Source : Le Terroir (Mauritanie)
jeudi 29 août 2013
Portrait de Amadou Mamadou Sow alias Bocar Haby, guérisseur de Sarandogou
Modeste et effacé, nous l’avons trouvé couché sur une natte entourés des membres de sa famille. A la question de savoir si le vieux est polygame, c’est son beau frère, Oumar N’ Gaîdé qui répond en le taquinant, « celui-là est signataire de la charte de la monogamie ».
Le visage ridé, la taille courte, Bocar Haby comme le surnomme les M’Boneois et M’Boneoises est un septuagénaire père de 9 enfants dont trois filles qui vivent avec lui dans la maison familiale. Ce cultivateur qui pratique aussi l’élevage possède des dons dans la guérison des douleurs rhumatismales, les douleurs articulaires. Ce qu’on appelle couramment en langue pulaar « Daawdé ».
Ce vieil homme qui a l’ère fatigué soigne les douleurs rhumatismales, maladie qui aujourd’hui frappe beaucoup de personnes allant jusqu’à rendre infirmes certaines d’entre elles. Moi, dit-il « j’ai hérité ce savoir faire de mes ancêtres» lorsque nous l’avons rencontré dans sa vaste cour familial sous l’ombre d’un arbre.
Le guérisseur Bocar Haby se déplace à l’aide de ses deux béquilles, c’est donc un handicapé physique qui excelle dans l’art de guérir les rhumatismes. Les patients souffrant de douleurs rhumatismales qui viennent le voir à Sarandogou, sont logés et nourris à ses propres frais jusqu’à leur guérison. Et c’est seulement après la guérison que la personne est obligée de verser au guérisseur la somme de 13 000 Um ou une chèvre qui coûte l’équivalent en espèce.
Le patient qui débarque chez lui, est d’abord soumis à une séance d’observation qu’il effectue lui-même pour prédire s’il peut le guérir ou pas. Et c’est à la lumière des résultats de cette consultation facturée 200 Um que le guérisseur prend la décision d’interner le malade ou de l’orienter ailleurs, vers la médecine moderne.
Les malades viennent de contrées lointaines de la Mauritanie, du Sénégal, du Mali pour se soigner. Parfois, des patients sont emmenés enveloppé dans des couvertures et qui ne bougent pas. Mais au bout de quelques mois, ils reprennent forme et commencent à marcher et à faire usage de leurs membres.
On peut citer le cas de Mamoudou Baîdy Diallo, Imam adjoint de la mosquée de Boghé Dow, Samba Hamma Wagne entre autres. Le septuagénaire n’accepte jamais d’empocher l’argent si son patient n’est pas guérit.
Sarandogou, ce gros village, naguère «quartier latin de Boghé», est devenu ces dernières années avec la recrudescence des maladies rhumatismales, la destination des malades qui souffrent de cette pathologie. Et pour avoir la chance, de guérir auprès de Bocar Haby, le patient ne doit pas consulter la médecine moderne. Et le traitement que le guérisseur de Sarandogou offre aux malades souffrant de rhumatisme, est fait à base de mil mélangé avec d’autres propriétés.
Le massage aussi accompagné d’incantations du guérisseur ont fait du bien déjà à de nombreuses personnes qui voient en lui un sauveur. C’est le sentiment qui anime Fama Fall et Dieynaba, des patientes qu’on rencontrées sur place.
Le guérisseur de Sarandogou n’a jamais obtenu une quelconque subvention provenant d’une institution de l’Etat ou d’un organisme privé malgré le nombre grandissant de personnes qu’il entretien chez lui. Son savoir faire, ses pouvoirs mystiques, il les a transmis pour l’instant à ses fils, Tahirou Sow (instituteur de formation) et ses frères. Mais sa fille Ramata Amadou Sow et ses autres sœurs doivent encore patienter rappelle le guérisseur.
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