mercredi 2 juin 2010

Brakna: Vive polémiques à Aéré M’Bar




Une quinzaine de jours après les opérations d’implantation des structures de l’Union Pour la République (UPR), locomotive de la majorité présidentielle et parlementaire, on note, encore, des vagues et une vive polémique entre acteurs politiques, dans la commune d’Aéré M’Bar, la plus peuplée de la moughataa de Bababé. Cette contrée correspond à la partie de la province traditionnelle du Lao, côté mauritanien, c'est-à-dire sur la rive droite du fleuve Sénégal.
Après le choix des hommes chargés d’animer les instances – sous-section, au niveau communal; section, au niveau départemental et fédération régionale – rien ne va plus entre la tendance du maire de la commune, Dieng Mamadou Abdoul, et les partisans de Thiam Diombar, inspecteur général d’Etat, chaque pôle exprimant sa colère contre l’autre. Dans un discours, on le comprend aisément, diamétralement opposé. La polémique enfle.
Ainsi, l’édile de la commune dénonce «l’influence» du grand financier, actuel préposé à la traque des hauts fonctionnaires véreux, adeptes de la gabegie. Celui-ci aurait profité de sa posture actuelle, au sein de l’Etat qui, en temps normal, devrait lui interdire de s’impliquer, directement, en politique pour placer ses hommes dans les structures locales de la formation soutenant l’action du président Mohamed Ould Abdel Aziz.
Mode opératoire: pression constante sur Ali Ould Alada, chargé de l’organisation des opérations d’implantation de l’UPR au Brakna. De la sorte, l’IGE aurait «imposé» ses pions, partout où cela était possible. Pour le reste, «usage d’une stratégie complémentaire, particulièrement vicieuse», soutient M. Dieng, «qui s’est résumée, tout simplement, à «torpiller» notre camp, au profit des candidats des autres communes, là où le coup n’était pas jouable pour Thiam Diombar». Une démarche aux antipodes du consensus, qui démontre qu’au-delà de la rhétorique, la Mauritanie nouvelle ressemble étrangement à l’ancienne.
« Faux!», rétorquent les partisans de l’inspecteur général d’Etat, qui relèvent la vieille tactique du mauvais perdant et l’éternelle rengaine des «faux démocrates», s’abritant derrière l’écran de fumée de «la manipulation et de la fraude», pour éviter de reconnaître une défaite dont l’évidence, sur le terrain, «crève, pourtant, les yeux».
Une contestation derrière laquelle les amis de Thiam perçoivent l’ombre et l’action d’un vieux baron, un cagoulard qui avance bien masqué et dont ils se réservent le droit de décliner, plus tard, l’identité.

Bataille de chiffres

Pour la petite histoire dont le fil rouge est une véritable bataille de chiffres, le camp du maire avance avoir été «trahi», après un consensus initial. Voyons un peu les comptes. Le département de Bababé est fort d’un total de 37 délégués. Thiam Diombar et ses amis – Ba Mamadou, le maire de la commune de Bababé, Sall Boubou, ancien député, Ba Mamadou Racine, ancien ministre, soit une forte alliance que, logiquement, tous donnaient favorite dans les manœuvres locales – se sont assurés le contrôle de 25 délégués, sur un total de 37, au niveau de la section de Bababé.
C’est donc à travers une alliance avec les communes de Bababé et d’El Vor, au sein desquelles se dégageait un consensus, que Thiam Diombar a mis en échec le plan initial du maire. La raison: impossibilité de trouver un consensus, à cause de la configuration interne d’Aéré Mbar. Tous les développements politiques ultérieurs, dans les opérations d’implantation de l’UPR au niveau de la commune, du département et de la région, prennent leur source dans cette mésentente originelle. A qui la faute? Chacun rejette la responsabilité sur l’autre, jurant, la main droite sur le cœur, avoir tout fait pour s’entendre avec l’autre tendance.
Suite parfaitement prévisible : l’onde de choc et ses effets, conséquences directes et dégâts collatéraux de ce coup initial, seront irréversibles, jusqu’à l’élection de la fédération du Brakna. Une structure décentralisée du parti, où la moughtaa de Bababé dispose de trois délégués, au même titre que celle de M’Bagne. Alors qu’Aleg en compte quatre, Boghé et Maghta-Lahjar se taillant la part des lions, avec cinq délégués chacun.
En dépit de cette réalité, qui renvoie à un jeu d’alliances, faute de consensus, la suite étant, naturellement, le vote où chacun mesure sa représentativité, le maire persiste et signe: «j’ai le contrôle du terrain et il est loisible, à chacun, d’en faire la vérification sur place. Un avantage plus important que les manœuvres de couloir à Nouakchott». Panier de crabes, si loin de la côte? On voit de tout, en néo-Mauritanie ancienne…
Sneiba

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