakem de Kaédi Sidi O. Noumane à qui ils ont exprimé leur inquiétude par rapport à leur sort à la veille de la rentrée des classes et à la situation sanitaire dans les sites d’accueil. A en croire Mme Aminata Galél, déléguée, l’administrateur leur a dit concernant le cas des malades « qu’ils n’ont qu’à mourir. » A propos de leur relogement, le hakem s’est rendu en compagnie d’un des délégués des sinistrés en la personne Ghali Haidara chez le wali mouçaid. Ce dernier leur aurait dit de déguerpir du lycée et de l’école Salah Dine avant la date du 25 septembre 2010. Nous avons tenté en vain de joindre le hakem pour de plus amples informations. D’ici là, les nombreux sinistrés dans les sites d’accueil et ailleurs en ville continuent à prendre leur calvaire en patience et à croiser les doigts pour que d’autres précipitations ne viennent aggraver leurs conditions de vie peu enviables.

Vieux GAYE
Cp/ Gorgol
Quotidien de Nouakchott

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire