mercredi 19 mai 2010

Fin des opérations d’implantation de l’UPRDS au Tagant




Prévues le samedi 15 mai, la mise en place de la section de Tidjikja, l’élection du bureau fédéral et la désignation des délégués au congrès national ont accusé un léger retard, à cause, dit-on, des gens de la moughataa de Tichitt où une rude bataille opposait le député local, chef général des Chorfas, à ses adversaires de Lekhcheb. D’intenses négociations se sont déroulées, les vendredis et samedi, à Tidjikja où tous les anciens et nouveaux barons de l’UPR se retrouvaient, pour l’occasion. Comme à l’accoutumée, les pratiques héritées du défunt PRDS ont refait surface. On a noté des frictions à Nimlane, à Ghoudya, à Tichitt, à Moudjéria.

Mohamed Ould Abdi élu fédéral
Le choix porté par le parti d’Ould Abdel Aziz sur la personne de Mohamed Ould Abdi, ancien DG d’Air Mauritanie, est bien accueilli, au niveau du Tagant. Selon un cadre local, l’homme disposerait de réels atouts, pour imposer, en cas de divergences, un consensus entre les parties. Présent lors de tous les grands rendez-vous politiques de Tidjikja, Mohamed est resté très pondéré et modéré, malgré les nombreuses querelles de tendances qui ont marqué la vie politique tidjikjoise. Rappelons que, sous le PRDS défunt, le poste d’élu fédéral revenait, «traditionnellement», à Achram.

Tidjikja: opérations sans couacs
Contrairement à certaines communes où les querelles intestines ont repris de plus belle, à Tidjikdja, les opérations se sont déroulées, globalement, «sans couac, dans la limite de l’acceptable». Sur un électorat de 7000 personnes, plus de 4000 ont adhéré à l’UPR. Les leaders de la mouvance ont tenu, en dépit de leur majorité écrasante, à ménager toutes les susceptibilités fractionnelles, ethnique et tribales. Ce qui comptait, pour le groupe de Sidi Ould Didi et de Dy Ould Zein, c’était «l’élargissement des bases du parti et la représentation de toutes les composantes du groupe, dans les instances et les délégués des congrès, afin d’éviter des frustrations».


Moustapha Ould Didi hérite de la sous-section; Isselmou Ould Khaîri, de la section.
La sous-section échoit à Moustapha Ould Didi, élu (presque) à l’unanimité de la soixantaine d’unités de base constituant le collège électoral. Président de l’Association pour le Développement du Tagant (ADT) connue à Tidjikja, l’homme, dont le nom avait circulé, au siège du parti, comme potentiel fédéral, est issu de la mouvance qui a accompagné le mouvement de la rectification, à l’heure où Tidjikja était taxée d’être le bastion de l’opposition au putsch du 6 août 2008. Toujours présent lors des campagnes politiques à Tidjika, l’homme connaît la sociologie de la ville et sa mouvance dispose d’un réseau d’alliances solides.
Le même état d’esprit a prévalu pour la mise en place de la section, confiée à Isselmou Ould Khaîri, ancien commissaire de police. L’homme faisait partie de la commission des sages chargée d’arbitrer les conflits lors de l’implantation. Il aura, certainement, besoin de ses qualités de policier pour panser les plaies, ouvertes lors de cette implantation.


Rachid: l’inamovible Sid’Ahmed Ould Dié
A Rachid, c’est le maire de la commune de Wahaat, Sid’Ahmed Ould Dié, qui a été porté, à l’unanimité à la tête de la sous-section. Un poste qu’il occupait, déjà, au PRDS, depuis sa fondation. Ayant atterri, il y a quelques semaines, à l’UPR, Sid’Ahmed et les siens ont adhéré, massivement, au parti de Mohamed Ould Abdel Aziz. Connu pour son franc-parler, le maire qui avait, tôt, apporté son soutien au mouvement de la rectification, était resté, tout de même, PRDR, traînant, ensuite, les pieds, faute de répondant, côté pouvoir. C’est à la faveur de l’élection présidentielle de juillet dernier qu’il sera approché par un baron du mouvement. Selon nos informations, c’est grâce à son arbitrage que les partis de la commune de Nimlane, où il dispose d’une base solide, que les groupes politiques ont réalisé un consensus, dans la mise en place de leurs structures.


Nimlane: Alliance contre Ould Abdi
A l’instar des autres communes de la wilaya du Tagant, celle de Nimlalne a mis en place sa sous-section. A sa tête, Meimoune Ould Soumbara, directeur général-adjoint du Patrimoine de l’Etat. Le choix porté sur Ould Soumbara et la désignation des délégués, tant au congrès fédéral qu’à celui national, résultent d’un consensus entre les quatre groupes politiques qui se disputent la commune. «Chaque partie a été représentée suivant son poids politique», nous a expliqué un cadre de la commune, saluant le rôle déterminant de Sid’Ahmed Ould Dié, dans la conclusion de ce consensus.
Avant d’en arriver là, les opérations accusaient un gros retard, dû, essentiellement, aux blocages orchestrés par le groupe de Hamoud Ould Abdi, DG de l’ANAPEJ. Notre source nous a indiqué que le DG avait commencé à paralyser les choses, après avoir été mis en minorité, dans la première unité de base (108 personnes). Deux jours avant la fin du délai légal des opérations d’adhésion, on en était, toujours, au point-mort. Il aura fallu dix heures supplémentaires, le déplacement de Seniya Mint Sidi Heiba, secrétaire exécutive de l’UPR, et une dérogation spéciale, pour débloquer les opérations d’adhésion. D’ailleurs, la première unité reste, toujours, «gelée». Selon notre source, le groupe de Meimoune et celui des cadres ont raflé la majorité des 44 unités constituées.


Ghoudya: faible mobilisation
A Ghoudya, fief de Dah Ould Abdel Jelil, ancien baron du PRDS, la campagne d’implantation n’aurait pas suscité un grand engouement. Seuls quelques anciens militants de l’UFP auraient succombé aux sirènes de la rectification. «Notre jema’a n’a pas bougé d’un iota», nous a expliqué, par téléphone, un cadre local d’ADIL. Et d’ironiser: «les divergences que les cadres de l’UPR ont étalées, lors de la caravane de sensibilisation, organisée à la veille de leur campagne d’implantation, nous a rendu un grand service». Selon nos informations, la nouvelle mouvance de soutien à Mohamed Ould Abdel Aziz, bien qu’elle se soit beaucoup remuée, tant à Ghoudya qu’à Nouakchott, n’aurait pas réussi son challenge.


Tichitt: divergences entre le député et le sénateur
A Tichitt, de profondes divergences ont opposé le député de Tichitt, Bouyahmed Ould Chrif, chargé de l’implantation de l’UPR à Nouadhibou, et le jeune sénateur, Mohamed Lemine Ould B’Neijara. Ces deux parlementaires, alliés depuis les dernières élections législatives et sénatoriales, se livrent à une querelle de leadership dans le département. Après avoir fait main basse sur les unités de base et la sous-section, dans la commune, le député a jeté son dévolu sur la sous-section de Lekhcheb, fief du sénateur qui y dispose de la majorité. Devant ce blocage, le parti suggère, sous l’instigation du député, d’appliquer une circulaire édictant la proportionnelle. Refus des amis du sénateur qui exigent l’application de la circulaire au cas de Tichitt. Ils prennent contact avec la secrétaire exécutive du parti, dépêchée à Tidjikja pour l’occasion. A l’heure où nous mettons sous presse, le blocage demeure; on parle, même, d’affrontements qui auraient fait plusieurs blessés.
Dalay Lam


Point de vue
Mohamed’ Ahmed Ould Lemrabott, cadre à la BCM: «Le succès de la campagne est l’œuvre de tous les cadres du parti. »
Les opérations d’adhésion à l’UPR de Mohamed Ould Abdel Aziz ont été suivies, avec intérêt, à Tidjikja, capitale du Tagant. Les cadres qui soutiennent le pouvoir d’Aziz n’ont ménagé aucun effort pour changer la donne, en faisant adhérer le maximum de gens au parti du président Mohamed Ould Abdel Aziz. Un des cadres de ce parti, Mohamed Ahmed Ould Lemrabott, cadre de la BCM au chômage technique, depuis plus d’une année, s’est investi, en dépit des rudes conditions (chaleur, déplacements difficiles, etc.). Pour lui, Tidjikja est une ville connue pour son activisme politique et, comme partout ailleurs, elle compte des militants affiliés au parti au pouvoir et des militants qui lui sont opposés. Etayant son argumentaire, l’homme, très peu visible, lors des campagnes du défunt PRDS, mais actif et présent sur le terrain, depuis le mouvement de la rectification, avance l’engouement manifesté par les citoyens de Tidjikja qui ont adhéré, massivement, à l’UPR. «Pour cela», explique-t-il, «l’ensemble des cadres UPR de la ville se sont beaucoup battus. D’abord, ils ont organisé, avec les autres cadres du département, une caravane de sensibilisation dans la moughataa. Une occasion», poursuit le cadre de la BCM, «d’expliquer, non seulement, les enjeux politiques de la campagne mais, aussi, les ambitions du président de la République pour une Mauritanie nouvelle. […] En ville, la stratégie mise en place fut celle du porte-à-porte, des causeries familiales, des dîners-débats, etc. Vraiment, le succès de la campagne est l’œuvre de tous les cadres du parti».
A l’arrivée, conclut Ould Lemrabott, «une compétition saine et un résultat à la hauteur de nos espérances. Les instances ont été mises sur pied sans aucun problème, dans un climat marqué par le consensus général. Je saisis, d’ailleurs, l’occasion que m’offre le Calame pour féliciter tous les cadres de la wilaya élus à la tête des instances du parti ou désignés aux congrès, notamment Mohamed Ould Abdi, secrétaire fédéral, un homme connu pour son esprit d’ouverture et de consensus, sur lequel nous, cadres d’appui, fondons un grand espoir, pour mettre le parti sur de bons rails. Mes félicitations vont, aussi, au coordinateur régional, Diallo Daouda, et à son équipe, pour l’important travail qu’ils ont abattu, Senya Mint Sidi Haiba qui n’a ménagé aucun effort pour trouver des solutions aux problèmes posés au cours de l’implantation du parti au Tagant.» Reste à savoir ce que le parti fera pour reconquérir, en profondeur, le cœur des Tidjikjois dont les cadres demeurent très marginalisés, depuis le mouvement de la rectification.
DL

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