mercredi 28 juillet 2010

TAGANT: MENACE SUR LES ZONES HUMIDES



La wilaya du Tagant, en dépit de son enclavement et l’aridité de son climat, compte quelques zones humides d’une grande importance, grâce à la Tamurt N’Aj, poumon écologique de toute la région. La Tamurt irrigue la partie sud de la wilaya, notamment la commune de N’Beika, et permet de maintenir un climat particulier, grâce à la présence de l’eau et à ses forêts denses, constituées de gonakiers et autres végétations luxuriantes.
« Déjà en 1958», selon les sources de la Délégation Régionale de l’Environnement et du Développement Durable (DREDD) au Tagant, «trois forêts classées avaient été identifiées dans la Tamurt, par le chef de service des Eaux et Forêts de l’époque, mais il aura fallu attendre l’indépendance, pour que leur classement soit définitivement approuvé». Les trois forêts en question sont celles de Titane, Leikhdeim et de Méchra, qui couvrent une superficie de 6.000 hectares. On trouve aussi deux mares dont la célébrité des noms a largement dépassé les frontières de la commune de N’Beika. Il s’agit de Matmata et de Guebou, où les touristes viennent observer les quelques rares espèces de caïmans se prélassant au soleil. Un patrimoine fortement menacé de disparition.
Dans les lacs et mares de la Tamurt qui s’étendent, presque partout, en été, viennent se refugier et nager de très nombreuses espèces migratrices d’oiseaux d’eaux douces. Pendant l’hiver, très rigoureux, de l’Europe et du Maghreb, de nombreuses bandes descendent dans la Tamurt, pour trouver des eaux plus clémentes et calmes, y nager et pêcher, avant de repartir. Malgré les menaces qui pèsent sur ce potentiel, les pouvoirs publics ont peu agi pour le préserver. La fondation, il y a quelques années, d’une délégation régionale de l’Environnement n’aura, quasiment, servi à rien. Parce qu’elle est dépourvue des moyens pour accomplir sa mission. Comment peut-on protéger l’environnement, dans ces vastes étendues, avec seulement des bras, et encore, en nombre réduit? Ni ressources humaines suffisantes et qualifiées, ni locaux, encore moins de logistique (véhicules). Il aura fallu les grâces de la délégation régionale du MDR pour loger la direction de l’Environnement dans deux petites chambres. Il faut quand même signaler, à l’actif de la DREDD, qu’elle célèbre, chaque année, la Journée de l’Arbre, en en plantant des milliers. Mais les fragiles pousses meurent, le plus souvent, faute de moyens, notamment en eau et en suivi de proximité.
Pour effectuer la moindre mission d’inspection, le délégué régional doit courir derrière l’autorité administrative afin de lui arracher le véhicule d’un collègue. Et, pour couronner tout, son maigre budget annuel, d’environ un million d’UM, traîne toujours. Comment, dans ces conditions, lutter contre les braconniers? Comment effectuer l’identification des espèces – faune et flore – de la Tamurt? Ne dit-on pas que l’argent est le nerf de la guerre? Il est, en tout cas, celui de la paix…
En Mauritanie, on a cette manie de mettre en place des structures pour ne rien faire. Ou, plutôt, si: meubler les organigrammes. Des coquilles vides, tout simplement!

Dalay Lam

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire