dimanche 9 novembre 2014

Caravane contre l’esclavage et le racisme sur les traces de nouveaux charniers à Boulé/Boghé

Caravane contre l’esclavage et le racisme sur les traces de nouveaux charniers à Boulé/Boghé [PhotoReportage] La caravane contre l’esclavage et le racisme organisée par plusieurs ONGs de la société civile (IRA, KAWTAL, COVIRE, COVICIM, GRAPOCIT, MAPROM, AMDH, Collectif des Veuves et REVE 89) a démarré à Boghé, le 7 novembre 2014 vers 11 H 30 par un sit-in devant la mairie et préfecture.

Les membres de la caravane ont déroulé de géantes banderoles où l’on pouvait lire « non à un paysan sans terre », « non à l’esclavage et au racisme » ou « notre terre, c’est notre vie ».
Ils ont scandé des slogans hostiles au régime en place dénonçant la persistance de l’injustice, de l’esclavage, du racisme, de l’exclusion des noirs dans la gestion du pouvoir, l’enrôlement discriminatoire, l’accaparement des terres des populations noires (Haratines et Négro-africains) par « une minorité de Beydanes » pour reprendre leurs propres expressions entre autres.

Ensuite, les responsables de la caravane, Djiby Sow président de Kawtal et Brahim O Bilal et Balla Touré de l’IRA qui ont eu une vive altercation avec le Hakem de Boghé, H’mada O Khattra dans son bureau ont rejoint le sit-in avant de s’adresser à une petite foule de curieux venue les écouter. Le plus virulent d’entre eux a été le vice président de l’IRA, Brahim O Bilal qui a dénoncé une « administration composée exclusivement de Beydanes à Boghé, du préfet en passant par le sous préfet, le commandant de Brigade, le chef des gardes, le capitaine de la marine locale, le commissaire de police, et j'en passe ».

Il est revenu sur les objectifs de cette caravane qui visent dit-il à sensibiliser les populations sur le racisme et l’esclavage pratiqués en Mauritanie. Une caravane qui prévoit de visiter de nombreuses localités de la vallée et se terminera par une grande marche à Rosso le 11 novembre.

Point de départ de cette marche, une dizaine de kilomètres de Rosso pour s’achever devant la Wilaya. Les marcheurs vont remettre au Wali du Trarza une lettre ouverte adressée au président de la république Mohamed O Abdel Aziz dans laquelle ce collectif d’ONGS lui demande de mettre fin au racisme et à l’esclavage en Mauritanie.

La caravane continue à destination de la petite localité de Boulé, un hameau situé au bord du fleuve habité par des éleveurs et des cultivateurs Peulhs. Les membres de la caravane accueillis par un groupe de notables dont certains sont venus des villages voisins (Bakaw, Lopel, N’Gorel et M’Bagnou) feront des découvertes macabres sur les lieux.

Les guides ont conduit les membres de la caravane à pied sur les lieux où se trouvent cachés les fosses communes, où d’ailleurs il ne reste que les ossements d’humains abattus par des militaires et des gardes lors des évènements de 1989. Elles sont plusieurs fosses communes dispersées ça et là dans la forêt, non loin du fleuve.

Hassane, un éleveur du village témoigne, non loin d’ici, là bas en pointant du doigt, lorsque les militaires ont libéré la forêt après les évènements de 1989, ils ont brûlés des cadavres humains pour effacer les traces de leurs exactions. Un autre nous invite à venir visiter la plus grande fosse commune qui compte plus d’une cinquantaine de personnes. Nous l’appelons ici « Dounel Maybé » en français « petite forêt des morts » indique Malal. Les journalistes de la presse privée ont pris des photos, des films et vont rendre compte.

Après le déjeuner, les membres de la caravane tiennent un conclave avec les habitants de Boulé. Des témoignages émouvants d’orphelins comme Bocar Daouda Guèye ou de parents de victimes comme Djiberi Banel M’Bodj sont exprimés. Le premier, membre actif de COVIRE n’a pas vu son père à sa naissance, l’adjudant de l’armée Daouda Guèye de Wouro Aly Guélel, tué pendant les évènements de 1989.

Le deuxième Djiberi Banel M’Bodj, ancien surveillant au lycée de Rosso, déporté au Sénégal a retracé l’histoire de ses deux filles dont l’une a été assassinée par des soldats Mauritaniens et l’autre a échappé miraculeusement dans la forêt de Thiénel. Le vieil homme fond en larmes et n’a pas fini son récit. D’autres ont fait des témoignages épouvantables sur les exactions commis contre les populations négro-africaines en 1989-1990.

Les membres de la caravane ont appelé les populations à s’organiser pour résister contre le pouvoir en place. Seule alternative existante pour mettre fin à l’injustice, l’impunité, le racisme et la domination contre les noirs, tonne Amadou Alpha Bâ, secrétaire général de Kawtal.

Pour le respect de ces âmes disparus sous l’arbitraire et la barbarie du régime de Maouiya O Sid’Ahmed Taya, nous avons opté pour la non publication des photos macabres en notre possession.

Malgré l’interdiction par les autorités administratives du sit-in et des autres activités inscrites au programme, les organisateurs ont maintenu leur agenda qu’ils ont d’ailleurs exécuté à la lettre.




Avec Cridem, comme si vous y étiez...


















Elfoutiyou 




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