mercredi 8 septembre 2010

Bâ Mamadou Sinthiou: Hommage à un infatigable instituteur qui s'est échappé à l'âge de 65 ans .



Il se battait depuis plusieurs mois contre la maladie navigant entre Nouakchott et Boghé, sa vile natale. Rester une si longue période sans pénétrer en classe pour enseigner des élèves, cela n'est arrivé que rarement dans le courant de la vie de cet instituteur qui a marqué plusieurs générations par son amour et son dévouement pour le métier ingrat, qu'est celui de la craie.

Sa profonde conviction pour la religion musulmane l'avait beaucoup aidé à lutter contre la maladie qui le rongeait en douce. Malgré la fatigue qui se lisait sur son visage, il apparaissait toujours en forme. Le voyage qu'il effectua les mois passés à Nouakchott pour revoir son médecin traitant, sera le dernier de sa vie.

Le Vendredi, 05 Septembre tôt dans la matinée, il s'est échappé à l'âge de 65 ans à l'hôpital national. Il laisse derrière lui les traces indélébiles d'un grand instituteur, modèle et combatif.

Il faisait autorité auprès de ses élèves et se faisait respecter par son sérieux dans le travail." C'était un personnage réservé et calme et qui s'est donné corps et âme pour le métier comme feu Bâ Malick Cheîkh" témoigne son ami d'enfance Gako Abdoulaye Samba, directeur de l'école Avenir de Nouakchott. Monsieur Bâ comme le surnommaient les Boghéens est né en 1945 à Boghé. Il fit ses études primaires à Boghé à partir de 1953. Après avoir décroché le Certificat d'Etudes Primaire Elémentaire, six ans plus tard, l'élève de monsieur Lemorez est envoyé en 1958 au collège Copolani de Rosso où il passa trois années avant d'obtenir le diplôme de Brevet en 1962.

C'est à partir du mois d'octobre de la même année qu'il subira une Année de Formation Pédagogique (AFP) et qui dura 9 mois et au bout sanctionnée par l'obtention d'un certificat de capacité pédagogique en en juin 1963. Au mois d'octobre de la même année, il sera affecté à l'école primaire de Rosso-Mairie où il passa 8 années d'affilé.

En 1972 il est muté au service du personnel comme chargé des archives avant d'atterrir en 1973 à l'école III de Boghé Dow. Après Boghé Dow, il est promu directeur de l'école de Thialgou situé à 6 kilomètres de Boghé. Il passa 12 ans dans cet établissement. A partir de 1989, les autorités scolaires de la région font appel à lui pour remplacer un autre collègue à lui à la direction de l'école I de Boghé Escale. A Thialgou comme à Boghé et ailleurs, il a enseigné de brillants cadres aujourd'hui de l'administration Mauritanienne.

Il dirigea l'école I de Boghé Escale jusqu'en 1998 date à laquelle, il fut admis à valoir ses droits à la retraite. Il rejoint ainsi l'école privée Phare de Kaédi avant que son ami (Gako Abdoulaye Samba) n'ouvre une section des écoles avenir à Boghé durant les années 2000. Son engagement ajouté à son seul nom sera d'une précieuse contribution dans l'attraction des élèves de l'école publique vers l'école privée Avenir.

Dans son domicile, il avait ouvert une salle de classe pour dispenser des cours de rattrapage pour les élèves. Quand il fut directeur de l'école I durant une période difficile, on voyait le maître qu'il fut redresser de ses propres mains la clôture de l'école constituée de piquets de bois. C'était un enseignant attaché à son métier et au travail de la terre et qui croyait à une certaine Mauritanie qu'il ne verra malheureusement pas de son vivant.

Fervent musulman et disciple de la Tariqa Tidjane, les chefs religieux, les enseignants, les parents d'élèves et les personnes simples sont unanimes à lui rendre hommage avant la prière mortuaire précédent son inhumation, le jour même de son décès au cimetière de Boghé. «La grandeur d'une pirogue ne l'empêche jamais de chavirer" dit un proverbe bambara. Qu''Allah l'accueil en son sein paradis. Amin.

Thièrno Souleymane Cp Brakna
julesdiop_2003@yahoo.fr

Source :
Le Quotidien de Nouakchott

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