dimanche 6 avril 2014

Interview - Entretien exclusif avec M. Sao Abdoulaye Samba, ancien maire de Niabina de 2007 à 2013.

  Sao Abdoulaye Samba est un administrateur des régies financières qui a exercé durant toute sa carrière administrative (du 10 juillet 1973 au 31 décembre 2008) au sein du Ministère des Finances. C’est un opérateur politique de premier plan dans le département de M’Bagne depuis la démocratisation du pays en 1991.

Il a fait partie des cadres qui ont marqué la vie politique dans le département de M’Bagne. Après la chute de Ould Taya, il a atterri au sein du RFD d’Ahmed O Daddah en 2006. C’est sous les couleurs de ce parti qu’il sera élu maire de Niabina une année plus tard.

Après un bref passage au sein du MPR, le financier rejoint l’UDP en 2009. Il a ainsi accédé à la tête de la commune de Niabina en 2007 et a exercé la fonction de maire jusqu’en 2013.

Monsieur Sao Abdoulaye, vous êtes banquier de profession et vous avez dirigé la mairie de Niabina pendant 7 ans. Vous êtes crédité d’un bon bilan mais malgré les nombreuses réalisations que vous avez accomplies durant votre mandat, vous n’avez pas été réélu lors des élections municipales et législatives de l’année 2013 alors que vous étiez favori. Comment expliquez-vous cette défaite de l’UDP ?

Monsieur Sao Abdoulaye : Je vous remercie en premier lieu de m’avoir accordé cette interview. Comme vous l’avez bien dit plus haut, comparativement aux maries précédentes j’estime avoir rempli ma mission dans la mesure où des réalisations ont été accomplies sur le plan juridictionnel, organisationnel et matériel (investissement).

Le jour de l’accession à la magistrature de la mairie j’ai hérité une commune inexistante sur tous les plans d’ailleurs que j’ai qualifié de commune sans mémoire avec votre journal quotidien 770 du 16 juin 2011. Durant le mandat test 2007-2013, je peux dire que la commune de Niabina a passé de la commune sans mémoire à la commune en pleine mutation.

Je rappelle que les premières réunions du Conseil Municipal de 2007 à juin 2008 se tenaient dans le domicile privé notamment chez Sy Saidou Harouna, adjoint au maire. Mais grâce à la volonté conjuguée des conseillers municipaux, nous avons construit un hôtel de ville à Garalol, entièrement équipé et fonctionnel depuis juin 2008. Aujourd’hui, le maire en exercice peut s’estimer heureux d’avoir hérité un hôtel de ville fonctionnel qui n’a rien à envier aux autres contrairement à notre prise de service en 2007.

Les investissements physiques ont été réalisés grâce aux moyens propres de la commune mais aussi des partenaires au développement de l’intérieur (Etat, ONG), comme ceux de l’extérieur (Coopération internationale) notamment l’Association ‘’Formacion y Vida’’ de Logroño en Espagne.

Les réalisations pendant la durée du mandat ont concerné notamment :

• 7 puits au bénéfice des localités de : Mourtogal Gare, Ali Baidy, N’Diawaldi Sinkétébé, Gourel Malal, Thiodji N’Goully, Lilya, Thienguélel,

• 8 salles de classes entièrement équipées en table-bancs au bénéfice de : Niabina, M’Bahé, N’Diawaldi Boully, Miftah El Kheir, Thilla, M’Botto, Sorimalé

• Une ambulance et un minibus pour le transport des élèves acquis en 2009 grâce à nos partenaires espagnols ci-haut indiqués.

• Des quantités importantes de médicaments et de matériel médical offerts par nos partenaires espagnols ont fait l’objet de distribution entre les centres médicaux de Niabina, Garalol, M’Botto, Sorimalé et M’Bahé

• Distribution annuelle de grillage au bénéfice de toutes les coopératives villageoise et féminines pour la promotion des jardins maraichers

• L’existence du projet PDAI-PRSA que j’ai pu obtenir auprès des autorités compétences pour une enveloppe financière de 4 millions de dollars US pour assurer la sécurité alimentaire au niveau de la commune.

A cet effet, le conseil municipal a été convoqué en session extraordinaire le 21/08/2010 à Garalol, chef lieu de la commune en présence du Hakem de M’Bagne de l’époque et du Coordinateur du Projet nommé à ce poste en vue de débattre et d’arrêter les actions dévolues au dit projet à savoir :

- La plateforme à Garalol regroupant plusieurs infrastructures et services de base destiné à appuyer les paysans et éleveurs (banque de céréales, atelier de maintenance, centre de formation, magasin de vente de matériel, service de décorticage de riz padi) pour un financement de 182.075.156 Ouguiyas.

- Mise en place d’une unité d’engins agricoles comprenant 3 tracteurs permettant de labourer les champs à des prix réduits

- La réhabilitation du périmètre irrigué de Sorimalé de 44 ha au bénéfice de 44 familles exploitables pour 2 campagnes par an.

- La réalisation de 3 centres vétérinaires (Niabina, N’Diawaldi Mango et M’Botto), composé chacun d’un parc de vaccination, d’une pharmacie vétérinaire et d’une clinique vétérinaire.

- L’achat de 10 moulins à mil au bénéfice des femmes des villages de Niabina, M’Botto, M’Bahé, Sorimalé, Thilla, Lilya et Ali Baidy et d’un moulin central logé dans la plateforme à Garalol

- Clôture des champs de diéri pendant les périodes de culture sous pluies, c'est-à-dire pendant l’hivernage en faveur des cultivateurs de diéri des villages des Niabina, N’Dialwadi Mango, M’Bahé, M’Botto, Garalol, Thilla, Miftah El Kheir, N’Diawaldi Boully et N’Diawaldi Senkétébé.

• La création d’un collège à Niabina suivant décision du Conseil des Ministres du jeudi 29/09/2011.

• La clôture du terrain abritant la Maison des Jeunes de Niabina en 2013

D’ailleurs, je profite de l’occasion pour vous renvoyer à la brochure que j’ai publiée en 2012 et actualisé en 2013 portant sur les réalisations pendant le mandat que j’ai intitulé : « Mandat-test 2007-2011, Bilan et Perspectives ».

C’est pourquoi, je profite de l’occasion pour remercier vivement :

- Les conseillers municipaux du mandat 2007-2013 unis comme un seul homme et qui ont apporté leur part de contribution à l’édification de notre commune.

- Les partenaires au développement tant nationaux (Etat, ONG) et étrangers (Coopération espagnole)

Effectivement comme vous l’avez bien dit, ma défaite, la défaite de l’UDP au sein de la commune a été une grande surprise pour la plupart des acteurs politiques de la moughataa en général et de la commune en particulier. Cette défaite est due essentiellement à des considérations subjectives et spécifiques liées à l’existence même des réalités locales qui sont nombreuses, et variées.

L’utilisation des fonds du projet PDAI-PRSA par le Coordinateur du projet qui est en même tant coordinateur de l’UPR de la moughataa de M’bagne pour les élections municipales et législatives de 2013 en faveur des candidats de son parti et notamment pour le candidat maire de la commune de Niabina dont il est le directeur de campagne principal.

La commune de Niabina est la plus grande commune de la moughataa de M’Bagne sur le plan géographique (étendue) et démographique (population). A cette occasion, elle compte 18 localités alors que les autres communes n’en comptent que 6 ou 7 localités, situées sur la même bande ne dépassant pas 8 à 9 kilomètres.

Par ailleurs, je rappelle que la commune de Niabina a été créée à l’instar des autres communes rurales de la moughataa de M’Bagne (Bagodine, Hijaj) suivant le décret N° 88192 du 06/12/1988, pris en conseil des ministres. Ce décret a déterminé les dénominations, les sièges et les limites territoriales de celles-ci. C’est ainsi que la commune de Niabina ayant pour siège Garalol est née contrairement à ce que certains avancent, peut être par méconnaissance, à savoir la commune de Niabina- Garalol.

Je rappelle que depuis la création de la commune en 1988, c’est la première fois que le natif de la capitale communale (Garalol) accède à la tête de la commune en la personne de Mr Dia Mamadou Abdoulaye dit Bayla Dia, alors que Niabina a fourni 3 maires : le 1er maire Ba Abou Oumar, réélu une fois (1988-1992), Ba Hamadi Essoum, décédé au cours du mandat (1997), Sao Abdoulaye Samba (2007-2013).

Les autres maires sont issus de :

- M’Botto : Mangane Sidi Moye (1992-1997),
- N’Diawaldi Boully : Ba Demba Hamet complétant le mandat de Ba Hamadi Essoum (1997-2001),
- M’Bahé : Aliou Ba (2001-2006),

Le découpage administratif de la commune engendre, parfois pour des raisons très subjectives, des rivalités qui ne devraient pas exister, entre les localités principalement de Garalol et de Niabina du fait d’une situation anachronique que la commune porte le nom de Niabina et que le siège est Garalol.

Je pense, que compte tenu de l’étendue et de l’anachronisme du nom et du chef lieu de la commune, il saurait souhaitable et pour un règlement définitif des litiges locaux de scinder la commune en deux : la commune de Niabina, chef lieu Niabina et la commune de Garalol, chef lieu Garalol avec chacune, des localités qui lui seront rattachées, ceci en conformité avec la dénomination et les sièges des autres communes de la moughataa en particulier et du pays en général.

En outre l’alternance démocratique est souhaitable par toutes les démocraties du monde, donc les fils de chaque terroir ont droit à l’accession de la magistrature de leur commune. Egalement en tant que musulman, croyant et pratiquant, je fais foi à la volonté d’Allah, par son décret divin, avait prévu la passation de service de maire entre Sao Abdoulaye Samba et Mamadou Abdoulaye Dia à la date précise.

A cette occasion, je souhaite, au nouveau maire, une bonne chance et plein succès aux nombreuses activités qu’il entreprendra.

Le Terroir/N’Guenndi : Allez-vous mettre fin à votre carrière politique, sinon que comptez-vous faire maintenant ?

Sao Abdoulaye Samba : je ne peux dire que je mets fin à ma carrière politique après cette défaite car la vie est en perpétuel mouvement en dents de scie, couronnée d’échecs et de succès.

Mao Tsé Toung ne disait-il pas, dans son livre rouge intitulé citations du Président Mao, face à l’impérialisme et au féodalisme : « lutte, échec ; nouvelle lutte, nouvel échec et ce jusqu’à la victoire finale ».

Cependant, à l’heure actuelle je vais prendre du recul par rapport à tout ce fardeau que constituait la gestion de la commune, donc le vécu quotidien des citoyens de la commune, m’occuper des affaires personnelles, méditer sur les actions présentes et futures.

Le Terroir/N’Guenndi : Votre dernier mot à l’endroit des lecteurs

Sao Abdoulaye Samba : Je remercie une fois de plus votre journal qui m’a permis de vulgariser partiellement les réalisations pendant mon mandat 2007-2013 et les lecteurs partenaires comme adversaires de cet article.

Je demande aussi à tous les lecteurs, acteurs politiques ou non (hommes, femmes, jeunes et vieux) de combattre pour l’avènement d’une démocratie débarrassée de tout comportement subjectif, animée de l’objectivité de la compétence, de l’honnêteté en vue de promouvoir un développement harmonieux de nos différentes localités.

Le Terroir/N’Guenndi

Propos recueillis par JD




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